Bazaar Tome 0 Bazaar - Intégrale

Quel est cette étrange boutique qui vient d’ouvrir dans cette petite ville du Maine? Baptisée « Le bazar des rêves », elle vend un peu de tout: des cartes de baseball à collectionner, un authentique morceau de bois provenant de l’arche de Noé, des cannes à pêche, des vases. Ce qui est sûr, c’est que le commerçant de cet étrange bazar est persuasif. Personne ne ressort les mains vides de sa boutique. Les transactions qu’il propose sont d’ailleurs mystérieuses. Que diriez-vous d’acquérir l’objet de vos rêves en échange d’un tour bien innocent?

Quel plaisir de retrouver Stephen King à travers cette gentille petite brique dont je n’ai pas vu les pages défiler malgré tout! Partant d’une intrigue simple, l’auteur parvient à mener son histoire tambour battant, en laissant monter le suspens au fil des pages. Les petits tours innocents qu’il demande à ses acheteurs de jouer à d’autres habitants de la ville vont bientôt exacerber les rancœurs, les jalousies. La violence et le chaos vont peu à peu s’installer. Ce jeu de dominos cruel va mettre le feu aux poudres et faire imploser la ville entière.

J’ai adoré aussi bien le personnage du méchant, Leland Gaunt, machiavélique et effrayant à souhait, que la figure du « gentil » à travers le shérif. On pourrait reprocher un manichéisme trop simple mais ce n’est qu’une façade en réalité. Gaunt prend d’ailleurs les allures d’un Faust moderne. Cette fièvre du consumérisme vient dénoncer un fléau occidental bien connu des Américains: cette volonté de posséder, de désirer toujours plus. La fable se révèle bien cruelle.

On peut reprocher certaines digressions à King mais elles font partie de son style et permettent de construire un univers intéressant et solide. Il malmène sans cesse ses personnages, faisant ressortir leurs défauts, leurs failles les plus viles et les enfants eux-mêmes ne sont pas épargnés. C’est assez jouissif en tout cas de voir ces pauvres créatures se battre pour pas grand-chose.

« Bazaar » est assurément un excellent roman, critiquant le consumériste sans borne américain. Et c’est toujours d’actualité!