L'été circulaire
  • Date de parution 03/04/2019
  • Nombre de pages 256
  • Poids de l’article 150 gr
  • ISBN-13 9782253259770
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Thriller Romans noirs France

L'été circulaire

3.75 / 5 (808 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Une petite ville du Midi, ses lotissements, son quotidien morne et ses interminables jours d’été. Jo et Céline, deux sœurs de quinze et seize ans, errent entre fêtes foraines, centres commerciaux et descentes nocturnes dans les piscines des villas cossues de la région. Trop jeunes encore pour renoncer à leurs rêves et suivre le chemin des parents qui triment pour payer les traites de leur pavillon.Mais quand Céline tombe enceinte, c’est le cataclysme. Comme elle refuse de livrer le nom de son amant, la rage du père se libère, sourde et violente, tandis que la jeune sœur tente de s’extraire du carcan familial et que la mère assiste, impuissante, au délitement de sa famille. Jusqu’à l’irréparable.L’Été circulaire frappe par sa maîtrise du rythme et des atmosphères, la finesse de son œil et la puissance de son écriture, âpre, physique, intense.  Michel Abescat, Télérama.Un polar tendu et efficace, raconté avec une acuité glaçante. N. P., Le Canard enchaîné.On referme ce livre bouleversé et conquis. Sylvia Zappi, Le Monde.Marion Brunet a la capacité d’incarner l’adolescence comme on en lit rarement. Benoît Minville, Fnac La Défense.

livré en 5 jours

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  • Date de parution 03/04/2019
  • Nombre de pages 256
  • Poids de l’article 150 gr
  • ISBN-13 9782253259770
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Un été presque ordinaire

« Les filles avaient des atouts, comme au tarot, et on aurait pu croire que si elles jouaient les bonnes cartes au moment adéquat, il y avait moyen de gagner la partie. Mais aucune d’elles – ni Jo ni sa sœur Céline – n’ont jamais gagné aucune partie. »

Voilà un formidable roman construit comme une tragédie grecque, à la fois formidable analyse de l’âme humaine et thriller implacable. Marian Brunet réussit dès les premières pages, avec une scène-choc, à ferrer son lecteur. Dès lors, il ne lâchera plus cette histoire. Nous sommes près de Cavaillon dans un modeste pavillon où vivent Johanna, dite Jo (15 ans) et sa sœur Céline (16 ans) avec un père maçon et une mère au foyer. Quand Céline annonce qu’elle est enceinte, son père la gifle violemment. D’emblée on comprend que la violence est ici comme une seconde nature, que le bon a choisi de céder la place à la brute et au truand. « Chez eux, se souvient Johanna, une main au cul c’était un truc sympa, une façon d’apprécier la chose, de dire « t’as de l’avenir » – à mi-chemin entre une caresse et une tape sur la croupe d’une jument. »

Ici on tente de suivre des études tout en se disant qu’elles sont faites pour les autres, on attend les estivants pour partager avec eux les vacances faute de pouvoir rêver d’autres horizons. Le passe-temps favori, outre boire et fumer, ce sont les bals qui animent les soirées estivales. On y retrouve les voisins, les collègues et on y fait quelquefois des rencontres. « Céline a toujours aimé ça, reine de la fête, adulée des garçons – toutes bandes confondues. Même quand elle était plus jeune, il y avait des coins d’ombre où se laisser glisser contre le corps d’un petit ami, jouer à ne pas aller plus loin mais s’arrêter tout au bord. Eux rêvaient de ses doigts aux ongles roses sur leur petit pénis dressé; elle serrait amoureusement de grosses peluches gagnées à la carabine en espérant des mots d’amour. Et s’il fallait se laisser tâter maladroitement les seins pour obtenir de pauvres Je t’aime balbutiants et autres dérivés sans imagination, elle était prête. » Et voilà comment la jeune fille s’est retrouvée enceinte. Et voilà pourquoi son père n’envisage qu’une solution : qu’elle dise qui est le père et qu’elle l’épouse. Sauf que Céline ne veut rien dire, faisant ainsi monter la tension et laisser fleurir les hypothèses.

Car il faut laver l’affront, trouver le responsable, le faire avouer. Toutes les fréquentations de Céline sont passées au crible. Jo est questionnée et voudrait bien pouvoir aider son père, mais « la vérité, c’est qu’elle n’en sait vraiment rien, de qui a mis sa sœur enceinte. En faisant le compte à rebours, trois mois en arrière, elle voit pas. Difficile de savoir, avec sa sœur. Du temps a passé, depuis les tripotages derrière les autos-tamponneuses. Elle est belle, Céline, mais faut pas croire que pour certains, elle est autre chose qu’une pute. »

La colère du père ne va cesser de grandir et, se mêlant d’effluves racistes, va se diriger contre un jeune d’origine maghrébine, cible idéale pour asseoir son besoin de vengeance. Il y a du Dupont-Lajoie dans cet homme-là.

