Le bruit du dégel
  • Date de parution 23/08/2018
  • Nombre de pages 368
  • Poids de l’article 391 gr
  • ISBN-13 9791022607971
  • Editeur METAILIE
  • Format 216 x 141 mm
  • Edition Grand format
Anglo-Saxon Romans étrangers

Le bruit du dégel

3.83 / 5 (118 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Kate, étudiante à la dérive, fait des « enquêtes » cinématographiques dans les rues désertées des banlieues pavillonnaires. Son père vient de mourir brutalement et elle noie son chagrin dans la défonce. Au cours d’une de ses déambulations, elle rencontre Jean, une vieille dame en pleine forme qui coupe son bois et prépare des thés délicats. Jean propose un étrange marché : elle veut bien raconter ses histoires, mais à condition que Kate cesse de boire.Tandis que Jean déroule le mirage du rêve américain et règle ses comptes avec quelques fantômes, Viêtnam, guerre froide, mouvements contestataires, Kate affronte enfin son deuil impossible et retrouve une place dans le monde.Avec sa prose magnétique et tendre, John Burnside rend le monde aux vivants et rappelle que seules les histoires nous sauvent.

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  • Date de parution 23/08/2018
  • Nombre de pages 368
  • Poids de l’article 391 gr
  • ISBN-13 9791022607971
  • Editeur METAILIE
  • Format 216 x 141 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Résumé

Kate, étudiante à la dérive, fait des « enquêtes » cinématographiques dans les rues désertées des banlieues pavillonnaires. Son père vient de mourir brutalement et elle noie son chagrin dans la défonce. Au cours d’une de ses déambulations, elle rencontre Jean, une vieille dame en pleine forme qui coupe son bois et prépare des thés délicats. Jean propose un étrange marché : elle veut bien raconter ses histoires, mais à condition que Kate cesse de boire.

Tandis que Jean déroule le mirage du rêve américain et règle ses comptes avec quelques fantômes, Viêtnam, guerre froide, mouvements contestataires, Kate affronte enfin son deuil impossible et retrouve une place dans le monde.

Avec sa prose magnétique et tendre, John Burnside rend le monde aux vivants et rappelle que seules les histoires nous sauvent.

Ma lecture

Il y a des livres dont on parle peu, sans presque aucune publicité mais dès qu’il croise votre route vous n’avez qu’une envie c’est de le lire, il vous parle, vous attire. Ce fut le cas pour le Bruit du dégel. Je n’en ai entendu parler qu’une fois lors d’une présentation en librairie lors de la rentrée littéraire de Septembre l’année dernière, noté aussitôt pour ne pas l’oublier. Nous avions rendez-vous.

Kate Lambert est une jeune femme paumée, elle a perdu son père il y a 18 mois, brutalement et depuis sa vie est un grand n’importe quoi : alcool, drogue, sexe, elle vit en colocation avec Lauritz, un ami, un amant qui se dit anthropologue et qu’elle seconde dans ses travaux de recherche pour la réalisation de films. Sa mère ayant disparu alors qu’elle avait 6 ans, elle n’a personne sur qui compter, se référer.

Loritz lui ayant confier une enquête : rencontrer des personnes et leur faire raconter leur histoire, et c’est lors d’une de ces enquêtes qu’elle va croiser la route de Jean Culver, une femme de 70 ans, un peu garçon manqué qui va lui proposer un deal : Une semaine d’abstinence d’alcool et drogue et elle lui raconte son histoire, ses histoires.

Elles n’avaient rien en commun en apparence et pourtant débute entre les deux femmes une magnifique histoire d’amitié. Oui en apparence car finalement elles ont toutes les deux connu des deuils, des absences et la plus âgée des deux va se lancer dans l’évocation de sa vie mais qui est également l’évocation de moments importants de l’histoire de l’Amérique avec ses guerres et leurs impacts sur la vie ceux qui y ont participé, que ce soit la seconde guerre mondiale ou la guerre du Vietnam mais également les luttes internes au pays.

