Lancaster

▫️Un livre inspiré par un événement tragique qui a secoué l’Amérique en 2012. L’histoire se déroule en Pennsylvanie, dans le comté de Lancaster.

▫️On suit le récit d’une jeune fille arrêtée pour le meurtre d’une de ses camarades de classe. La victime a été retrouvée sauvagement assassinée dans des circonstances mystérieuses.

▫️Un thriller qui m’a plu, offrant une écoute agréable et suffisamment prenante pour me pousser à aller jusqu’à la fin.

▫️C’est une histoire sombre et terrible qui met en lumière des dysfonctionnements graves, laissant des marques indélébiles sur ceux qui en sont victimes.

▫️Il est question de vies malmenées, de maltraitance, d’abus sexuels, de disparités sociales, et du monde Amish.

▫️J’ai apprécié cette lecture dans l’ensemble, bien que par moments, l’histoire semble tourner en rond.

Cependant, ce roman reste une découverte intéressante à faire.

Un crime violent à lieu à Lancaster en Pennsylvanie au cœur du pays Amish.Le livre est inspiré de plusieurs faits divers américains, un crime particulièrement violent dont certaines descriptions laissent sans voix. Il n'est donc pas basé sur une histoire vraie comme on en trouve dans les romans de Fabio Mitchelli mais plutôt une fiction inspirée de faits réels. Connie Stotter, une jeune fille de 18 ans est arrêtée pour le meurtre de sa camarade de classe, Carol Corman. Son petit ami Tarabont Kheler était à ses côtés durant cet assassinat. La communauté Amish, dont Tarabont fait partie est décrite comme une communauté fermée et mystérieuse, qui vit selon des règles strictes et des traditions anciennes. Les habitants de la communauté parlent peu l'anglais et sont très méfiants envers les étrangers. L'auteur décrit également les relations complexes entre les membres de la communauté, ainsi que les tensions qui peuvent exister entre les différentes familles. Le livre offre un aperçu fascinant de la vie dans la communauté Amish, tout en explorant les sombres secrets qui peuvent se cacher derrière leur apparence paisible. Quand aux deux protagonistes, ils partagent un intérêt pour l'occultisme et le culte du diable. Je suis restée comme spectatrice de ma lecture, à aucun moment je n'ai éprouvé la moindre empathie ni pour la victime dont les descriptions provoquent juste de l’écœurement ni pour ses tortionnaires qui apparaissent déshumanisés. L'auteur nous livre un récit assez décousu, il fait apparaître de nombreux témoignages, policiers, légistes, anciens élèves, extraits d'audience, enregistrement ou lettre de Connie Stotter, description de photo etc … qui dresse un tableau à faire froid dans le dos de la meurtrière mais aussi il n'hésite pas à jouer de flashback pour que l'on sache d'où elle vient, ce qu'elle a subit afin de s'en faire une image. La fin reste ouverte puisqu'on sait dès le début que Connie Stotter est toujours dans le couloir de la mort attendant que l'on veuille bien exécuter sa sentence par injection létale. Bonn lecture.

Ce roman est adapté librement de divers crimes bien réels qui ont secoué l’Amérique, notamment l’histoire de la jeune Christa Pike, la plus jeune condamnée à mort du pays.

Connie Stotter, dix-sept ans est arrêtée pour le meurtre barbare de sa camarade de classe Carol Corman, commis avec l’aide active de son petit ami Tarabont Keller. Connie craignait que sa victime ne lui vole son ami. Les deux jeunes donnent rendez-vous à Carol dans un parc, la droguent et la battent à mort avec tout ce qui leur tombe sous la main sans la moindre humanité. Le roman nous raconte d’abord la dérive de Connie, une adolescente qui n’a connu que la violence sous toutes ses formes depuis sa naissance, puis son procès. Tarabont appartient à la communauté amish, mais se rebelle contre son éducation, il a adopté en secret le culte de Satan et entraîne Connie dans ses délires. Elle prend l’entière responsabilité de ses actes et fait tout pour minimiser la participation du garçon au meurtre, qui lui se montrera lâche et chargera son amie. Il échappera à la peine de mort contrairement à Connie.

Les faits sont évidemment accablants et inhumains, mais dans la version audio, lue avec brio par Stéphanie Cassignard, on sent la fragilité et l’immaturité de Connie avant tout victime et ensuite coupable. J’ai ressenti de l’empathie et de la compassion pour cette adolescente, même si rien ne peut justifier son crime, commis de sang froid et pour une raison bien futile. Connie n’a connu que la violence, personne n’est venu la sauver et lui offrir un autre destin. Elle et Carol sont élèves d’un lycée professionnel bas de gamme, une sorte de dernière chance pour les jeunes en échec scolaire.

Ce roman traite une fois de plus de l’envers du rêve américain, de ceux qui restent au bord de la route. Connie, Carol et leurs camarades n’ont pas vraiment d’avenir, même si la victime voulait devenir aide-soignante. Leur lycée est déclassé, à moitié en ruine et l’enseignement de piètre qualité. La justice américaine est aussi disséquée, on connaît ses dysfonctionnements et son côté impitoyable, surtout avec les minorités, les Noirs et les pauvres, qui sont les principaux, voire les seuls pensionnaires des couloirs de la mort. Je ne minimise pas la gravité des actes de Connie, mais on peut déplorer qu’on ne lui reconnaisse aucune circonstance atténuante. Elle a perdu une partie de ses facultés mentales suite aux nombreux coups sur la tête qu’elle a reçus dans son enfance.

La communauté amish est peinte de manière très sombre, on y pratique des abus sexuels et des abus de pouvoir sur les plus faibles, les dirigeants sont aussi présentés sous un jour inhumain et sectaire, finalement la dérive de Tarabont est une réponse à ces pratiques. On sait que certaines de ces communautés ont connu ce genre d’abus, mais je trouve que l’auteur insiste uniquement sur les aspects négatifs et les présente comme une secte. Même si leur refus du monde moderne interroge, les amish appartiennent au courant mennonite, une des composantes du protestantisme évangélique. Je pense que l’auteur n’a pas pris la peine de comprendre ce mouvement. Bon je reconnais que je ne suis pas tout à fait neutre sur le sujet, appartenant aussi à ce courant (et je vous assure qu’il ne se passe aucune horreur dans notre Eglise ).

J’ai beaucoup aimé ce roman sombre sur l’Amérique contemporaine. Un grand merci à Netgalley et Voolume pour leur confiance.