Et à mesure que l’été avance, que la chaleur écrase le Lubéron, que l’on s’amuse en allant plonger dans les piscines des maisons encore inoccupées où en s’incrustant dans les fêtes des nantis, le drame va se nouer.

La chronique sociale se transforme alors brutalement en une tragédie aux rebondissements multiples que Marion Brunet orchestre avec maestria. Voilà sans aucun doute l’un des livres à emporter avec vous pour les vacances!

Le pitch

Une petite ville du Lubéron. Deux soeurs de 15 et 16 ans, livrées à elles-mêmes, zonent entre fêtes foraines et villas inoccupées. Un père, alcoolique et violent, que la pauvreté humilie et rend fou. Une mère agressivement indifférente à tout. Et le drame qui plane, inéluctable.


Pourquoi je vous le conseille ?

Pour cette atmosphère tendue, lourde, entre ombres et lumières. Pour la moiteur des corps et la sensualité. Pour la fatigue et la rage de vivre intimement liées. Pour ces destins englués, ces paumés que rien ne semble pouvoir sortir de leur condition. Parce qu’on découvre l’envers du décor et la réalité subtilement politique de ces banlieues ni riches ni pauvres, juste creuses. Pour le style âpre, physique et intense de Marion Brunet. Pour le racisme ordinaire, les petits trafics, l’éternel cycle de la violence et de la pauvreté. Un été circulaire on vous dit.

LA VOIX DES « PETITS BLANCS ». Une vision désenchantée d’un Lubéron qui se pose loin des clichés de cartes postales. Avec ses banlieues pavillonnaires médiocres, ses petits trafics et ses grandes misères. On y voit des parents qui ont perdu leurs illusions, mariés trop jeunes, muris trop vite et qui qui s’éreintent dans des petits boulots destinés à payer les traites de la maison. Pas bien glamour comme vie, et plutôt désespérant comme avenir. Peut-on espérer un futur plus radieux pour nos enfants ?

 DEUX SOEURS DANS LA TOURMENTE. La relation de Jo et Céline interroge sur ce qui rend ce lien fraternel unique. Si opposées et pourtant inséparables. La belle plante poussée trop vite qui ne sait pas dire non aux garçons. Et la cadette, toujours en colère et qui veille au grain. La seule qui pourrait échapper à toute cette misère qui se transmet de génération en génération ? Car décidément, ni l’une ni l’autre n’a envie de rater sa vie comme ces loosers de parents.

UNE ATMOSPHÈRE DE DRAME. La colère gronde, la tension monte progressivement, et le drame survient. On savait qu’il allait frapper, on se demandait seulement quand, où et sur qui. La force du récit réside dans cette brutalité qui affleure, cette violence sans concession qui apparaît comme une conséquence logique de cette indigence économique et sociale. Un monde sans avenir puisque qu’on reproduit toujours les mêmes erreurs, quoiqu’on en dise, quoiqu’on en veuille.


Je garde un très bon souvenir de L’Isle-sur-la-Sorgue, visité il y a maintenant quelques années à l’occasion d’un séjour dans le Luberon : un joli village que les berges ombragées de sa verte rivière dotaient d’une atmosphère paisible et bucolique… Le roman de Marion Brunet a d’abord provoqué ma consternation en m’apprenant que d’ombre sur les berges il n’y a plus, leurs platanes centenaires, atteints d’une maladie végétale, ayant été coupés à la racine. Quant au caractère paisible de la bourgade… je l’ai vite relégué aux oubliettes.

Il faut dire que la scène qui ouvre le récit donne le ton d’emblée. Les parents de Céline, 16 ans, viennent d’apprendre qu’elle est enceinte. Le père, Manuel, est fou de rage. Ah ! il en était fier comme d’une génisse, de sa gosse à la beauté déjà épanouie, et il sait bien qu’à son âge aujourd’hui on n’est plus vierge, faut pas qu’il s’étonne. Mais de là à l’imaginer "les jambes écartées sous le poids d’un connard"… Manquerait plus que ce soit un arabe, par-dessus le marché ! La mère, elle, affiche un mépris indifférent envers cette gamine qui n’a finalement fait que suivre son exemple, à une exception près, mais elle de taille : inutile de compter sur le père, dont l’adolescente s’entête mordicus à taire l’identité, pour laver l’honneur de la donzelle en la menant à l’autel.

