
La Chair
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Rosa Montero, journaliste et romancière espagnole a écrit de nombreux livres : romans, récits et essais. Elle est très populaire dans le monde hispanophone et neuf de ses romans ont été traduits en français mais je ne les ai pas lus. Elle raconte dans « la chair » l’histoire « d’une séductrice impénitente aux prises avec les ravages du temps ».
« Pas facile d’accepter son âge quand on a soixante ans, qu’on vit seule et que votre amant vous quitte pour faire un enfant avec sa jeune épouse. Soledad engage donc un gigolo de trente ans pour l’accompagner à l’opéra et rendre jaloux le futur père. Mais à la sortie, un événement inattendu et violent bouleverse la situation et marque le début d’une relation trouble, volcanique et peut-être dangereuse.
Soledad se rebelle contre le destin avec rage et désespoir, avec humour aussi, et le récit de son aventure se mêle aux histoires des écrivains maudits de l’exposition qu’elle prépare pour la Bibliothèque nationale. »
J’avais un peu peur de me trouver face à un livre léger, genre « Bridget Jones prend un coup de vieux », je n’ai rien contre à vrai dire, mais moi aussi je vieillis et ce sujet me touche, avec dans son sillage des pensées assez angoissantes, pas vraiment légères, sans doute universelles, car elles nous toucheront tous un jour, et je vous le souhaite finalement ! Et, non ! Rosa Montero nous offre un roman loin d’être léger et nous entraîne dans les affres de la vieillesse assez crûment mais avec une grande justesse.
Soledad porte bien son nom : elle affronte la vieillesse effroyablement seule mais ne peut renoncer au désir, au sexe, au plaisir sans lequel la vie paraît bien terne. La chair, le corps, seul vecteur sensible pour apprécier la vie, la transcender et lui offrir des tranches d’immortalité. Son désir ne se porte pas sur les hommes de son âge qu’elle trouve négligés. Elle l’assume plus ou moins comme elle affronte aussi les regards de ceux qui la jugent d’avoir refusé la maternité, et ils sont légion, des regards qui font souffrir…
C’est un beau personnage de femme, attachant, aux multiples facettes parfois paradoxales : à la fois forte, brillante, lucide, désespérée, effrayée, affamée d’amour. Rosa Montero nous la décrit sans le moindre fard, avec une ironie parfois cruelle qui permet d’affronter la noirceur de son histoire et la puissance de ses angoisses. Quand elle rencontre Adam, gigolo russe, elle est bien décidée à ne pas aller bien loin, juste faire baver son ex, mais évidemment la relation se développe… Adam aussi est un être cabossé. Les êtres blessés sont parfois dangereux et Rosa Montero sait faire monter le suspense : elle dévoile peu à peu leur vie sans lever le doute, on ne sait pas lequel des deux est en danger…
Elle construit son roman en y ajoutant également des récits de vie d’auteurs maudits sur lesquels Soledad prépare une exposition à la Bibliothèque nationale. Tous ces récits sont bien documentés, pour vérifier ses informations, Soledad rencontre la journaliste Rosa Montero ! Les récits s’imbriquent avec une grande habileté, ils se répondent, se font écho et Rosa Montero, mine de rien, nous met face à nos plus grandes angoisses tout en louant la splendeur de la vie.
Un roman fort, juste et touchant.
Où?
Le roman se déroule à Madrid et dans sa banlieue. On y évoque aussi un voyage à Barcelone et Bahia, au Brésil ainsi que le village de Janty, à côté de Niagan en Russie.
Quand?
L’action se situe de nos jours.
Ce que j’en pense
« Cher lecteur, j’aimerais te demander un service. Et il s’agit de garder le silence. La tension narrative de ce roman repose sur l’erreur de croire que, dans la relation entre Soledad et Adam, le personnage potentiellement dangereux est…(…) si, on le raconte, la structure, le rythme et le mystère du texte tombe à l’eau. Un grand merci. » Il est bien rare qu’un auteur s’adresse en postface à son lecteur et plus rare encore qu’il l’enjoigne de ne quasiment rien révéler de son roman. La tâche du chroniqueur devient alors difficile. Je vais toutefois essayer de relever le défi, essayer tout à la fois de vous faire aimer La Chair tout en respectant le vœu émis par Rosa Montero de ne pas trop en dire.
Soledad a soixante ans. Un âge ingrat, surtout lorsque l’on vient d’être quittée et que l’on se retrouve seule au moment d’aller à l’opéra où le traître sera présent avec sa nouvelle conquête. Surtout lorsque l’on prend soin de s’étudier face au miroir: « Le corps était une chose terrible, en effet. La vieillesse et la détérioration s’y tapissaient insidieusement et l’intéressé était souvent le dernier à l’apprendre, comme les cocus du théâtre classique. »
Mais Soledad a des ressources. Elle gagne bien sa vie, prépare une nouvelle exposition sur le thème des artistes maudits, et décide d’avoir recours aux services d’un gigolo qu’elle trouve sur le site AuPlaisirDesFemmes.com et qui lui servira de chevalier servant pour ses sorties. Le jeune Russe est non seulement beau, mais charmant et attentionné et Soledad va finir va se laisser prendre au jeu. Tout en sachant que sa relation n’est pas amoureuse, qu’elle paie pour un service, elle va avoir envie d’y croire. Elle va passer beaucoup de temps à se faire belle, va avoir envie de faire des cadeaux à son jeune amant, un téléphone portable, une garde-robe, des repas dans les grands restaurants. « Elle commençait à se sentir désespérée qu’ils ne se retrouvent que pour faire l’amour, que leur relation reste enfermée dans la cage étroite de la clandestinité et de la routine. » Du coup, cette relation tarifée va virer à l’obsession. Elle va chercher à en savoir plus sur le beau gigolo, suit son emploi du temps à la minute, fait le guet devant son immeuble de la banlieue de Madrid, le piste durant ses déplacements. Un jour, elle le voit avec une métisse et un enfant, alors qu’il affirmait vivre seul. Pour en avoir le cœur net, elle va même endosser le rôle d’un agent de recensement pour faire du porte à porte dans l’immeuble.
Du coup, on se demande si le piège n’est pas en train de se refermer sur elle. Ne devient-elle pas dépendante, «folle» de son amant. Un peu à l’image de ces écrivains maudits qu’elle étudie et dont elle nous raconte les errements. Dans cette galerie, outre Philip K. Dick et Anne Parry, on trouve William Burroughs, Maria Luisa Bombal et Maria Carolina Geel, deux femmes écrivaines chiliennes du XXe siècle qui ont tué leur amant, Maria Lejáragga qui a laissé son mari endosser la paternité de son œuvre, sans oublier Josefina Aznárez, dont on aurait bien aimé qu’elle existât. Cette femme qui se fait passer pour un homme et dont la supercherie, au moment d’être découverte, va l’entraîner vers une fin tragique mériterait un roman à elle toute seule ! Mais comme promis, je n’en dirai pas davantage. Ayant commencé cette chronique par la postface, je la conclurai par le début, par une définition de la vie à la Soledad : « « La vie est un petit espace de lumière entre deux nostalgies : celle de ce que vous n’avez pas encore vécu et celle de ce que vous n’allez plus pouvoir vivre. »
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