Les serpents viendront pour toi
  • Date de parution 03/06/2021
  • Nombre de pages 135
  • Poids de l’article 220 gr
  • ISBN-13 9791037504098
  • Editeur ARENES
  • Format 216 x 136 mm
  • Edition Grand format
Biographies, Mémoires Géopolitique

Les serpents viendront pour toi

3.96 / 5 (108 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

C'est une guerre qui ne dit pas son nom. En Colombie, chaque année, des centaines de "leaders sociaux" sont tués dans l'indifférence générale. Syndicalistes, responsables associatifs, simples citoyens faisant valoir leurs droits... L'une de ces figures s'appelait Maritza, mère de six enfants, assassinée dans sa ferme isolée au coeur d'une région où se mêlent groupes armés, narcotrafic et enjeux touristiques. Pourquoi cette mort ? Emilienne Malfatto décide de tirer le fil.Des Andes aux Caraïbes, ce récit est la quête d'une vérité qui se dérobe comme dans un jeu de miroirs, au milieu des menteurs et des hommes violents. Au pays du réalisme magique, cette enquête littéraire d'une puissance fulgurante prouve que l'écriture détient encore le pouvoir de traquer les bourreaux pour faire entendre la voix des victimes.

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  • Date de parution 03/06/2021
  • Nombre de pages 135
  • Poids de l’article 220 gr
  • ISBN-13 9791037504098
  • Editeur ARENES
  • Format 216 x 136 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Après le succès du premier roman d'Emilienne MalfattoQue se lamente le tigre, Prix Goncourt du Premier roman 2021, c'est avec impatience que je me suis plongée dans son nouveau livre. Un essai qui emmène cette fois-ci le lecteur, en Colombie.  
Journaliste, L'auteure enquête sur l'assassinat de Maritza, mère de six enfants et nous raconte le destin tragique d'une famille colombienne dans un pays où se mêlent groupes armés, narcotrafiquants et mafieux. 
Un récit court abordant un sujet rare et percutant sur la situation des leaders sociaux qui sont tués en toute impunité et dont les coupables ne sont jamais inquiétés. Omerta, peur, menaces, la violence sévit dans ce pays sur fond de trafic de cocaïne. Des meurtres commis dans l'indifférence totale.
Une lecture édifiante dont la belle écriture et sensible de l'auteure m'a embarquée dès les premiers mots. Un ouvrage donnant la voix aux victimes et dénonçant des actes intolérables présents encore de nos jours. 

Alors qu’elle étudie, en Colombie, le phénomène des assassinats de leaders sociaux, Emilienne Malfatto apprend celui de Maritza Quiroz Leiva, jeune sexagénaire et mère de six enfants. Survenu le 5 janvier 2019, il est déjà le cinquième de l’année. Pourtant, après avoir fait quelques gros titres dans la presse, il est rapidement oublié.

Ce terme de leader social, fourre-tout, désigne toute personne se consacrant à la défense ou à la promotion des droits d’une communauté, de l’environnement, de travailleurs… Ils ont de tout temps fait l’objet de menaces et de persécutions, y compris légales. Depuis l’accord de paix de 2016 signé entre le gouvernement et les FARC, mettant fin à 52 ans de conflit, il en meurt davantage chaque année, car d’autres groupes armés, opposés à cet accord, ont continué de sévir dans plusieurs zones du pays, mais aussi parce que "les élites politiques et économiques qui ont la mainmise sur le pays depuis des générations n'ont pas intérêt à ce que les choses changent". En 2020, le nombre de ces assassinats, minimisés voire niés par les autorités, atteignait 310. 

Parce qu’elle était à peine plus âgée que sa propre mère, et qu’elle ressemblait un peu à cette dernière sur une photographie de jeunesse, Emilienne Malfatto choisit de faire du meurtre de Maritza son étude de cas.