La principale intéressée oppose aux diatribes parentales et aux coups du père un stoïcisme buté qui laisse supposer une certaine habitude. C’est vrai qu’elle est belle, Céline, dans le genre femme avant l’heure, et elle en a bien conscience, elle dont "la capacité attractive est inversement proportionnelle à son champ de vision", qui s’imagine qu’user de ses charmes pour susciter le regard appréciateur des hommes est un moyen de s’assurer un bel avenir.

Sa cadette d’un an, Jo, est solidaire, même si elle ne trouve pas très malin de s’être fait engrosser. Il faut dire qu’elle est différente, Jo. Moins belle que sa sœur, quoique… disons que son charme n’est pas de ceux qui font tourner les têtes des hommes. Mais c’est surtout qu’elle est bizarre, et pas seulement parce que ses yeux vairons lui donnent un drôle de regard. C’est une gamine silencieuse, discrète, mais futée et téméraire, dont l’étrangeté est aussi son atout, car c’est ce qui lui permet de se tourner vers l’ailleurs, d’imaginer des perspectives autres que cet environnement sclérosé, cet avenir bradé et sans surprise auxquels ses semblables se sont déjà, sans même y penser, résignés. En attendant de se faire la malle, par une inversion des rôles qu’induisent leurs personnalités respectives, Jo protège sa grande sœur. 

Pour les autres, l’horizon se cantonne à ce qu'ils voient, l’existence comme bloquée sur repeat, à l’instar du morceau de variété électro qui accompagne les circonvolutions du manège qui s’installe chaque été au village. Les vies sont faites de renoncements que l’on refuse d’admettre, à se fondre dans le moule du banal et d’un conformisme tacite qui range chacun bien à sa place : les hommes collés au comptoir, les femmes à l’évier, tout ce qui sort de l’ordinaire est commenté, décortiqué, le rejet de tout ce qui est différent fédère. La peur de l’autre se transmet de génération en génération à coups de certitudes haineuses et imbéciles. Travail ingrat, manque d’argent, petites humiliations et frustrations du quotidien s’additionnent pour mener au point de bascule que les protagonistes n’ont pas vu venir mais que le lecteur, instruit par la dimension oppressante que l’auteure a su donner aux bourdonnements de l’air épais, aux silences et aux incompréhensions, devine inéluctable.

L’écriture claque, se fait au besoin vulgaire et brutale. Une réussite.


Plusieurs blogs en ont parlé en bien. Je me suis plongé moi aussi dans L’été circulaire de Marion Brunet.


Johanna et Céline. Deux adolescente, filles de prolos à Cavaillon. Pas loin d’Avignon et de Gordes, et pourtant un autre monde. Un père maçon, fils de réfugié espagnol, une mère fille d’agriculteurs, qui travaille comme aide à l’école maternelle. Aucun avenir en vue, si ce n’est continuer, comme leurs parents, à gagner de quoi survivre.

Cet été Céline, 16 ans annonce qu’elle est enceinte et refuse de dire qui est le père. Céline, tellement belle que ses parents espéraient pour elle un avenir resplendissant, et qui refait les mêmes « erreurs » que sa mère.

Alors forcément, la rage, la frustration, le désespoir vont faire sauter la cocotte minute. Et c’est celui qui est un peu différent qui va morfler, même s’il n’a rien à voir avec tout ça.

J’ai pensé tout de suite au superbe D’acier de Silvia Savalonne. On retrouve ici deux adolescentes, la chaleur, l’été, le milieu populaire, les rêves qui vont se fracasser. Ensuite le traitement et les contextes sont différents mais on retrouve la même empathie, la même tendresse sans jugement de l’auteur pour ses personnages.

Elle montre une classe populaire de plus en plus mise à l’écart, dont la rage est alimentée par le contact quotidien avec les « touristes » qui viennent habiter les luxueuses villas et les emploient pour construire leurs piscines. Une classe populaire qui alimente sa colère à coups de pastis, avant de la passer sur les Saïd du coin.

Une rage d’autant plus grande que la fille ainée qui, dans leur imaginaire, aurait pu s’en sortir grâce à sa beauté se retrouve piégée par une grossesse alors qu’elle va encore au lycée.

Tout cela le lecteur le ressent dans ses trippes. Et c’est comme ça que, sans grand discours ni analyse savante, Marion Brunet écrit un roman éminemment politique, mais également humain, sensible et touchant. Une belle découverte.

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