
Cérès et Vesta
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l’avis des lecteurs
Greg Egan est un écrivain australien. Il a commencé à écrire en 1983. Il a publié de nombreux romans et recueils de nouvelles.
Ce livre est la dernière parution en date dans la collection une heure lumière dont j’avais beaucoup aimé L’homme qui mit fin à l’histoire et Un pont sur la brume. Même si ce court roman est d’un bon niveau, je l’ai moins apprécié que les 2 précédemment cités. Le thème du livre et la manière de le traiter sont très intéressants mais je suis restée sur ma faim.
Le roman prend comme point de départ 2 astéroïdes colonisés par l’homme. Ces deux astéroïdes vivent en interdépendance, Cérès produisant de la glace dont Vesta est dépourvue, elle qui produit de la roche. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si un problème de société et politique ne surgissait pas sur Vesta. Un problème important prenant ses sources dans d’obscures raisons et qui équivaut à du racisme: Les Sivadier (du nom d’un fondateur de la civilisation sur l’astéroïde) sont victimes de leurs origines et subissent différentes brimades puis injustices flagrantes. La technologie de l’époque permet de reconnaitre facilement les personnes faisant partie des Sivadier qui par conséquence fuient en grand nombre sur Cérès. Ce sujet est brillamment traité par l’auteur qui transpose un problème actuel dans le domaine de la science-fiction. Cette transposition permet à la fois de prendre du recul et de voir que le sujet est universel. Les personnes victimes de cet apartheid ciblé essayent de se défendre et de s’organiser mais le problème prend des ampleurs inconsidérées. Le thème n’est pas un sujet simple et est bien amené par Greg Egan. Cependant, je trouve qu’il y avait matière à faire un roman plus long et c’est dommage que le livre soit si court. J’ai un peu eu l’impression que l’histoire n’était pas finie.
L’univers et l’aspect technologique est intéressant et bien développé. On s’immerge assez facilement dans le roman aidé en cela par l’écriture fluide de l’auteur. Le rythme du roman est également bien fait et monte en intensité jusqu’au dénouement final. Le roman a beaucoup de points positifs. Par contre, les personnages manquent de profondeur et ne sont pas très intéressants. On sait très peu de choses sur eux ou sur leur histoire, tout juste leur nom pour certains. Cela est assez dommage étant donné le sujet du livre et contribue à mon impression d’histoire pas vraiment finie.
Les thèmes abordés dans cette novella sont intéressants et très bien traités avec un univers bien construit et prenant grâce à des petits détails technologiques bien amenés. Pourtant, des personnages peu étoffés et un récit trop court ont contribué à me donner un sentiment plutôt mitigé et moins enthousiaste que les 2 autres romans de cette collection que j’ai lus.
Il était plus que temps que je m’attelle à mon auto-promesse : relire et chroniquer tous les UHL que j’ai lu juste avant de lancer ce blog. D’autant plus que depuis ma lecture et ma chronique d’Océanique – dont je suis très fier, ne nous mentons pas – ma hâte de confronter mon souvenir de la novella qui m’avait offert mon tout premier contact avec l’auteur très spécial qu’est Greg Egan était grandissante. Puisqu’en effet, en dehors d’un souvenir bien précis quant à son contenu, tournant autour de son titre et du choix fait pour sa traduction, l’idée que j’en gardais était assez floue : je savais juste que j’avais beaucoup aimé, et que je voulais voir si ma nouvelle vision de l’auteur s’y prêtait aussi bien que je le voulais.
L’objet de la chronique-lumière du jour sera donc d’essayer d’expliquer pourquoi je pense avoir décidemment tapé dans le mille. Et aussi expliquer pourquoi j’aime vraiment toujours cette novella, quoique peut-être pour des raisons un peu différentes de l’époque. Quatre ans, ça file.
À l’époque, j’avais simplement dit sur Twitter que je jugeais cette œuvre comme « de la SF politique et humaine de grande qualité ». C’est encore en grande partie vrai. Dans ce texte, Greg Egan développe un concept qui pourra sans aucun doute évoquer Les Dépossédés d’Ursula K. Le Guin, mais avec une approche nettement plus resserrée et concentrée sur des problématiques assez radicalement différentes ; on retrouve la relation quasi symbiotique entre deux corps stellaires habités par des cultures complètement opposées, mais avec un point de vue plus global dans la narration. Ici, si l’idée est également d’extraire des réflexions politiques, sociologiques et philosophiques d’une situation complexe, il n’est pas question de le faire depuis un prisme intime ; mais d’une façon assez clinique, aidée par une construction parallèle entre différents personnages partagés entre Cérès et Vesta. C’est là que mon point de vue a un peu évolué depuis la première fois, de façon assez intéressante pour moi. J’ai toujours dit que Greg Egan écrivait mieux ses personnages dans ses formats courts, nécessitant leur humanité pour faire passer ses réflexions, notamment en ayant ce texte en tête – et je le pense toujours – mais désormais, fort de mon expérience avec l’auteur, je dirais que ce n’est pas vraiment le cas. Si ses personnages ne sont pas froids et dénués d’humanité, grâce à quelques scènes sobres et resserrées mais toutefois efficaces, ils demeurent avant tout et assez clairement des outils vecteurs des ambitions philosophiques de l’auteur.
