As-tu mérité tes yeux ?
Résumé éditeur
livré en 4 jours
l’avis des lecteurs
Clairement, je dois des excuses à Foodistan et à son autrice. Je pense que tout à ma déception et à mon manque de réceptivité à l’angle d’attaque de son travail, tout en persistant à penser que la cible a été globalement raté, force est d’admettre que j’ai été bien trop dur.
Je m’en rends compte, parce que la lecture qui nous concerne aujourd’hui a, à mes yeux, encore moins de mérites. Et croyez bien que ça ne me fait pas plaisir, parce que vous savez que j’aime le Bélial’ d’amour, et que je leur suis éternellement reconnaissant de continuellement nourrir ma bibliothèque de SP estampillés Une-Heure-Lumière.
Mais là, encore une fois, ma volonté d’honnêteté perpétuelle me commande de vous dire que je trouve la novella du jour assez abjecte. Pour ne pas dire sans grand intérêt. Je ne comprends pas ce qui, en dehors d’une certaine valeur de choc et de publicité par le clivage, peut pousser un éditeur à pousser un ouvrage pareil. Sincèrement : je veux bien qu’on m’explique, parce que clairement, j’ai dû rater quelque chose.
Et en attendant qu’on le fasse éventuellement, je vais vous expliquer, moi, pourquoi je suis aussi remonté.
Alors un petit point positif pour commencer, quand même : formellement, un récit sous forme d’échanges de mail et d’historiques de conversation Messenger, c’est sympa. Voilà, c’est un peu moderne, ça applique un petit twist à la formule épistolaire, c’est cool. Dans l’idée.
Pour le reste, je trouve qu’Eric LaRocca s’est planté sur toute la ligne. D’abord parce que formellement, le niveau d’expression de ses personnages ne tient absolument pas la route pour le format qu’il a choisi. On aurait pu mettre une certaine réticence de ma part sur le compte de mon désormais traditionnel rejet du format épistolaire ; ce ne serait pas la première fois que j’explique que je trouve que très régulièrement, sans un contexte et un soin particulier, cette forme d’expression romanesque me sort toujours de la suspension consentie d’incrédulité. Que des mails soient un peu écrits, dénotent d’un minimum de prise de tête de ses personnages, ok, je l’aurais toléré. Mais là, ça va encore un cran au dessus pour m’agacer : c’est bien trop stylisé, bien trop poussé, y compris au sein de conversation instantanées. Je veux bien croire que nos deux protagonistes soient lettrées et aiment les jolies formules, mais personne n’écrit avec tant de soin dans des mails, et a fortiori dans une conversation Messenger ; ça n’a aucun foutu sens. Où sont les abréviations, le passé composé un peu oralisant, les formules à l’emporte pièce, pourquoi pas les fautes de frappe, tiens ? Que font ici le passé simple, les longues descriptions d’actions et les métaphores si ampoulées qu’elles pourraient illuminer un hangar ? Je veux bien confesser une certaine forme de psycho-rigidité dans ma manière d’aborder le langage fictif, par moment, mais vraiment, à un moment, quand on choisit un contexte d’écriture, on se tient aux contraintes qu’il suggère.
Et encore, là, il ne s’agit que d’un problème stylistique ! Après tout, pour peu que l’histoire soit bonne, j’aurais pu faire l’impasse, et simplement noter ça comme une incompatibilité d’humeurs artistiques. Sauf que pardon, mais qu’est ce que c’est que cette histoire. Alors ça commence plutôt bien, en vrai, on devine l’amorce d’une histoire bien glauque à base d’emprise progressive, dont le sel est en plus teasé par un avant-propos intra-diégétique. Jusque là, en dehors de mes petits problèmes de maniaque de la perspective, comme on dit, tout va bien. Sauf que :
D’abord, ça va beaucoup trop vite. Genre, beaucoup trop vite, et beaucoup trop loin. Tous les bouleversements et événements marquants censés marquer le basculement vers le cœur de l’histoire sont précipités comme rarement j’ai pu le lire ; c’est bien simple, je considère qu’aucune progression dramatique n’est méritée, dans ce récit. On a le droit qu’à un squelette d’une histoire qui aurait pu éventuellement fonctionner avec un volume bien plus conséquent pour simplement justifier son existence. Les choses arrivent parce qu’elles doivent arriver dans le plan de l’auteur, sans aucune préparation psychologique de ses personnages, sans aucune profondeur dans leurs réflexions ; j’hésiterais même à le taxer d’une certaine misogynie, appliquant des schémas de pensée à ses personnages féminines terriblement schématiques et caricaturaux. Par certains aspects, je dois bien le dire, on dirait une mauvaise fanfiction de 50 Shades of Grey qui trouvait que l’original n’était pas déjà assez de mauvais goût.
Et ensuite, ce qui quelque part découle logiquement de ce premier constat ; c’est d’un gratuit. Images affreuses après images affreuses, pour le principe de nous donner des images affreuses. Sauf qu’elles ne fonctionnent pas, parce qu’elles n’ont aucun poids, aucune réelle signification, se noyant entre elles à coup d’accumulation sordide. Si on part effectivement sur le sujet de l’emprise, initialement, le récit pivote assez vite sur autre chose et se perd dans ses propres méandres, ne sachant pas quoi nous raconter en dehors de fantasmes malsains sortis de nulle part et de scènes gores, le tout inséré au forceps dans les discussions entre nos deux protagonistes qui n’ont aucune consistance autre que celle de leur fonction utilitaire : servir de vecteur à l’auteur pour nous balancer l’ensemble dans le désordre.
Alors c’est peut-être une question de préférence personnelle, hein, admettons : j’aime mon horreur avec du sens. Juste du gore, du psychologiquement malaisant, du torture porn, sans rien derrière, très peu pour moi. Mettez moi au moins un peu de métaphore ; même pas forcément de l’allégorie, juste suffisamment d’amplitude d’expression pour que je puisse au moins jouer à trouver un peu d’applicabilité, à faire l’enquêteur du sens caché. Ici, je trouve vraiment que ça sonne exceptionnellement creux. Les horreurs s’enchaînent, dans le verbe et dans l’image, mais le fonds n’est pas là, parce que l’auteur me semble uniquement préoccupé par l’idée de nous balancer des figures de style par paquets de 12 sans jamais s’intéresser à ce qu’elles pourraient exprimer. Et encore, je dis ça. Avec du volume, du soin apporté à ses personnages, avec le temps bien pris pour justifier tout ça… Peut-être qu’il tenait un truc que j’aurais pu apprécier. En l’état, je trouve ça profondément insuffisant. Et c’est peut-être bien ça qui fait que je suis aussi agacé. Je ressens dans ce texte une sorte de satisfaction bouffie d’orgueil que je trouve très mal placée.
Bon, allez disons juste que là non plus, ce n’était vraiment pas pour moi. Je dois devenir trop sensible, avec l’âge.
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