Jean Culver est une femme fidèle en amour, en liens familiaux, tout ce qui manque à Kate finalement. Peu à peu celle-ci va se reconstruire, rencontre après rencontre, que ce soit au Territoire Sacré, le café où Jean a ses habitudes mais aussi dans sa maison, ce lieu plein de charme, à l’image de cette femme à la vie pas ordinaire.

J’ai beaucoup aimé l’écriture de John Burnside, cette façon de nous laisser croire qu’il nous emmène dans une banale histoire d’amitié comme il en a tant été racontée pour finalement lever le le voile sur les petits « clichés » de la vie de Jean Culver. Celle-ci nous raconte son Amérique à elle, à travers les gens qu’elle aime, qu’elle a aimé mais aussi avec Kate, tellement détruite, abîmée, au bord du précipice et qui va trouver en Jean Culver une sorte de précepte, de guide qui va l’aider à redonner du sens à sa vie car elle r a su détecter en Kate l’étincelle qui couvait dans le vide de sa vie.

L’auteur a construit son roman par bribes d’histoires, une sorte de puzzle où chaque pièce prend sa place, mêlant présent et passé, s’attardant sur le côté psychologique des personnages, les répercussions de leurs choix, de leurs prises de position politique sur leurs existences.

Je me suis installée avec elles, entre thés, tisanes et gâteaux et j’ai écouté Jean Culver se raconter et ses récits ont eu également un écho en moi. C’est une lecture douce mais ferme entre parenthèses avec un conteur exceptionnel, jamais ennuyeux, parsemant çà et là son récit de contrastes comme ceux qui existent entre les deux femmes, mais aussi des petits moments de l’existence, de rencontres, d’état d’âme

Il y a des personnes faites pour se rencontrer, Kate et Jean en font partie : l’une parle, se dévoile peu à peu mais entretient le mystère, l’autre écoute, apprend, comprend, analyse. Peu à peu un lien silencieux va s’installer et permettre à chacune de tenir debout, de se libérer, de fendre l’armure. Il n’y a pas de petites histoires ici, ce qu’a vécu Jean c’est l’histoire d’une femme du 20ème siècle dans une Amérique qui a elle-même ses blessures, ses failles et ses guerres internes, comme Jean.

Kate s’est laissée prendre à un monde froid et artificiel, comme dans une gangue de glace et Jean va la réchauffer, lui ouvrir les yeux et le cœur et lui montrer que malgré les épreuves, malgré les séparations et les pertes, il faut garder foi en la vie, goûter à chaque moment qui passe :

Je m’éveillai et restai immobile, aux aguets. J’avais entendu un son dans mon sommeil, un son assez proche d’une musique pour me réveiller (…) Tout ce que je perçus d’abord, ce fut le bruit de la glance en train de fonde qui gouttait de l’avant-toit, puis je me rendis comte que c’était précisément ce que j’écoutais dans mon rêve. C’était ça. Rien de plus. Le bruit du dégel. Une sorte de musique. Une fin, et un commencement. Ici, et ailleurs. (p360)

On voudrait tous rencontrer une Jean sur notre route, qu’elle nous raconte à la manière de Shéhérazade mille histoires pour nous réconforter, nous soigner mais comme cela, l’air de rien. Quand elle pose sa hache de femme forte et déterminée on découvre qu’elle porte également des faiblesses, une faiblesse dont elle n’a jamais pu guérir.

Mon premier John Burnside mais sûrement pas le dernier, tellement j’ai aimé sa plume qui nous emmène sur un chemin que lui seul connaît, il brouille les pistes mais connaît le but. Il mêle avec habilité fiction et événements historiques, pour en faire un roman contemporain dans lequel on se plonge sans retenue, on devient témoin dans l’ histoire, on a de l’empathie pour ses personnages et on ne les quitte qu’à regret.

