Avant la longue flamme rouge
  • Date de parution 18/08/2021
  • Nombre de pages 352
  • Poids de l’article 222 gr
  • ISBN-13 9782290239940
  • Editeur J'AI LU
  • Format 178 x 112 mm
  • Edition Livre de poche
famille Romans français Solitude

Avant la longue flamme rouge

4.23 / 5 (246 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

1971 : le Cambodge est à feu et à sang. Saravouth a onze ans, sa petite soeur Dara en a neuf. Leur mère enseigne la littérature au lycée français et leur père travaille à la chambre d'agriculture. Dans Phnom Penh assiégée, pour oublier la terreur instaurée par l'armée, le jeune garçon s'est construit un Royaume Intérieur : un pays imaginaire dont il dessine les contours au gré de ses lectures, accompagné par les héros de L'Illiade et de Peter Pan.Mais un jour, la guerre frappe à sa porte et les fondations du Royaume vacillent. Séparé de ses parents et de sa soeur, réfugié dans la forêt sur les rives du Tonlé Sap, Saravouth devra survivre dans un pays en plein chaos, animé par une volonté farouche de retrouver sa famille et par un courage bouleversant.

livré en 5 jours

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  • Date de parution 18/08/2021
  • Nombre de pages 352
  • Poids de l’article 222 gr
  • ISBN-13 9782290239940
  • Editeur J'AI LU
  • Format 178 x 112 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

« Il essaye de courir en poussant sa famille devant lui, mais un hurlement ouvre le ciel et une mitraillette frappe des millions de coups de hache partout en même temps. Dans le Royaume, il y a des vrombissements lointains. « 

1971 : le Cambodge est à feu et à sang. Saravouth a onze ans. Sa petite soeur Dara en a neuf. Leur mère enseigne la littérature au lycée français. Leur père travaille à la chambre d’agriculture. Dans Phnom Penh assiégée, le garçon s’est construit un pays imaginaire : le « Royaume Intérieur ». Mais un jour, la guerre frappe à sa porte. Les fondations du Royaume vacillent. Séparé de ses parents et de sa soeur, réfugié dans la forêt sur les rives du Tonlé Sap, Saravouth devra survivre dans un pays en plein chaos, animé par une volonté farouche de retrouver sa famille.

Ma lecture

Et bien voilà un roman inspiré par une histoire vraie qui ne peut laisser indifférent….. C’était il n’y a pas si longtemps, 1971, le Cambodge est en pleine guerre et au milieu de celle-ci il y a des familles. Guillaume Sire retrace l’incroyable épopée d’un garçon de 11 ans, Saravouth, fils d’une mère française, professeur, qui lui donnera le goût des livres, de la littérature, à lui et sa sœur, Dara, de deux ans sa cadette, sa complice de jeux et d’histoires. Elle lui montrera tout ce que peut lui apporter les livres, un trésor dans lequel il va pouvoir puiser sans cesse. Son père travaille au Ministère de l’Agriculture et règle les litiges des paysans…. Mais il y a des litiges qui se règlent autrement que dans des formulaires, ils se règlent dans le sang et les larmes et Saravouth va en connaître le prix.

Il va se trouver séparer de ses parents et sa sœur et se lancer dans une quête sur plusieurs années à leur recherche à travers un pays dévasté. Jamais il n’abandonnera, jamais il renoncera car il possède une force : son Royaume Intérieur, qui le pousse malgré les blessures, les traumatismes, les faux espoirs, a toujours avancer, a toujours espérer. Et dans son royaume il pêche, il lance des ficelles comme on lance des bouteilles à la mer, pour attraper les mots, les personnages qui l’aideront à surmonter les épreuves.

C’est un récit poignant parce que le reflet de tant de vies oubliées, anéanties, torturées et que l’auteur se fait simplement le porte-parole de Saravouth qui lui-même est le témoin d’un génocide. Il se glisse dans son corps, dans sa tête et parcourt avec lui le pays ravagé. Sa plume se fond dans la voix du garçon et dans le décor pour restituer à la fois la beauté de la nature mais aussi toute l’horreur quand celle-ci se fait le théâtre des combats :

Sur les rives, la forêt se déboucle, ensanglantée, calcinée. Cette forêt qui l’a nourri à la tétine de ses arbres, il la reconnaît à peine. Palmiers en feu. Vastes étendues de terre brûlée. Les rares troncs à tenir debout semblent montrer leurs plaies à Dieu en répétant : « Pourquoi ? Pourquoi ? » (p173)

Guillaume Sire découpe le roman en trois parties que l’on pourrait résumer en : Avant : le bonheur, l’Errance et la fin des espoirs. La famille Inn, celle de Saravouth, vivait heureuse à Phnom Penh, était unie malgré parfois les regards et les mots sans complaisance envers leur métissage et leur religion. Mais il y avait tant d’amour au sein du foyer, que tout le reste était balayé. Et puis il y avait le refuge dans l’Illiade, l’Odyssée, Peter Pan, ses aventures héroïques, ses sources inépuisables dans lesquelles il viendra s’abreuver.