C’est là qu’entre en jeu ma conception nouvelle du travail de Greg Egan développée depuis ma lecture d’Océanique, et dont il faudra me décoller avec un pied-de-biche rhétorique pour que j’en démorde : cet auteur est un philosophe. Et en tant que philosophe, je crois sincèrement que cette novella n’est rien d’autre qu’une attaque en règle sur le dilemme du tramway et le concept d’utilitarisme : j’en veux pour preuve l’utilisation même de ce terme précis en début de texte par un des personnages, et pas forcément de la manière la plus flatteuse qui soit. À cet égard, si je comprends absolument la traduction française du titre s’éloignant d’un évènement tardif dans la novella et donc pas forcément très vendeur, surtout dans notre langue, je crois sincèrement que le choix originel de Greg Egan pointe du doigt tout le pivot réflexif de son travail. Certes, cette question n’intervient qu’à la toute fin du récit et d’une façon assez abrupte, mais ça marche à mes yeux d’autant mieux qu’il y a eu auparavant tout ce travail de mise en place, afin d’illustrer au mieux que la vie ne peut jamais être affaire de simples chiffres et de décisions tranchées : il y a toujours une infinité de variables trop complexes pour être ignorées ou balayées d’un revers de main. Les gens sont des gens, avec des vies et des liens : ils sont le fruit de processus infinis, impossibles à tracer exhaustivement ou justement de bout en bout.
Et de fait, si le traitement direct de l’histoire que nous raconte Greg Egan peut paraître un peu froid et par moment trop technique pour être organique, paradoxalement, c’est bien parce que cette novella est à mes yeux une démonstration implacable de la densité des vies que nous menons, au travers du parallèle assez évident dressé par l’auteur entre la réalité de Cérès et Vesta et la nôtre. Il suffit de remplacer quelques données spatio-temporelles ou culturelles dans ce texte pour arriver à une situation absolument familière, et dès lors, on peut prendre un simple pas de recul pour comprendre que c’est là que se cache la profonde humanité de ce texte. Alors certes, on peut considérer que ce texte n’est dès lors qu’une simple illustration de l’idée que la vie, c’est compliqué, et que les gens ne sont pas toujours méchants, simplement victimes de circonstances trop horribles et lourdes pour pouvoir être un minimum maîtrisées, ce que beaucoup pourraient considérer comme un faux-fuyant un peu lâche ou simpliste. Personnellement, je ne crois pas : j’aime bien l’idée de nous infliger nous mêmes, de temps en temps, des leçons d’humilité bien senties. Histoire de ne pas oublier que nous ne sommes guère plus que des humains aussi perdus les uns que les autres au milieu de circonstances infectes ; et que surtout, faire de notre mieux, face à l’adversité, n’est jamais une totale garantie de réussite. Dès lors, nos capacités de bienveillance, de compréhension et de pardon deviennent encore plus vitales que notre capacité à opérer des choix parfois impossibles. Et je trouve que Greg Egan exprime tout ça très bien, quoique de façon un peu expéditive, peut-être.
Donc, oui, j’aime toujours autant ce texte. Peut-être même un peu plus qu’avant, parce qu’il valide encore ma vision de son auteur, chercheur de vérité et amoureux des concepts qu’il convoque pour aller fouiller dans ses réflexions et en ressortir de bonnes histoires à partager ; les meilleurs vecteurs possibles à ses yeux. Alors oui, parfois, il se perd un peu et il écrit un peu trop pour lui, je crois, tout occupé à chercher comment articuler ses questionnements et découvertes au mieux pour en extraire la substantifique moëlle, mais n’empêche qu’il cherche, et qu’il a la générosité de nous offrir (on se comprend) le fruit de ces recherches d’une manière aussi abordable que possible. Alors que franchement, vu l’altitude à laquelle il vole parfois, il pourrait très bien avoir la flemme de vulgariser. Si j’osais, je dirais que je trouve ça beau, d’une certaine manière, il y a là un certain niveau de désintérêt assez rare pour être salué et admiré.
C’est décidé. Même si parfois je capte pas : j’aime beaucoup le travail de Greg Egan.
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