Le dixième vaisseau

Synopsis

Livio Squirell, capitaine de vaisseau intrépide, purge une peine de réclusion à perpétuité pour des meurtres qu’il a toujours niés. Jusqu’au jour où le gouvernement lui propose, en échange de sa liberté, de prendre part à une expédition vers la galaxie du Triangle.

Mais le voyage s’annonce périlleux : les neuf vaisseaux ayant précédemment tenté l’aventure ont mystérieusement disparu… À bord de l’Esmerillo, l’ambiance se dégrade vite. L’équipage arrivera-t-il à destination ? Et que se passe-t-il vraiment dans la galaxie du Triangle ?

Avis lecture

Ce roman qui me fait de l’œil depuis sa sortie en grand format

Ça remonte à quelques années maintenant, puisque Le Dixième Vaisseau était initialement annoncé chez Scrineo fin 2021, année durant laquelle j’étais partenaire de la maison d’édition. Sa parution a toutefois été repoussée de quelques mois, raison pour laquelle je suis passée à côté.

Pourtant, je ne l’ai jamais oublié ! Peut-être parce qu’il fait partie de la collection Scrineo SF que j’avais découverte avec Les Oubliés de l’amas de Floriane Soulas, un joli coup de cœur que j’aurais aimé réitéré avec ce titre. Bon, ce ne fut pas le cas, mais j’ai quand même passé un bon moment de lecture.

Je remercie donc Babelio et les éditions J’ai lu pour l’envoi de ce roman (au format poche, vous l’aurez compris).

Comme une envie de science-fiction

Voilà mon mood actuel, même si je sais que je reviendrai très vite à la fantasy. Quoi qu’il en soit, cette lecture est tombée à pic ! Pour preuve, les débuts m’ont enthousiasmée.

Pierre Bordage a ce talent rare de nous immerger dans un monde complexe avec des mots simples. Malgré des technologies inconnues et des concepts scientifiques relativement poussés (je pense notamment au saut quantique), je n’ai eu aucun mal à suivre le fil de l’histoire. Et pour ne rien gâcher, sa plume est aussi fluide qu’agréable (pas de surprise de ce côté, puisque je l’avais déjà découverte dans sa duologie Arkane).

Mais peut-être cette simplicité apparente est-elle autant un atout qu’un défaut.

Des facilités scénaristiques assumées

C’est, en tout cas, de cette façon que je les ai perçues. Ce ne sont pas des maladresses de la part de l’auteur, mais une façon de faire avancer le récit. En un sens, j’ai apprécié la direction générale de l’intrigue et l’ai même trouvée addictive. Cependant, j’aurais préféré que les événements soient plus fouillés, que les transitions soient mieux amenées et, surtout, que les actions des personnages soient davantage motivées que par une simple intuition ou des sentiments trop vite naissants. 

Paradoxalement, alors que le scénario est facile à suivre, il prend également des chemins tarabiscotés à cause du comportement des héros, tantôt changeant, tantôt incohérent. Et c’est justement ce qui m’amène au point suivant…

Des personnages relativement lisses

J’étais pourtant très intriguée par le capitaine Livio Squirrel qui n’a d’autre choix que d’embarquer pour une mission suicidaire afin de recouvrer sa liberté, après une condamnation parfaitement injuste. Certes, ce postulat de départ est un peu cliché, mais il n’est pas déplaisant pour autant. Le hic, c’est qu’en dehors de quelques décisions risquées, j’ai trouvé le capitaine sans profondeur.

Problème similaire avec Flogg, le personnage féminin, qui m’a semblé très passive alors même que l’auteur lui prête un caractère bien trempé. Et je ne parle pas des personnages secondaires pour la plupart caricaturaux. Dommage !

Seule petite exception : l’IA du vaisseau qui, à force de côtoyer l’équipage, finit par développer ses propres contradictions. J’ai beaucoup souri en lisant ses échanges avec Livio Squirell.

Du reste, je dois quand même saluer la capacité de Pierre Bordage de créer toute une série de créatures non humaines qu’il est néanmoins facile de visualiser. Encore une fois, il a une véritable aisance pour faire assimiler à son lecteur des choses complexes ou méconnues, sans alourdir le texte d’explications inutiles.

Une résolution audacieuse

Alors que le danger est partout, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du vaisseau, j’ai tourné les pages avec de plus en plus d’avidité. Certains mystères devenaient de plus en plus nébuleux et j’étais vraiment curieuse de découvrir les révélations finales.

Verdict ? Sans être véritablement déçue, j’aurais aimé que la résolution de l’histoire soit moins simpliste. Elle est toutefois à l’image du reste du roman, ce qui me conforte dans l’idée qu’il plaira davantage aux lecteurs désireux de vivre une grande et belle aventure spatiale qu’aux amateurs de space opera ambitieux.