Comme dans toute guerre, il y a des bourreaux et pour Savarouth le sien porte un costume bleu, il y a ceux qui en tirent bénéfice, il y a ceux qui porteront aide et qui iront jusqu’au sacrifice de leurs vies au nom des enfants recueillis, des règlements de compte mais aussi des petits bouts d’hommes, comme Saravouth, doté d’une volonté farouche de vie et d’espoir..

Ils vivent là, comme de si rien n’était, dans les canapés, ventripotents, à fumer des cigares cubains et à boire des whiskys au goût de terre d’Ecosse pendant que le pays s’effondre, comme un mendiant à leur porte, et que des chiens lèchent ses ulcères.(p230)

Guillaume Sire arrive à en faire un récit à la fois sombre et lumineux, tendre et violent, un chant d’amour, de courage, d »espoir et comme il nous l’enjoint à la fin de son livre, je suis allée voir Saravouth joué aux échecs, sa tête pleine de sombres images mais aussi d’éclats de fer comme les traces d’un passé qui ne peut s’effacer. Je vous le partage ici :

J’avais découvert Guillaume Sire avec Réelle sur le thème de la télé-réalité, sujet qui ne m’avait pas passionné en lui-même, mais le changement de registre m’a montré sa faculté à s’immerger dans des vies, très différentes, à s’effacer pour laisser la parole à son jeune héros et pour ce roman retracer une page d’histoire à travers les yeux d’un enfant que je ne suis pas prête d’oublier….

Le romancier s’efface pour devenir le témoin d’une histoire vraie, pour se faire le porte-parole de ceux qui furent les victimes collatérales d’une guerre civile armée par des puissances étrangères et dont ils portent encore en eux les traces. A la différence d’un roman, les faits sont là, l’histoire est écrite et la difficulté est d’en restituer toute l’horreur mais aussi les moments lumineux sans jamais se substituer à elle. Guillaume Sire le fait parfaitement. Il a laissé la petite flamme rouge présente dans le regard de Saravouth et elle ne s’éteindra pas dans ma mémoire.

Du Pays des Khmers au Royaume intérieur

Changement de registre pour Guillaume Sire qui, après avoir exploré la télé-réalité avec Réelle nous entraine au Cambodge. Sur les pas d’un enfant tentant d’échapper à la guerre, il nous offre un drame émouvant et une ode à la littérature.

Nous avions laissé Guillaume Sire retracer la folie qui s’était emparée de la France avec l’arrivée de la téléréalité dans Réelle. Il nous revient avec un roman aussi fort, mais à la fois géographiquement et thématiquement fort différent puisqu’il a cette fois choisi un garçon pour raconter les années qui ont vu le Cambodge basculer dans l’horreur.

À onze ans, Saravouth ne semble toutefois pas trop se soucier des bruits de bottes. Il a trouvé son bonheur dans les livres, dans les histoires qui façonnent son imaginaire. Sa mère, qui enseigne la littérature au lycée français de Phnom Penh, lui fait notamment découvrir l’Iliade et l’Odyssée. Dans l’esprit du garçon, les personnages d’Homère viennent rejoindre ceux de Peter Pan, ou le petit garçon qui ne voulait pas grandir de James Matthew Barrie qu’elle lui lisait le soir.

C’est ainsi qu’il construit son «Royaume intérieur», creuset des aventures les plus folles que sa sœur Dara aimerait beaucoup pouvoir visiter. D’autant que sa fantaisie ne semble pas avoir de limites et que tous les récits, comme par exemple les légendes que sa voisine Thàn lui confie, viennent le nourrir de nouveaux détails. Saravouth va tenter coûte que coûte de préserver cet espace de liberté face à la violence qui se déchaîne autour de lui. Les khmers rouges, les Américains, les Français vont essayer de pousser leurs pions, de résister, d’avancer, de s’imposer dans un pays totalement déstabilisé. Devant la menace, il faut fuir, tenter de trouver un refuge plus sûr. Mais les explosions, les balles qui sifflent et les mortiers qui s’abattent vont provoquer l’éclatement de la famille et séparer le garçon des siens. C’est seul qu’il va tenter de regagner Phnom Penh, trouver refuge dans un pensionnat et essayer de retrouver les siens. Toute l’horreur de la situation est racontée à travers des scènes saisissantes, comme celle où le bateau dans lequel les réfugiés ont pris place est canardé de tous côtés et où Saravouth voit ses compagnons d’infortune mourir les uns après les autres avant d’être à son tour blessé et devenir inconscient.