Cherchant surtout à comprendre le parcours qui a mené à sa mort, elle s’intéresse à son passé. Pour cela, elle rencontre ses enfants, dont certains se cachent depuis sa mort, tel le fils dont la presse a révélé non seulement la présence lors du drame, mais aussi le nom… Elle se rend dans les lieux où elle a vécu, notamment là où, selon elle, tout a commencé. C’est au début des années 2000 que Maritza part vivre avec son compagnon Alvaro et leurs enfants dans une ferme isolée (et c’est un euphémisme) de la Sierra Nevada, qu’ils baptisent El Encanto, où les conditions de vie sont très rudimentaires. C’est un lieu de terre fertile et luxuriante, mais quasi inaccessible, où les montagnes touchent les nuages, où l’on croit aux sorcières et aux présages. C’est aussi une zone d’extrême violence : les visites d’hommes en armes appartenant à la guérilla, à l’armée régulière ou aux groupes paramilitaires s’y succèdent, imposant leur présence aux civils, forçant une hospitalité qu’ils ne doivent généralement qu’à la peur qu’ils suscitent. Lorsqu’Alvaro est tué, commence pour le reste de la famille la longue fuite, un temps de faim et de tourment qui amènera Maritza, quelques années plus tard, à participer à un "projet productif pour victimes du conflit armé" dans la finca où elle sera assassinée.

Emilienne Malfatto pensait relater une histoire simple, chroniquer une mort annoncée… Elle se retrouve face à ce qu’elle appelle le casse-tête colombien, entrelacs de paradoxes, de mensonges et d’omissions. Les témoignages qu’elle recueille sont souvent contradictoires, biaisés par les rancœurs et la méfiance, et finissent par constituer un labyrinthe de miroirs déformants où la vérité se tord, se diffracte. Suivant les sinuosités du récit, elle tente, après la version des enfants, d’obtenir celle des assassins. Elle parvient non sans peine à rencontrer d’anciens combattants démobilisés après les accords de 2016, mais loin de reconnaître leurs crimes et leurs erreurs, ainsi que le suppose tout processus de paix, c’est au déni et à la minimisation de leurs actes qu’elle fait face.

La divergence des témoignages, la difficulté à appréhender ne serait-ce qu’une bribe de vérité ne permettent ni d’élucider la mort de Maritza, ni de comprendre précisément les mécanismes intimes qui ont déterminé son parcours. Mais n’est-ce pas justement dans cette incapacité même à cerner le sens précis de cet événement, que se trouve l’explication de l’assassinat, résultat, que l’on pourrait ériger en symbole, des dysfonctionnements structurels d’une société brutale, corrompue et profondément inégalitaire ?

Car le destin de Maritza et de sa famille est emblématique de celui de nombreux autres colombiens, notamment de ceux que l’on a pudiquement appelé les "déplacés internes" -qui ont représenté jusqu’à 7 % de la population du pays-, qui, contraints de fuir une menace souvent létale, ont tout perdu, et généralement échoué dans les bas-fonds des grandes villes, soumis à leur misère et à leur violence endémiques.

Suivre l’auteure dans son enquête donne à voir la persistance des fléaux qui gangrènent la Colombie, écrasent ses habitants, et tranchent avec l’apparence paisible de carte postale qu’affichent les autorités pour développer le tourisme. Au-delà des zones balnéaires, dont les activités sont ponctionnées en quasi-totalité par les bandes criminelles qui les utilisent comme Lavomatic pour l’argent de la drogue, les quartiers miséreux où survivent ces déplacés, trop dangereux pour y mettre les pieds, pullulent. Leurs populations, asservies par la peur, sont prêtes à avoir faim, à travailler comme des esclaves ou à sacrifier les possibilités d’études de leurs enfants pour ne serait-ce qu’obtenir enfin un peu de tranquillité. 

Le récit est bref, mais efficace. Il est surtout glaçant, et désespérant.


