Revue internationale et stratégique n° 101 (1/2016) La corruption : phénomène ancien, problème nouve

Considérée comme un sujet mineur jusqu’aux années 1970, la corruption s’est transformée en l’espace de quelques années en une thématique incontournable, au point de devenir un indice de développement ou un motif de renversement de pouvoir. Ainsi Daniel Dommel écrivait-il, à l’automne 2001, que « la corruption internationale est un phénomène ancien, mais un problème nouveau ». Cette prise de conscience, à la fois citoyenne et politique a entraîné l’émergence d’une société civile présente et militante, réclamant une (r)évolution du système et une transparence accrue. En impactant directement les entreprises, PME comme multinationales, en affectant la crédibilité de dirigeants politiques, en renvoyant tout simplement une image négative, la corruption est devenue un enjeu pour tous, jusqu’à être en mesure de bouleverser la stabilité d’un État. Si de nombreux exemples le démontrent, il convient pourtant de s’interroger sur les raisons de ce changement. Comment l’expliquer ? Pourquoi considère-t-on désormais la corruption comme un paramètre central du jeu politique, susceptible d’engendrer des bouleversements importants à l’échelle locale, nationale ou internationale ? Quels sont les éléments ou les acteurs qui ont fait de la corruption et, plus précisément, de la lutte contre la corruption un sujet désormais inévitable ? De même, s’agit-il réellement d’un nouvel enjeu ou est-ce une perception biaisée et renforcée par la crise économique ?