C’est l’histoire d’une rencontre. Ou plutôt de plusieurs rencontres.Kate, la narratrice, revient sur une période où, encore traumatisée par la mort de son père, elle se laissait dériver pour anesthésier la souffrance, sombrant dans l’alcool et subissant les événements. Etudiante en cinéma, elle vivait alors avec Lauritz, colocataire et petit ami dont on ne sait s’il était génial ou juste provocateur, qui avait obtenu une bourse de recherche pour mener un projet cinématographique. Se définissant lui-même comme un anthropologue plutôt que comme un cinéaste, il avait chargé Kate de faire du porte-à-porte pour collecter les anecdotes d’anonymes, qui constitueraient la base de son prochain film. 

C’est ainsi qu’elle fit la connaissance de Jean Culver, septuagénaire dont l'étonnante robustesse, l'ouverture d'esprit et la sereine assurance l'intriguèrent et l'attirèrent aussitôt. D'autant plus que Jean en avait, oui, des histoires à raconter… Elle conclut avec Kate un pacte tacite : ces histoires contre l'abstinence de la jeune femme.

Il s'agit donc de la rencontre entre deux femmes qu’a priori peu de choses rapprochent, mais qui vont nouer, au fil de conversations autour d’un thé et d’une assiette de biscuits, une relation profonde et touchante, mutuellement enrichissante, Jane racontant, à travers ses répercussions sur son existence et celle de ses proches, l’histoire d’un pays méconnue de ses habitants, marquée par la violence et l'injustice. 

C'est ainsi qu'il est aussi question de la rencontre de Kate avec cette Histoire, l'étudiante représentant une jeunesse souvent ignorante d’un passé pourtant récent -le récit se focalise notamment sur le mouvement pour les droits civiques et la violente répression qui s'ensuivit et la guerre du Vietnam…-, et qui fait encore résonner ses échos dans l’Amérique d’aujourd’hui. Cette Histoire, Jean la transmet en redonnant corps à ceux qui l’ont vécue, racontant leurs vies pour ne pas les enfermer dans les clichés et les mensonges de ceux qui la font habituellement, vainqueurs ou industrie du divertissement qui l’interprètent, la tronquent afin de la faire adhérer à leur point de vue. D’en parler a posteriori permet de le faire en se détachant des dogmes, culturels, politiques, familiaux, qui ont, sur le moment, aveuglé. Et s’il est trop tard pour agir dans le sens de ce qu’avec le recul, on considère comme juste et important, il convient de faire connaître pour réhabiliter, mais aussi pour donner aux nouvelles générations les moyens de remettre en cause des vérités établies au profit de ceux qui ont fait de la nation américaine une société obsédée par la sécurité et le déni de sa propre iniquité. 

Et c’est aussi, enfin, l’histoire de la rencontre, ou pour être plus juste, celle de retrouvailles, avec soi-même. Le récit de Jean, et ses questions jamais insistantes pour tenter de percer la carapace de sa détresse, finissent par mener Kate sur le chemin, si ce n’est d’une paix totale, d’une certaine résilience. "Le bruit du dégel" est ainsi, en plus d’un formidable plaidoyer pour la réhabilitation de l’Histoire dans toute son exhaustivité, un roman émouvant sur le pouvoir des mots, qui en transformant les événements en histoires, permettent de briser le silence, de dépasser la perte et la douleur, de se rouvrir à la vie. 

Et tout cela est porté par la musicalité si particulière de l’écriture soignée de John Burnside, et ce rythme lent qui donne une sensation de profondeur, de pénétration dans l’intimité de ses personnages, dont on a en permanence l’impression d’entendre la voix. Son sens de la précision, sa manière d’explorer les personnalités de ses héros, avec lucidité et bienveillance, mais aussi une certaine mélancolie, font du "Bruit du dégel" un roman subtil et prégnant.


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