Commandant Martin Servaz Tome 7 La chasse

Un bon cru que ce thriller qui colle à l’actualité. Il se passe en automne 2020 durant le confinement et l’auteur a su intégrer ces éléments à son intrigue. Un jeune homme surgit en pleine nuit sur une route forestière, il est nu avec le mot « justice » marqué sur la poitrine et un masque de cerf, des chasseurs le poursuivent et un automobiliste ne peut l’éviter. Il s’agissait d’un délinquant récemment libéré pour vice de forme dans une affaire de viol. Voici une affaire sensible qui ne manquera pas d’enflammer la cité d’où il est issu. Servaz et son équipe vont devoir marcher sur des oeufs entre délinquants, jeunes sans repères, islamistes radicaux et flics ripoux.

Comme toujours l’intrigue est complexe et très bien ficelée. Ce polar est différent des précédents de la série, Marianne et Hirtmann absents, Martin est nettement moins tourmentés, même s’il n’est pas encore totalement serein, surtout que sa compagne songe à partir en mission pour Médecins du monde. Pas de femmes séquestrées non plus, mais un questionnement sur les dérives de la justice, qui s’éloigne parfois de la vraie justice, suscitant des vocations de redresseurs de torts parmi les policiers ou magistrats.

Il y a des réflexions intéressantes sur des problèmes de sociétés actuels, avec le trafic de drogue, les jeunes sans perspective d’avenir, les défis sécuritaires et leurs dérives. Certains professeurs interrogés par Servaz ont tellement peur d’être accusés de racisme et de discrimination qu’ils ferment complètement les yeux sur les délits ou la radicalisation de leurs élèves. Un climat de peur règne dans les banlieues, mais seulement là.

On est plus dans le roman noir ici que dans les opus précédents. Il est aussi plus réaliste, une telle histoire serait très plausible avec l’exacerbation de la peur de l’autre que l’on observe dans toutes les strates sociales en ce moment. Je suis toujours aussi fan de l’auteur.

Nous retrouvons pour la septième fois le commandant Servaz. Il est appelé pour un accident de la route entre une voiture et un homme nu à tête de cerf. Ce jeune homme a tenté d’échapper à quelque chose qui le terrifiait, il porte gravé au fer rouge sur le torse le mot « justice ». Le prologue nous plonge tout de suite dans l’ambiance avec cette scène choquante. L’enquête commence et l’auteur ne se prive pas de nous donner tout au long de la lecture son avis sur tel ou tel dérèglement de la société. Un polar certes mais surtout un prétexte pour pointer la déliquescence de notre société. J’avoue que ces « apartés » tombent plus ou moins bien et m’ont dans l’ensemble mises mal à l’aise. La chasse fait appel à la traque, à la poursuite pour capturer, pour tuer. Bientôt on ne sait plus très bien qui est le chasseur et qui est la proie et c’est puissant, lorsque les rôles ont tendance à s’inverser. Une intrigue bien ficelée qui fait ressortir un personnage convaincu de faire le bien alors qu’il apparaît d’une violence et d’une froideur insoutenables. Une enquête dans l’air du temps qui reprend de nombreux faits divers et appuie sur le malaise des policiers face à « l’ensauvagement » de la société. On oscille ainsi constamment entre fiction et réalité et à ce petit jeu ce n’est pas toujours la fiction qui ressort gagnante. L’auteur se sert des ses personnages comme les porteurs des messages qu’il souhaite faire passer et qui il faut bien l’avouer ne sont pas des plus heureux, il nous dresse ainsi un portrait de la Police comme le dernier rempart contre les forces du mal. La ligne de temps du roman est importante car tout se joue sur une semaine Jour 1, etc. On sait donc déjà que tout sera résolu en 7 jours alors forcément, le rythme est rapide, ne chercher pas de temps mort, laissez vous prendre par l’intrigue et profitez. Bonne lecture.