
Rendez-vous dans le noir
Résumé éditeur
livré en 5 jours
l’avis des lecteurs
C'est d'un ton assez péremptoire que l'on peut affirmer que l’avenir du roman noir et du roman policier se dessine du côté des pays asiatiques comme le Japon ou la Corée. Des cultures différentes et des états d’esprit singuliers brisent régulièrement les codes de ces genres littéraires pour les transcender comme Otsuichi (nom de plume de Hirotaka Adachi), écrivain japonais que j’ai découvert un peu par hasard au détour du présentoir de ma librairie favorite.
L’un des ouvrages de Otsuichi, Goth, adapté pour un manga a déjà été traduit en français, mais n’étant pas un familier de ce support littéraire, je l’ai découvert par le biais d’un roman, Rendez-Vous Dans le Noir, publié par une petite maison d’édition spécialisée dans la littérature asiatique.
Michiru est une jeune femme aveugle et solitaire qui vit recluse dans une grande maison à proximité d’une gare lorsqu’elle apprend qu’un homme a été poussé sous un train alors qu’il attendait sur le quai. Peu de temps après, Michiru ressent comme une présence dans sa maison. L’effroi passé, elle va tenter d’instaurer une espèce de dialogue silencieux avec cette mystérieuse présence qui s’obstine à rester muette et qui semble attendre quelque chose. Mais s’agit-il vraiment du meurtrier et pourquoi Michiru s’obstine à ne pas signaler cette présence aux quelques connaissances qui viennent encore lui rendre visite ?
Rendez-Vous Dans le Noir est un roman à la fois déroutant et ingénieux où l’auteur plonge ses deux personnages principaux dans une introspection tout en nuance et en subtilité qui met en exergue toute la problématique de l’absence de communication dans cette froide période de Noël. L’un des éléments qui surprendra le lecteur c’est de ne pas connaître exactement les circonstances du drame au moment où il se produit. Otsuichi interrompt le récit par une longue série de points de suspension pour passer sous silence cet élément capital. Cette ponctuation déroutante signale une manipulation importante de l’intrigue sans toutefois la dissimuler dans une série de faux semblants abscons. Un processus assez radical qui pourra ravir ou rebuter le lecteur. L’autre surprise du livre provient de cette rencontre muette entre Michiru et cet inconnu où l’absence de dialogue est compensée par une multitude de petits gestes qui donneront la tonalité des attitudes que devront adopter les deux protagonistes afin de s’apprivoiser au-delà de leurs handicaps respectifs. C’est tout l’enjeu de l’ouvrage qui se construit sur le passé et notamment l’enfance de ces deux personnages dont la rencontre ne s’avérera finalement pas si fortuite que cela. Et c’est bien là toute la force de ce roman où les « hasards » se révèleront être des mécanismes subtiles alimentant ainsi la série de rebondissements raffinés qui constituent l’intrigue.
On regrettera peut-être la faiblesse des personnages secondaires à l’instar de la meilleure amie de Michuru dont le caractère infantile semble peu crédible nuisant ainsi à la qualité de l’histoire. Ce caractère puéril on le retrouve chez d’autres personnages qui jalonnent le récit comme ce jeune employé d’une imprimerie qui ne paraît absolument pas réaliste. Dans un texte aussi court ces petits défauts nuisent à la qualité de l’ensemble sans toutefois péjorer l’atmosphère mélancolique et angoissante de ce roman insolite.
A l’instar d’un James Ellroy qui a ravivé les couleurs du roman noir dans les années quatre-vingts, il faudra peut-être un auteur d’une certaine envergure, une espèce de chef de file, pour amener le roman noir ou le polar asiatique sur les devants de la scène. Ce n’est qu’une question de temps et de traductions car les talents semblent être légion dans ces contrées lointaines.
Cela ne vous aura pas échappé, il n’y a pas grand-chose sur les polars asiatiques en général, et japonais en particulier ici. Manque d’occasion, curiosité défaillante, attirance plus marquée pour l’Europe et l’Amérique … Sans doute une peu de tout ça. Mais rien n’étant irréversible, je me suis laissé tenter par ce Rendez-vous dans le noir du japonais Otsuichi. Et j’ai bien fait.
Michiru est une jeune femme devenue aveugle dans un accident. Depuis la mort de son père elle vit seule dans sa maison, ne sortant que très rarement avec la seule amie qui lui reste. Akihiro aussi vit seul, sans amis, et ne sort que pour se rendre à son travail, dans une imprimerie. Parce qu’il est réservé, il devient peu à peu le souffre-douleur du meneur de l’atelier.
Un matin, dans la gare qui jouxte la maison de Michiru, un homme est poussé sur la voie et meurt percuté par l’express qui passe à ce moment-là. Le même jour, Michiru se rend compte qu’elle n’est plus seule dans sa maison, et que quelqu’un est là, silencieux. Peu à peu, entre deux êtres seuls, une étrange relation se noue.
Voilà un polar très fin et très bien fichu. Et il fallait ça pour que je m’y intéresse. Parce qu’a priori, les thrillers psy c’est pas mon truc. Et puis la culture japonaise toute en retenue et en non-dits, avec les frustrations rentrées que ça entraîne c’est pas non plus mon verre de saké. En général je préfère quand sa gueule et que ça pète.
Mais là, chapeau.
Toute en subtilité l’auteur fait ressentir la double solitude des personnages. L’enfermement dans un double carcan de la jeune femme, aveugle et tellement éduquée à être polie, à ne pas déranger, à ne pas avoir le moindre espoir d’une vie un peu épanouie. Et celui du jeune homme, incapable de cette fausse fraternisation du boulot, individu qui ne rentre pas dans la moule et est donc implacablement rejeté.
Toute la rigidité d’une société montrée sans en avoir l’air au travers des pensées, pourtant jamais revendicatrices des deux personnages. Et derrière cette raideur, des souffrances, évoquées plus que décrites, que l’on ressent plus qu’on ne les comprend. Des souffrances que l’on devine représentatives de toute une société, même si ici elles semblent individuelles.
Mais ce n’est pas tout. Petit à petit, mine de rien, l’intrigue se noue, sans même qu’on s’en aperçoive, pour se résoudre en quelques retournements diablement bien amenés lors d’un final que rien, vraiment rien, ne pouvait laisser deviner.
Je ne lirais pas ça tous les jours, je continue à préférer la fureur, l’énergie et l’enthousiasme d’un Taibo, la rage d’un James Lee Burke ou l’humour d’un Camilleri, mais je dois avouer que, dans son style, c’est très fort. Et émouvant.
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