Don Quichotte
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Je croyais que Don Quichotte était une pièce de théâtre (fourvoiement probablement dû à un vague amalgame avec "Le Cid")...
Je vous laisse par conséquent imaginer ma surprise -et je l'avoue, ma frayeur- lorsque, ayant répondu avec enthousiasme à une proposition de lecture commune d'Aaliz, j'ai découvert dans les rayonnages de la librairie les deux tomes de l'édition de poche, qui forment au total un texte de plus de 1400 pages !
Le résultat, c'est que j'ai passé plusieurs semaines -dont deux de vacances fouettée par les alizés bretons- en compagnie de l'un des héros sans doute les plus fous de la littérature classique. Et il faut que je remercie Aaliz, sans laquelle je n'aurais sans doute jamais fait plus ample connaissance avec cet énergumène ô combien attachant (bien qu'un peu collant... bah oui, 1400 pages, quand même) !
Peut-être Cervantès aurait-il été vexé par ce qui va suivre, mais ce que je retiendrai principalement de cette lecture, c'est d'avoir bien ri... "Don Quichotte" restera pour moi l'un des romans les plus cocasses et rocambolesques que j'ai jamais lus... Et après tout, c'était surement l'un des buts de l'auteur, en faisant de son récit une accumulation d’aventures plus loufoques les unes que les autres.
Les aventures... voilà ce que recherche à tout prix l'hidalgo Alonso Quichano. L'esprit colonisé par celles que dépeignent les romans dont il s'est imprégné, il décide de devenir chevalier errant, et de rétablir ainsi le code de l'honneur qui s'y rattache, tombé à son grand regret en désuétude. Contrairement à ces nouveaux chevaliers qu'il méprise, arrogants et paresseux, davantage préoccupés de leur apparence que de la défense de quelque idéal, lui ira protéger la veuve et l'orphelin, secourir les gentes dames en péril, tout en restant humble. Rebaptisé pour l'occasion Don Quichotte, il s'adjoint la compagnie de Sancho Panza, un paysan qui accepte, contre la promesse d'une "isle" à gouverner, d'être son écuyer. A dos, l'un de son vieux cheval -Rossinante-, l'autre de son âne, ils prennent la route afin d'aller au-devant des exploits qui attendent forcément ce singulier chevalier vieillissant à l'allure souffreteuse.
Et grâce à l'aide de son imagination fertile, ils les rencontrent en effet !
Car à l'aune de sa logique démente, de pauvres hères prennent l'apparence de châtelains et les putains deviennent des dames, les auberges se transforment en château et les moulins à vent en géants...
Et son verbe est à l'image de ses délires : Don Quichotte fait preuve d'une faconde grandiloquente, qui illustre à la fois son courage et son opiniâtreté, son érudition et sa folie. Il mêle dans ses argumentations références à la littérature chevaleresque et à la mythologie, voire aux contes et légendes, mais il montre en même temps une capacité de raisonnement remarquable, étonnant systématiquement ses interlocuteurs par la contradiction entre ses facilités intellectuelles et ses convictions fantasques.
"Don Quichotte" est ainsi la succession d'épisodes au cours desquels le héros tente de s'illustrer, qui souvent se terminent à son désavantage, Sancho et lui-même se retrouvant à plusieurs reprises roués de coups ou dévalisés. Mais le chevalier ne se décourage jamais, trouvant à toute situation une explication logique et justifiant son issue.
Il croise sur sa route une multitude de personnages, qui lui confient leurs malheurs ou font état de leurs propres aventures : amours trompées, drames de jeunes filles qui veulent à tout prix sauvegarder leur honneur malgré la convoitise et la passion que leur beauté suscite... Les événements s’enchaînent, et acquièrent au fil du texte un caractère redondant, car bien que leur dimension extraordinaire fasse l'objet d'une surenchère -chaque héroïne qui apparaît surpasse en beauté toutes les autres, et les aventures racontées par personnages secondaires sont de plus en plus incroyables-, leur déroulement est souvent similaire.
Malgré tout, de quiproquos en farces -jouées à l'intention de Don Quichotte, dont les tribulations sont devenues, dans le tome 2, légendaires-, les occasions de se réjouir, voire de rire franchement (certes aux dépens du héros) ne manquent pas. Ceci dit, le cocasse des situations n'est pas l'unique motif de distraction. J'ai beaucoup apprécié le contraste créé entre le fond et la forme, Cervantès utilisant un langage fleuri, lyrique, pour décrire des scènes triviales, voire scatologiques. Tout comme le couple formé par Don Quichotte et Sancho Panza, par le truchement des dialogues qu'ils échangent, est également un motif de divertissement. Et soyons juste : Sancho est, au même titre que son maître, le héros de ce roman. D'abord présenté comme un individu pragmatique mais naïf, bavard impénitent, impertinent et têtu (presque autant que Don Quichotte !), il révèle au cours de la lecture toute l'étendue de sa loyauté, et surtout démontre sa capacité d'analyse et de remise en question. Par ailleurs, le lien qui se crée entre maître et serviteur est réellement touchant.
"Don Quichotte" est une épopée délirante, à laquelle on peut reprocher sa longueur (un tome aurait à mon avis suffit). Ce roman se prête sans doute à plusieurs niveaux de lectures, et diverses interprétations quant au but de l'auteur. On y trouve en effet, au détour d'une aventure, quelques mots acerbes à l'encontre de l'organisation sociétale espagnole de ce début du XVIIe siècle, et il est par ailleurs clair que Cervantès y ridiculise une certaine littérature chevaleresque, irréaliste et devenue désuète.
Mais les souvenirs que je conserverai de "Don Quichotte" sont surtout ceux des tribulations de ses piteux héros...
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