Bartiméus : L'anneau de Salomon
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l’avis des lecteurs
Disons le encore tant que ça vaut le coup d’être répété : je hais les préquelles.
Si les exceptions existent, bien sûr, il demeure que je trouve que la majorité du temps, la préquelle constitue un aveu de faillite artistique, une tentative assez piteuse de capitaliser sur une franchise rentable une dernière fois, après qu’elle soit arrivée à son point final de pertinence. Je déteste les préquelles, parce qu’elles ne semblent jamais justifier leur existence à l’aune des œuvres qu’elles prétendent préfacer a posteriori ; si l’histoire que vous vouliez raconter commençait en fait par là, pourquoi ne pas y avoir commencé directement ? Non, si la saga, initialement, a été cadrée comme elle a été cadrée, c’est bien parce que ce découpage là avait du sens ; tout ajout effectué ensuite ne pourra sembler être qu’un bricolage, aux coutures apparentes et maladroites. Il y aura toujours, dans le cas où la préquelle prétend expliquer ou illustrer des événements passés et jusque là occultés, un goût de malaise, un sentiment de déséquilibre, quelque chose en trop, qui ne passe pas vraiment. Et tout ça en mettant de côté le fait qu’une grande partie du suspense est forcément évacué, aussi.
Bref : j’aime vraiment pas les préquelles.
Ceci étant dit. Est-ce que je pouvais vraiment passer à côté d’un tome supplémentaire des aventures de Bartiméus, mon cher Djinn insolent, dont la redécouverte récente a été un total et inespéré régal ? Pas vraiment. Et ce, même dans le cas d’une préquelle. Non seulement il y avait là la promesse d’une découverte complètement inédite, mais en plus il y avait l’espoir que Jonathan Stroud parvienne à me faire une nouvelle fois me dédire quant à ma détestation de cette démarche.
Je n’ai pas honte de le dire : je pense qu’il a absolument fait le boulot. Et pour être tout à fait honnête, ça m’arrange, parce que faute d’avoir vraiment de nouveaux arguments à déployer pour expliquer pourquoi j’aime les aventures de Bartiméus, ça me donne des choses à dire à propos de la réussite de ce volume en tant que préquelle, précisément.
Mais je vais faire les deux. Pour le plaisir.
Le fameux Roi Salomon règne sur un Empire immense, grâce à la puissance incommensurable que lui procure son Anneau magique. Par un simple effleurement sur l’obsidienne qui orne son bijou, Salomon est capable d’invoquer des milliers d’esprits à son service pour leur faire accomplir toutes ses basses besognes. Il est à vrai dire tellement puissant qu’il ne fait plus grand chose lui-même et délègue tout à son conseil de magiciens, usant eux-mêmes de leurs pouvoirs et de leurs esclaves venus de l’Autre Lieu pour gérer les affaires courantes et leurs petites combines personnelles. C’est dans cette cohorte de djinns que se retrouve Bartiméus, dont l’insolence permanente lui assure des années de douloureuse servitude.
Tout change lorsqu’il croise la route d’Asmira, gardienne héréditaire de la Reine de Saba, qui l’a envoyée tuer Salomon et récupérer son Anneau, épuisée d’un énième tribut abusif réclamé par le suzerain.
Préquelle, donc. De quelques millénaires dans le passé de la Trilogie originelle, et qui à mes yeux fonctionne sans doute parce qu’elle constitue d’abord et avant tout une aventure totalement indépendante, qui ne prétend pas éclairer ce qu’on sait déjà différemment : c’est juste une aventure de Bartiméus. Alors une aventure à laquelle il a fait allusion dans les notes de bas de page de sa plus grande histoire, certes, mais juste une aventure quand même. Pas de liens cachés ou trop appuyés, pas de révélations contorsionnées, juste notre djinn à grande gueule favori, à qui il arrive des trucs pas piqués des hannetons, et qui réagit à sa manière personnelle. À la rigueur, tout ce qu’on peut remarquer, si on cherche vraiment, c’est le commencement de son attachement à un certain type de maître·sse, une illustration un poil plus poussée de son rapport à Faquarl, son rival éternel, et quelques clins d’œil très discrets à des événements mineurs de la trilogie principale, mais rien qui puisse bouleverser la perception de notre anti-héros déjà établie par l’auteur auparavant/dans le futur de son histoire. Mon seul reproche, à cet égard, ce sera peut-être les deux trois anachronismes émaillant la narration de Bartiméus, son point de vue étant à la première personne et ancré dans le temps du récit ; le fait qu’il parle de ragtime ou de pop-corn est un peu dommage et peut amener à se demander quelle est exactement sa perspective. Mais je pinaille vraiment, l’ensemble se tient bien, et la différenciation entre la narration de Bartiméus et celle des autres personnages participe efficacement au fun et au rythme de l’ensemble.
Et c’est là que j’enfonce des portes déjà ouvertes dans mes chroniques précédentes : si c’est bien, et si je ne fais pas vraiment d’efforts pour insister sur mes reproches envers ce volume en tant que préquelle, c’est que c’est super fun, et puis c’est tout. Alors oui, on a toujours un propos hostile à la tyrannie sous toutes ses formes, augmentée pour l’occasion d’un petit discours bien sympathique sur les chaînes qu’on se forge soi-même, qui fonctionne très bien, mais on sent bien que l’ambition de Stroud, ici, c’était d’offrir un petit tour de piste supplémentaire à son adorable sale gosse de Bartiméus : et il s’en donne à cœur joie. Notes de bas de page de partout, blagues par dessus blagues, mauvais esprit à gogo, toutes les séquences écrites du point de vue du djinn sont un délice permanent pour qui goûte son ton singulier.
Mais puisqu’il ne peut pas non plus s’agir que de ça, et qu’à la longue ce serait relou, et qu’il le sait, l’auteur équilibre quand même très bien son récit autour des points de vue de sa protagoniste, Asmira, dans laquelle on sent qu’il canalise l’esprit passé/futur de Kitty avec un poil plus de subtilité, et Khaba, notre magicien sournois et cruel, antagoniste principal. Et donc on retrouve le joyeux et dynamique jeu des points de vue complémentaires qui permettent de tisser une histoire complète, pleine de nuances et de surprises, où chaque changement apporte des éléments et une perspective différentes sur une structure de base relativement classique.
Mais bon, après, il faut bien dire ce qui est : ç’a beau être une très bonne aventure de Bartiméus, ça n’est, fondamentalement, qu’une aventure de Bartiméus en plus. J’ai adoré la lire, ça s’est fait tout seul, sans effort et avec beaucoup de plaisir, mais elle ne m’a pas donné beaucoup de munitions en plus pour décortiquer l’œuvre de Jonathan Stroud jusque là. Tout ce que j’ai pu dire de bien à propos de cet univers, je l’ai déjà dit dans mes autres chroniques ; et j’ai horreur de me répéter sans rien pouvoir vraiment rajouter. Je suis content que cette préquelle fasse bien son travail et qu’elle me permette d’un peu plus circonscrire ma détestation de cette proposition littéraire à des exemples précis plutôt qu’à une vague forme générale, mais je dois bien admettre que je sèche au moment d’en dire plus.
L’Anneau de Salomon est un très bon bouquin, comme introduction à la Trilogie de Bartiméus ou comme petit bonus pour qui l’a déjà lue et ne serait pas contre un léger supplément. Un travail honnête et efficace. Deux pouces en l’air.
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