Aux animaux la guerre
  • Date de parution 01/07/2021
  • Nombre de pages 448
  • Poids de l’article 318 gr
  • ISBN-13 9782330058647
  • Editeur ACTES SUD
  • Format 175 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Thriller Romans noirs France Ouvrage de référence de l'auteur

Aux animaux la guerre

3.88 / 5 (922 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s'en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n'ira pas en colo cet été, un ou deux reportages au 19/20 régional et puis basta. Sauf que les usines sont pleines de types dangereux qui n'ont plus rien à perdre. Comme Martel, le syndicaliste qui planque ses tatouages, ou Bruce, le bodybuilder sous stéroïdes. Des types qui ont du temps et la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg pour la revendre à deux caïds officiant entre Épinal et Nancy. Une fille, un Colt .45, la neige - à partir de là, tout s'enchaîne. «Aux animaux la guerre», c'est le roman noir du déclassement, des petits Blancs qui savent que leurs mômes ne feront pas mieux et qui vomissent d'un même mouvement les patrons, les Arabes, les riches, les assistés, la terre entière. C'est l'histoire d'un monde qui finit.

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  • Date de parution 01/07/2021
  • Nombre de pages 448
  • Poids de l’article 318 gr
  • ISBN-13 9782330058647
  • Editeur ACTES SUD
  • Format 175 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Nicolas Mathieu utilise la fermeture de l'usine d'une bourgade des Vosges comme prétexte à l'élaboration d'une intrigue faite de destins croisés, dont la sombre tonalité plombe son récit d'une ambiance anxiogène.


Une usine qui ferme, ce sont des dizaines de familles laissées sur le carreau, dont les fins de mois seront encore plus difficiles à boucler.

C'est la perspective de l'enfoncement dans la médiocrité, le démantèlement du peu que l'on a construit.

C'est la bataille perdue d'avance entre la direction et les syndicats, qui permet au mieux de gagner une semaine, un jour de sursis.

C'est la nostalgie qui pointe déjà : malgré la pénibilité du travail, l'usine était comme un second foyer, où certains ont passé la majeure partie de leur vie adulte. On s'y est fait des camarades et parfois des ennemis, des souvenirs et des repères.

Une usine qui ferme, c'est aussi du temps à tuer pour ceux dont l'activité professionnelle canalisait les égarements, ordonnait le quotidien. L'auteur s'attarde sur certains d'entre eux qui, désormais en roue libre, s'acheminent vers de sérieux ennuis...


Martel, syndicaliste au passé sulfureux, est acculé par les dettes depuis qu'il doit assurer le financement du placement de sa vieille mère malade dans un établissement spécialisé. Contraint de rembourser l'emprunt qu'il s'est illégalement accordé à la caisse du syndicat, il n'a plus qu'une solution : accepter le boulot que lui propose Bruce, ce jeune collègue chez qui il suscite une étrange admiration. Il s'agit d'enlever, pour le compte de malfrats de la pègre strasbourgeoise, une prostituée. Une mission rendue d'autant plus hasardeuse que Bruce, dont les muscles dopés aux stéroïdes sont aussi volumineux que son intellect est limité, aggrave sa bêtise et sa maladresse par l'usage immodéré de stupéfiants.


Hormis ces deux quidam plutôt louches, vous croiserez dans "Aux animaux la guerre" une inspectrice du travail au caractère bien trempé et aux jambes interminables, un ancien membre de l'OAS finissant ses jours dans une ferme qui s'apparente à un dépotoir, une adolescente un peu trop délurée affolant les élèves gavés de testostérone du lycée professionnel où elle traîne une désinvolture à la limite de la vulgarité...


Nicolas Mathieu brosse ainsi une riche galerie de portraits qui oscille entre désespérance et morosité, composée de vrais salauds et de fausses victimes -à moins que ce ne soit l'inverse-, finalement des individus comme vous et moi, ni meilleurs ni pires que d'autres, des gens ordinaires en somme, que des circonstances extraordinaires et le poids d'un environnement grisâtre, d'une existence dénuée de toute perspective, amènent à exprimer des penchants parfois condamnables.

Pour autant, il ne s'attarde guère sur leurs états d'âme. Jouant la carte du "noir", il mise à ce titre davantage sur l'efficacité que sur la psychologie, ce qui ne l'empêche pas de doter ses héros d'une réelle consistance, en les plaçant dans des situations propres à révéler leurs failles, voire leur part de folie.


"Aux animaux la guerre" est un récit sous tension, qui donne l'impression constante que le pire est sur le point d'arriver. Sa lecture m'a également laissé l'étrange sentiment d'un roman sans début ni fin. Si l'annonce de l'arrêt de l'usine et sa fermeture effective cloisonnent temporellement l'intrigue, l'auteur évoque les existences de ses héros à la manière d'un photographe qui s'attarde sur un instant, nous laissant imaginer que, entamées avant les événements décrits, elle vont également continuer après.