Dans l’Irak rural d’aujourd’hui, sur les rives du Tigre, une jeune fille franchit l’interdit absolu: hors mariage, une relation amoureuse, comme un élan de vie. Le garçon meurt sous les bombes, la jeune fille est enceinte: son destin est scellé. Alors que la mécanique implacable s’ébranle, les membres de la famille se déploient en une ronde d’ombres muettes sous le regard tutélaire de Gilgamesh, héros mésopotamien, porteur de la mémoire du pays et des hommes.

Inspirée par les réalités complexes de l’Irak qu’elle connait bien, Emilienne Malfatto nous fait pénétrer avec subtilité dans une société fermée, régentée par l’autorité masculine et le code de l’honneur. Un premier roman fulgurant, à l’intensité d’une tragédie antique.

Ma lecture

Je suis un homme bien mais je n’empêcherai pas mon frère de tuer ma sœur. Je suis en demi-teinte, enchaîné par des règles que je condamne, navré d’être un salaud. (p70)

Irak – Temps de guerre mais il y a des guerres dont on ne parle pas, peu, pas assez. C’est une guerre silencieuse, qui se tait, se cache dans les maisons, au sein même des familles. Celle du déshonneur, celui qui rejaillit sur les femmes lorsqu’elles portent en elles le fruit de l’amour interdit, même si c’est celui de l’amour mort au combat, celui de l’ami estimé par tous. C’est une guerre qui se règle entre soi, qui arme la main de son propre frère, son propre sang, une mort au sein de sa famille qui se tait, qui accepte.

Elle porte et sent la vie en elle et elle attend la mort pour elle et pour son enfant, la mort qui a emporté celui qu’elle aimait, la mort à laquelle elle se résigne car elle sait que personne ne viendra la délivrer de son funeste destin. Elle l’attend car tel est son destin : avoir aimé et mourir. 

Un premier roman qui tient sa force par sa brièveté, par le poids des mots et surtout par le fait qu’il est le reflet d’une réalité vécue par des femmes vêtues de noir, des femmes cachées, vivant terrées sous la domination masculine et dont le destin ne réside que dans le silence et l’acceptation de celui-ci, des ombres furtives dont les visages seront à jamais cachés, oubliés.

Un court roman à la manière d’un conte noir mais ici il n’y a pas de « il était une fois » car ici c’est une réalité et elle nous est relatée à plusieurs voix, celles de chacun des membres de la famille, chacun argumentant ou justifiant l’acte qui va advenir, rythmé par les extraits des textes de Gilgamesh, héros des temps anciens, quand le pays portait un autre nom, la Mésopotamie, baignée par le Tigre, ce fleuve qui porte en lui la mémoire d’un pays fier et d’un honneur acquis par ses découvertes et son érudition.

Alors rien ne sert de baisser les yeux, de ne pas écouter les voix, de se voiler la face, écoutons à travers les mots d’Emilienne Malfatto, journaliste spécialiste de l’Irak, les femmes qu’on ne verra jamais, qu’on n’entendra jamais car elles vivent sous le joug de l’obscurantisme et disparaissent sans bruit, à peine un murmure.

Un roman poignant dans sa simplicité, dans sa brièveté parce qu’il contient en moins de 80 pages toute l’inhumanité, toute la violence et la cruauté du monde, parce qu’il résume en moins de 80 pages la condition féminine dans ce qu’elle a de plus terrible au XXIème siècle dans un pays ravagé par les conflits et le pouvoir des hommes.

J’ai retrouvé une écriture semblable à Laurent Gaudé, avec un rythme, un phrasé à la manière d’une légende, avec des phrases courtes, rythmées, interrogatives à travers cette jeune fille qui n’a pour seul crime que celui d’avoir aimé, qui tente de vivre ses dernières heures en cherchant à comprendre pourquoi celui avec qui elle a grandi et été élevée va être celui qui lui ôte la vie

Une mention particulière pour la qualité du livre, de sa mise en page et une photo de couverture de l’auteure qui à elle seule résume tellement le contenu, ces femmes dans l’ombre, de toutes générations qui se dissimulent pour parler, rire avec, si l’on observe attentivement, sur la droite, la présence pesante d’une main masculine tenant une cigarette.

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