L'année du lion
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
Ils ont tué mon père.
Je les aurai.
Après la Fièvre qui a décimé les neuf dixièmes de la race humaine, mon père, Willem Storm, a fondé Amanzi, une nouvelle colonie, et l'a menée du chaos à l'ordre, de l'obscurité à la lumière, de la famine à l'abondance.
Je suis Nico Storm, formé par Domingo à l'art de tuer.
Je détestais mon père et je le vénérais.
Je vais trouver ses tueurs et je le vengerai.
Ce qui suit est mon histoire.
Mon avis
Deon Meyer est connu pour ses romans policiers. Avec ce recueil, qui lui a pris quatre ans, en recherches et rédaction, il est sorti de sa zone de confort et s’est lancé dans autre chose. Récit post apocalyptique, « L’année du lion » a quelques défauts mais surtout de nombreuses qualités. Commençons ce qui m’a moins plu. Certaines situations, voire personnages sont un peu clichés de ce genre d’univers : la communauté où tout va plutôt bien et où quelqu’un finit par se rebeller en entraînant d’autres membres, les luttes contre les éléments, les animaux, les héros et leur zone d’ombre…. C’est un peu déjà vu mais parfaitement intégré dans le texte donc ça passe. Et puis, il y a ce qui est vraiment prenant : l’écriture fluide, addictive, variée, ciselée de l’auteur. Il a un réel talent pour écrire, camper une atmosphère, présenter des protagonistes qui deviennent palpables. Le contexte, les décors, tout est réfléchi et décrit avec doigté.
Diverses personnes prennent la parole dans cet opus. Nico Storm, rescapé avec son père, de la Fièvre qui a exterminé une grande partie de l’humanité, est le principal narrateur. Avec son Papa, ils vont essayer de trouver d’autres humains, comme eux, avec de bonnes intentions, pour créer Amanzi. Un lieu de vie où tout est à organiser, construire, dans le respect, la bonne humeur, l’échange, le partage…. Mais forcément, ils feront des envieux, il y aura des pillards, des espions …. Et rien ne sera vraiment facile …
L’histoire que présente Nico est entrecoupée de passages où des habitants d’Amanzi s’expriment, présentant soit le même événement (mais avec leur point de vue personnel), soit autre chose qui complète ce qu’on sait déjà, parfois sous la forme d’entretiens avec des questions. Cela évite la lourdeur de n’avoir qu’un regard sur les faits. J’ai trouvé que c’était un vrai plus. Cette fiction se déroule sur un rythme endiablé qui ne laisse aucun répit. Il se passe toujours quelque chose, et c’est captivant. Et j’ai enfin beaucoup apprécié de voir l’évolution de Nico qui, de petit garçon, est devenu homme. Son cheminement, ses questions, ses analyses sont très intéressantes et contribuent à étoffer les péripéties qui maintiennent le suspense.
Certains n’aimeront pas la fin, d’autres l’apprécieront. Elle est rapide, surprenante …. Personnellement, elle ne m’a pas dérangée et elle m’a apportée un éclairage supplémentaire sur tout le contexte.
Six cent trente-six pages ? Je ne me suis pas ennuyée une seconde et je n’avais qu’une hâte : replonger dans ma lecture ! Alors, n’hésitez pas !
Surprise, Deon Meyer nous revient avec un roman qui n’a rien à voir avec tous ses précédents. Et c’est une grande réussite : L’année du lion.
Un virus a décimé 90 % de l’humanité. Dans une Afrique du Sud bien vide, Willem Storm et son jeune fils de 13 ans Nico cherchent un endroit où créer une communauté qui permettra à Willem de mettre en pratique ses idées humanistes.
Bien des années plus tard, Nico, formé à l’usage des armes par Domingo, raconte les trois premières années de la communauté d’Amanzi créée par son père. Ainsi que les circonstances de son assassinat, et la traque des tueurs qu’il a menée.
Qu’est-ce que ce bouquin fait du bien. Parce que ça faisait quand même un moment que le grand Deon Meyer ronronnait un peu. Après des débuts fracassants, dans les derniers je ne m’ennuyais jamais, mais je ne retrouvais pas l’enthousiasme du début.
Et là, avec ce changement de thématique, je le retrouve. Commençons par dézinguer la quatrième qui, avec une originalité confondante, évoque La route sous prétexte que c’est un roman post- apocalyptique et qu’il y a un père et son fils. Non, L’année du lion n’a rien, absolument rien à voir avec La route. Le point de départ de l’intrigue est le même : une catastrophe, un père et son fils, tout le reste n’a rien à voir. Et je ne fais pas ici de comparaison, ni en bien, ni en mal.
L’année du lion est, paradoxalement, autant une utopie qu’un récit post-apocalyptique. Car c’est bien à la reconstruction d’un monde bâti sur des bases plus saines, selon les convictions humanistes de Willem Storm que l’on assiste. Et comme Deon Meyer n’est pas naïf, cette construction se heurte à des très nombreuses résistances, dont la moindre est de résoudre des problèmes techniques.
Car dans ce monde post apocalyptique, tout n’a pas disparu, et surtout les connaissances persistent. Donc il est relativement facile de commencer à reconstruire des communautés. Mais il faut alors affronter l’avidité, le comportement charognard, ceux qui préfèrent prendre par la force ce qu’ils ne peuvent reconstruire, les religieux, les comportements individualistes … Il faut accepter de s’armer et de se défendre, voire d’attaquer.
Dit comme ça, ça fait un peu café du commerce, mais n’oublions pas que l’auteur est un grand conteur, et qu’il est ici au sommet de son art. Avec l’annonce, dès le départ, de l’assassinat du père, avec les regrets du fils (on saura pourquoi), avec son choix de raconter ces trois années comme des mémoires, il installe dès le début une tension qui va habiter le récit, faire tourner les pages toutes seules, et nous réserver, comme il sait si bien le faire, quelques beaux coups de théâtre.
Les scènes d’action sont, comme on s’en doute, particulièrement réussies, les personnages gagnent en épaisseur au fur et à mesure qu’on avance dans le récit, le suspense est parfaitement maîtrisé, l’idée de départ, classique, bien exploitée, et Deon Meyer s’y entend pour vous attraper dès la première page et ne plus vous lâcher jusqu’à la fin. Et mine de rien, vous ne pouvez vous empêcher de vous demander comment vous vous situez, par rapport à tel ou tel personnage, à telle ou telle réaction. Mais il faut lire le bouquin jusqu’à la dernière page pour comprendre complètement l’éventail de choix que propose l’auteur …
Un vrai plaisir intelligent, un roman à lire qui renouvelle son auteur.
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