Les Monades urbaines
  • Date de parution 27/10/2016
  • Nombre de pages 336
  • Poids de l’article 220 gr
  • ISBN-13 9782221189078
  • Editeur ROBERT LAFFONT
  • Format 183 x 123 mm
  • Edition Livre de poche
Dystopie et Uchronie Anticipation Ouvrage de référence de l'auteur

Les Monades urbaines

3.94 / 5 (993 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

En 2381, l'humanité a trouvé une solution à la surpopulation : c'est en se développant verticalement dans des monades urbaines, des tours de mille étages, qu'elle continue de croître. L'altitude détermine le niveau social des habitants, qui quittent rarement leur étage. Au sein de cette société, pandémonium sexuel sans tabou, les hommes semblent nager en plein bonheur. Toutefois, la création, l'imagination et l'individualité y sont considérées comme des notions dangereusement subversives. C'est dans ce monde étrange que vont se croiser les destins de Micael, un électronicien qui rêve d'un monde antérieur, Jason, un historien qui découvre les affres de la jalousie, et Siegmund, un citoyen modèle. Tout se précipite quand Siegmund connaît une " défaillance " suite à une descente dans les bas étages. Bientôt, la situation vire au tragique. " Ce roman a une originalité, une densité et une espèce de véracité dans l'imaginaire qui lui permettent de traverser impunément les années. " Gérard Klein

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  • Date de parution 27/10/2016
  • Nombre de pages 336
  • Poids de l’article 220 gr
  • ISBN-13 9782221189078
  • Editeur ROBERT LAFFONT
  • Format 183 x 123 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

2381. Les hommes, désormais au nombre de 75 milliards, ont trouvé la solution au surpeuplement qui menaçait la pérennité de leur monde. Ils vivent entassés par centaines de milliers dans des tours de 3000 mètres de haut qu'ils ne quittent jamais, ces "monades", ainsi qu'on les appelle, étant auto-suffisantes, avec leurs écoles, leurs lieux de travail, et leur propre approvisionnement en énergie, fournie par les déjections de ses habitants.


Pour assurer la viabilité de ce système vertical, la notion d'intimité et le sens de la propriété ont été bannis, et afin d'éviter les frustrations forcément engendrées par la promiscuité, le sexe est devenu "libre". Aussi, bien que vivant toujours en couple, les individus entretiennent des relations sexuelles avec les partenaires de leur choix. Ainsi, à la nuit tombée, nombreux sont ceux qui errent dans les couloirs de la monade pour aller rejoindre celui ou celle choisi(e) pour cette fois, dans un lit conjugal qu'ils se partagent alors à trois... Avec quelques restrictions tout de même : les étages supérieurs évitent de se mélanger avec les niveaux inférieurs, la verticalité des tours matérialisant par ailleurs une hiérarchie sociale rigide et cloisonnée. 


Continuer à se multiplier est devenu la principale activité humaine, la valeur des êtres se mesurant à l'importance de leur progéniture. 


Il semble régner au sein de la société dépeinte par Robert Silverberg une harmonie et une sérénité laissant supposer que l'homme aurait enfin atteint une certaine forme d'utopie... mais la neutralité émotionnelle que suppose ce système laisse perplexe. L'individu serait-il parvenu à niveler ses émotions, à oublier ses passions, sa jalousie, sa hargne ? Même le langage a perdu ses couleurs, ses sous-entendus, ses connotations... on "défonce" dorénavant le "con" de sa partenaire sans la transgression ou la grossièreté que cela suppose, et simplement pour assouvir un besoin organique. 


Ceux -rares- qui s'écartent du chemin, ou remettent en cause le bien-fondé du fonctionnement de ce nouvel éden, sont jetés, sans jugement ni fanfare, dans une fosse où ils contribueront à alimenter la monade en énergie...