Cela peut provoquer chez le lecteur une sensation d'inachèvement : l'auteur lance des pistes qu'il n'exploite pas toujours jusqu'au bout (je n'ai par exemple par compris l'intérêt du prologue qui se déroule une quarantaine d'années avant les faits décrits ensuite, et avec lesquels il n'a pas de réelle interaction), et semble laisser brutalement en plan certains de ses personnages...


Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s’en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n’ira pas en colonie cet été, un ou deux reportages au 19/20 régional et puis basta.

Sauf que les usines sont pleines de types dangereux qui n’ont plus rien à perdre. Comme Martel, le syndicaliste qui planque ses tatouages, ou Bruce, le body builder sous stéroïdes. Des types qui ont du temps et la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg pour la revendre à deux caïds qui font la pluie et le beau temps entre Epinal et Nancy. Une fille, un colt 45, la neige, à partir de là, tout s’enchaîne. Aux animaux la guerre, c’est le roman noir du déclassement, des petits Blancs qui savent désormais que leurs mômes ne feront pas mieux et qui vomissent d’un même mouvement les patrons, les arabes, les riches, les assistés, la terre entière. C’est l’histoire d’un monde qui finit. Avec une fille, un colt 48, la neige…

Un sacré bout de temps que je ne m’étais pas penchée sur mon clavier pour écrire une chronique. Pourquoi ? La flemme peut être, le manque d’envie sans doute, mais plus sûrement le sentiment de ne rien avoir à dire sur ce que j’ai pu lire depuis des mois, une difficulté à aller jusqu’au bout d’un roman parfois…enfin bref, pour être tout à fait franche, rien de ce que je m'étais mis sous la dent ne m’avais vraiment enthousiasmé depuis quelques temps.

Et là…Bing ! Mieux qu’un baiser du Prince charmant, un premier roman écrit avec talent me réveille, me fait l’effet d’une douche froide, mais ô combien salutaire, et me donne à nouveau envie de raconter mes petites histoires. C'était il y a presque trois mois maintenant, j’en ai lu bien d’autres depuis, que je chroniquerai dans la foulée, mais c’est vraiment celui-ci qui a ravivé mon désir de lecture et l'envie de partager ce plaisir. Alors, quèsaco de ce miracle ?

D’abord il donne dans le mille, le roman noir social c’est mon péché mignon. Mais cette histoire va bien au-delà de ce simple constat. Certes on comprend très vite la violence de la situation, une usine qui ferme dans une région gagnée par la sinistrose et toute la désespérance qui accompagne chaque étape de cette descente aux abimes, mais le point fort de ce roman ce sont les personnages : forts, crédibles, des vivants se débâtant dans un marasme fait de désillusions et d’amertume.

Pour autant à aucun moment l’histoire ne sombre dans la facilité ou le pathétique. C’est un premier roman très ambitieux et il aurait été assez simple de s’abimer dans le misérabilisme. C’est méconnaitre les personnages qui se battent avec l’énergie du désespoir. L’auteur a un sens de l’analyse très aigu et tout en inscrivant cette histoire dans un réalisme social implacable, il donne une humanité et une sensibilité à ses protagonistes qui les rendent attachants même dans les péripéties les plus sordides.

C’est LE roman du quotidien qui se délite, des gens ordinaires qui pour certains vont se retrouver dans des situations bien glauques. C’est le roman des petits arrangements foireux, des histoires d’amour merdiques, le roman du « pas là au bon moment », des conjonctures désastreuses.

Parmi ce qui pourrait n’être qu’un répugnant marasme il y a pourtant plein d’espoir et de vie. Une tension présente tout au long du roman, la force de ceux qui malgré des circonstances malsaines et au milieu d’un environnement pourri, se tiennent debout ou tout du moins ont encore l’énergie d’y croire. Des gens comme vous et moi, qui font avec les moyens du bord, qui ne se battent pas à armes égales, mais qui ont en eux le ressort pour faire face. Tout est toujours sur le fil, menace de rompre à tout moment…un vrai numéro d’équilibriste. C’est un roman dense, une atmosphère lourde, des personnages qui ont perdus tous leurs repères mais qui, miracle du genre humain, continuent à y croire.

Le roman des couillons de la vie…mais quelle écriture flamboyante !

Le titre à lui seul est d'une grande force et fort bien choisi ma foi.

Nicolas Mathieu a reçu en novembre 2014 le Prix Erckmann-Chatrian et le Prix Mystère de la Critique 2015 pour ce premier roman.


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