La Sorcière: Présentation de Paule Petitier

• En embrassant d'un seul regard toute l'étendue du Moyen Âge, de la Renaissance et du Grand Siècle, Michelet discerne pour la première fois la suite rigoureuse d'une tragédie dont l'héroïne serait une femme à la fois révérée et persécutée : la sorcière. La première partie de l’œuvre plonge le lecteur dans le «  roman  » de la Sorcière. C’est la reconstitution poétique d’une vie de femme qui s’étendrait sur trois cents ans. L’historien montre comment la crise de la fin du Moyen Âge conduit à la construction d’un univers mental torturé d’où jaillit la figure de Satan. La puissance évocatrice de cette reconstitution en fait une œuvre majeure de la littérature du XIXe siècle, qui a connu plusieurs adaptations ou transpositions cinématographiques (Belladonna of sadness, 1973  ; La Fiancée du pirate, 1969).• La Sorcière est l’œuvre la plus audacieuse de Michelet, saluée au XXe siècle par George Bataille, Roland Barthes, Michel Serres, dans des textes qui mettent en lumière sa profondeur épistémologique. Anthropologues et historiens ont également relevé les intuitions de Michelet sur la fonction de la sorcière dans la société villageoise (Favret-Saada, Mandrou).• Elle constitue une entrée dans l’œuvre de Michelet moins impressionnante que les dix-sept volumes de l’Histoire de France ou les deux tomes Pléiade de l’Histoire de la Révolution.• Pourquoi cette édition  ? Le succès actuel de la figure de la Sorcière encourage à jeter une lumière neuve sur le texte de Michelet. Ce n’est pas surfer sur la mode que de le faire apparaître comme l’un des livres ayant contribué à constituer le mythe moderne de la Sorcière  : il l’est réellement. Il pose les bases d’une figure symbolique que se sont par la suite appropriées les féministes, et plus récemment l’écoféminisme. Cet éclairage neuf n’est pas présent dans les éditions conccurentes.