L'auteur s'attarde sur quelques-uns des habitants de la monade 116 (presque 900 000 habitants), qui expriment d'une manière ou d'une autre leur inadaptation au système. Sigmund, très jeune, surdoué, promis au plus haut niveau, marié à la magnifique Mamelon, commence à se poser des questions sur le sens de son ascension. Micaël rêve de découvrir le monde extérieur. Auréa est quant à elle terrorisée à l'idée d'être obligée de changer de monade, parce qu'elle ne parvient pas à enfanter... 


Mais -et c'est l'un des aspects le plus intéressant de ce récit- il montre aussi la facette positive de cette société qui ne connait ni guerre, ni insécurité, ni famine, où règne une sorte de totalitarisme qui n'a pas besoin de leader, étant volontairement admis par l'ensemble de la population.


Il laisse ainsi le lecteur juge de la légitimité morale de ce système où ne règne aucune réelle liberté, cette dernière étant incompatible avec son bon fonctionnement, mais qui dans l'ensemble fonctionne, justement... On pense bien sûr au "Meilleur des mondes" d'Aldous Huxley, mais plus qu'une critique des totalitarismes il m'a semblé ici que l'auteur invitait à une réflexion sur l'équilibre à trouver entre sacrifices des libertés individuelles et survie de l'espèce.


Dans ce fix-up (nouvelles réunies pour constituer un roman), l’auteur nous décrit un monde qui se veut idyllique. Évidemment, ce genre littéraire implique que progressivement l’utopie s’avère être une dystopie, le système social devenant un cauchemar pour certains individus.


Au XXIVe siècle, 75 milliards d’êtres humains vivent dans des tours géantes dans un apparent bonheur… qui est obligatoire. Cette société assure le bien-être matériel et veille à ce qu’aucun conflit ne surgisse dans un cadre où les défauts typiquement humains sont réprouvés (envie, jalousie…). Dans cette optique, chaque homme et femme est incité à avoir des relations sexuelles avec l’ensemble de ses congénères dès le plus jeune âge, et l’intimité n’existe pas, afin de favoriser l’entente (pense-t-on). En fait non, ce n’est pas un encouragement. Le lecteur se rend vite compte d’une forme d’injonction à coucher avec d’autres pour assurer le bien-être de tous, tout comme la prescription religieuse à procréer un maximum d’enfants, à tel point que les couples ayant des difficultés à avoir une grande progéniture culpabilisent (les femmes notamment). L’envie personnelle ne compte pas.


Sur ce sujet, le lecteur d’aujourd’hui repérera quelques éléments un brin sexistes (il faut rappeler que le roman date du début des années 70) : la culpabilisation du manque d’enfants revient principalement aux femmes, et ce sont les hommes qui vont vers les femmes pour passer une partie de la nuit, dans un univers où il est impoli de se refuser (comme par hasard). Les femmes ne vont pas vers les hommes.


On peut aussi relier la « philosophie » prétextant que le sexe dès le plus jeune âge apporte le bonheur à certains courants minoritaires qui traversaient la société à l’époque de l’écriture du roman (je précise, à cette étape de la chronique, qu’il s’agit dans le récit de sexe entre enfants consentants, mais fortement encouragé par la société environnante).


Le lecteur commence à sentir un malaise sur ce bonheur obligatoire qui apparaît vite factice, et peu à peu des failles se révèlent. Les volontés individuelles n’ont pas leur place, les drogues sont communes, les classes sociales sont réelles et marquées même si certains peuvent grimper les strates. Certains habitants ressentent le besoin d’autre chose… Mais la société ne peut pas l’accepter.


Même si la religion est très présente et « justifie » la procréation à outrance, je ne peux m’empêcher de penser que c’est une civilisation qui va dans le mur : dans le livre, la Terre est habitée par 75 milliards d’humains et il est estimé qu’elle a des ressources pour en supporter 100 milliards, ce qui laisse quelques générations de « multiplication ». Mais après ?


Si l’ensemble n’est pas dénué d’intérêt, j’ai trouvé les chapitres (ex-nouvelles) très inégaux, ce qui est bien dommage, sans compter parfois une certaine complaisance dans des scènes de délire sexuel.

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