La seconde partie du roman, toute aussi passionnante, nous montre le garçon tenter de se construire un avenir tout en espérant pouvoir un jour retrouver cette famille dont il a perdu toute trace. Mais quand on a Peter Pan et Ulysse pour allié, tout devient possible…

Basé sur une histoire vraie, ce roman de bruit et de fureur, nous offre une nouvelle – et fort émouvante – variation sur la guerre et ses ravages, sur la folie qui peut s’emparer des hommes et sur la barbarie qui en découle. Mais il se double, et c’est ce qui le rapproche de Réelle, d’un roman initiatique. Le destin de Saravouth se joue tout autant autour de l’institut Saint-Joseph que dans son esprit. Les livres lui auront appris que même la mort peut être déjouée, que le pire n’est jamais sûr. Qu’un vers de René Char peut suffire à vous éloigner de l’enfer.

Les Inn constituent une famille ordinaire, sans doute privilégiée dans ce Cambodge de la fin des années 1960. Le père est fonctionnaire à la Chambre d’agriculture où il gère les litiges. Phusati, la mère, est professeure de littérature. Elle abreuve ses deux enfants d’histoires qui nourrissent leur imagination, surtout celle de Saravouth, onze ans, qui est d’une incroyable profusion. Le garçon s’est construit un royaume fantasmagorique, un univers avec sa géographie, ses peuples, ses villes, empruntant à l’Odyssée comme à Peter Pan, à la mythologie hindouiste comme au catéchèse du père Michel, le curé de la paroisse. Il a par ailleurs une compréhension intime de l’importance des mots, "boucliers, longues-vues, microscopes" qui permettent d’habiter la vie. Il est pourtant intuitivement conscient de leurs limites, "que si on peut tirer les échelles des mots tant qu’on est sur la terre ferme, ne peuvent nous tirer du fond d’un puits". Tout comme il va apprendre que l’imagination, aussi profuse soit-elle, ne peut servir de refuge ou de consolation que jusqu’à un certain point, qu’il va atteindre et même largement dépasser.

En 1971, le coup d’état mené par le général Lon Nol provoque la destitution du prince Norodom Sihanouk. Soutenu par les Etats-Unis, Lon Nol instaure une République et s’installe au Palais Royal où il s’entoure d’une cohorte d’astrologues, de nécromanciens et autres sorcières qui font résonner des mélodies bizarres et flotter d’étranges odeurs dans salle du trône. La volonté des Khmers rouges de reprendre le pouvoir, aidés par l’URSS voisine, fait bientôt sombrer le pays dans la guerre civile. Les catholiques, dont font partie les Inn, sont traqués.

L’horreur s’introduit dans le récit et dans la vie de Saravouth d’abord insidieusement, puis de manière exponentielle. Après la suspicion et la peur qui règnent parmi une population qui subit des pénuries croissantes, c’est le chaos total. Le pays est dévasté, devient par endroits un cimetière à ciel ouvert parsemé de cadavres dont les mutilations témoignent des viols et des tortures subis. La ville de Phnom Penh se métamorphose en un immense camp de réfugiés où les conditions de vie sont d’une dureté et d’une insalubrité à peine imaginables. Ses rues sont les lieux d’errance de multitude d’enfants dont on ne sait s’ils sont orphelins ou s’ils ont simplement perdu leurs parents.

Saravouth se retrouve seul lui aussi, et n’a dès lors plus qu’une obsession : retrouver les siens. L’interminable épreuve qu’est sa quête, entre survie et succession de traumatismes, se fond avec la réalité cauchemardesque de la guerre qui métamorphose son pays. Malgré ses tentatives obstinées pour ordonner la réalité spatiale au cœur de ses recherches à la manière dont il maitrisait celle de son royaume imaginaire, il s’embourbe peu à peu dans le désespoir et la culpabilité, en même temps qu’il perd le fil de ses navigations intérieures.


Un texte terrible et pourtant très beau, que sa postface rend d'autant plus poignant.


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