LE CHAT DU ROCHER, Un meurtre peut en cacher un autre

Je voulais découvrir cette série de cosy mystery depuis longtemps, sa couverture ne pouvait que me tenter avec ce gros chat roux qui ressemble tant à mon Aloïs. D’ailleurs Poker, le héros partage avec lui un caractère bien affirmé, pour ne pas dire un sale caractère.

Calypso, une ancienne actrice de feuilleton policier au Brésil où elle interprétait la détective Zézé Pinta est revenue dans son village de la Côte d’Azur après le naufrage de sa carrière et de son mariage. Elle habitera désormais chez sa tante Peggy et tiendra sa brocante, car l’employé a abandonné son poste et disparu. Elle retrouve avec plaisir ses amies Loulou et Colette. Elle est d’ailleurs invitée à l’anniversaire de cette dernière, organisé par son mari, l’odieux Boris. La fête se terminera mal et tôt le lendemain, alertée par Poker qui a entendu du bruit dans la cave, Calypso y trouve un cadavre. Ce n’est que le début d’une enquête rocambolesque où le matou devra se surpasser pour expliquer aux humains bornés comment trouver l’assassin.

Ce polar est particulièrement déjanté et drôle, Tante Peggy pratique la divination dans le champagne rosé, même de bon matin, Calypso rêve d’apprivoiser Poker, mais celui-ci se montre grincheux avec elle alors que tout le monde peut lui faire des câlins. La jeune femme mène l’enquête avec l’aide très active du matou qui a tout compris avant les humains mais peine à partager ses découvertes. J’ai beaucoup aimé ce minet intelligent. Calypso est sympathique, même si elle m’énervait au début par son côté très empoté et assez ridicule. Pour se donner du courage, elle met un chapeau orange fluo qui appartenait à son personnage et elle se comporte parfois comme une gamine de dix ans, notamment lors de la découverte du cadavre dans sa cave. On comprend à la fin que cet enchainement était nécessaire, mais sur le coup on doute d’avoir affaire à une femme d’âge mûr.

Les autres personnages sont chaleureux et hauts en couleurs, sauf Boris qui était un sale type, mais dont la présence est de courte durée. Le policier officiel est dépassé et finit par partager ses informations avec Calypso qui l’aide. Cet aspect m’a dérangée. On voit le même procédé avec Hercule Poirot ou Miss Marple, mais Calypso n’a pas leur talent. De plus c’est une intrigue contemporaine, si on peut supposer que dans la campagne anglaise il y a un siècle, la police avait des procédures moins strictes, aujourd’hui ce n’est pas du tout plausible. J’ai eu parfois l’impression de lire un roman du Club des Cinq plus qu’un polar pour adultes. Ceci ne m’empêchera pas de lire la suite des aventures de Poker.

L’écriture est fluide et agréable, il y a beaucoup d’humour et pas de violence. Le seul méchant est vite éliminé. C’est une lecture distrayante et sympathique. L’intrigue est complexe, il y a de nombreuses fausses pistes, je n’avais pas trouvé l’assassin, contrairement à Poker.

Quatrième de couverture

Qui peut prendre au sérieux une ancienne actrice qui enquête sur un meurtre avec, comme équipiers, une tante adepte de la divination dans le champagne et... un chat grincheux ?

Mon avis

Calypso, actrice en manque de film, s’installe chez sa tante Peggy qui tient une brocante sur le rocher. C’est toute son enfance qui lui revient en mémoire. Pour sa carrière de comédienne, elle s’est exilée au Brésil où elle a plutôt bien réussi. Elle était Zézé Pinta, une détective amateure qui se débrouillait plutôt pas mal. Assez à l’aise, elle n’a pas la langue dans sa poche. Comme elle n’a plus un sou, ou pas grand-chose, sa tante lui propose de la soutenir à la boutique, elle la loge et Calypso, soulagée, accepte cette solution qui devrait être temporaire. Peggy, quant à elle, pousse un gros ouf car son locataire gérant, Dick Pierson, est parti à la cloche de bois. Du jour au lendemain, abandonnant même son chat Poker. Elle va pouvoir, grâce à sa nièce, retrouver un peu de liberté.

Autour de cette boutique, gravite pas mal de monde, des ami-e-s de la tantine, de vieilles connaissances de l’artiste, des voisin-e-s. Il y a Colette et son mari Boris, Arthur (qui aide au magasin) en couple avec Louisette célèbre avocate. Colette tient une librairie et a Marion Ricci comme employée. Cette dernière tient le rayon « café et douceurs » du commerce. Elle a un don pour les gourmandises. Toutes ces personnes se côtoient en toute sympathie même si quelques fois, elles ne sont pas d’accord et ne disent pas tout. C’est un peu comme dans la vraie vie, des rivalités, des jalousies, des petits détails….

Colette fête son anniversaire au restaurant et voilà qu’elle se prend la tête avec son époux. Pourtant c’est lui qui avait organisé cette petite fête… Il n’est pas très apprécié des uns et des autres cet homme. Est-ce que cette dispute va plomber l’ambiance ? La personnalité du compagnon est sans doute plus complexe qu’elle en a l’air. Mais bon, chacun sa vie …. Et elle continue….

Peu après, une nuit, Caly est réveillée par du bruit (elle dort au-dessus de la brocante). Pas du tout rassurée, elle descend sur la pointe des pieds, accompagnée de Poker (on fait mieux comme garde du corps, mais bon…). Elle se retrouve avec un cadavre, prend peur (on la comprend) et prévient la police. Vadim, le commissaire débarque et là, ce n’est plus la même scène…. Calypso aurait-elle eu des visions ? Elle qui est habituée aux rôles de composition était peut-être dans son monde ?

Il va falloir mener des investigations, recouper des témoignages pas toujours très clairs et changeants… Calypso, « formée » aux enquêtes, vu ce qu’elle joue dans les sitcoms, se sent investie d’une mission pour les recherches (d’autant plus que tous semblent compter sur elle sauf Vadim). Elle fait tout pour comprendre et analyser les différents indices qu’elle récupère, les transmets à l’enquêteur (elle est bien brave de ne pas faire cavalier seul (e )). Vadim se rend rapidement compte que son esprit de déduction (elle n’avoue pas souvent que Poker lui donne un coup de main) peut l’aider… Elle agit un peu en électron libre mais on a beaucoup de plaisir à la suivre.

Ce cosy-mystery est mené de main de maître par deux autrices complices (pas de meurtre, je vous rassure, seulement d’écrits communs). On ne voit absolument pas qui rédige, c’est fluide, plaisant. Une pointe d’humour et de dérision, des indications distillées çà et là, petit à petit pour maintenir le suspense et un fond d’intrigue en lien avec l’art, quelques rebondissements, des fausses pistes, tout cela offre un ensemble équilibré et agréable à lire. Et surtout le chat Poker qui par ses facéties montre qu’il a dans la cervelle. Je crois bien qu’il va devenir un vrai héros !