La confrérie du sang Tome 1 L'ombre des dieux

Lors du salon des Imaginales 2024, j’ai eu l’occasion de rencontrer l’auteur John Gwynne, éminemment sympathique et passionné d’histoires vikings, et de tout ce qui a trait à la fantasy. Bien évidemment, il aurait aimé que je lui achète tous ses livres, mais j’ai sélectionné cette série pour son univers fantasy viking, dans un monde imaginaire appelé Vigrid.

Au démarrage du récit, on suit 3 personnages : Orka, femme forte au sein d’un foyer apaisé vivant dans sa montagne, mais on sent très vite qu’elle a déjà un lourd vécu. Varg, jeune esclave qui vient de s’échapper de l’emprise de son maître en l’assassinant, et du coup poursuivi par la famille de ce dernier. Et enfin Elvar, femme guerrière au sein d’un équipage de drakkar talentueux, accomplissant des missions des plus délicates au sein du groupe de guerriers des « chiens de guerre ». Tout cela se situe dans un univers viking médiéval qui se reconstruit, après le chaos provoqué par la chute des dieux anciens.

Le cadre est classique, mais tout de suite on s’y sent immergé, par les descriptions claires de l’auteur, et par l’attachement que l’on ressent très vite pour les personnages principaux. Il faut dire qu’ils se retrouvent chacun dans un tourbillon de péripéties dangereuses et de quêtes à accomplir. Le rythme est assez haletant, parfois un peu trop intense pour le personnage d’Orka, les 2 autres ayant un peu de répit avant un dernier tiers du livre sans quasiment aucun temps mort.

On sent que l’auteur est un fin connaisseur du peuple viking et met tout son savoir au service du récit. Il retranscrit bien les relations d’allégeance de cette société, leurs coutumes, et leur matériel, avec une mention spéciale pour les armes. Les descriptions des combats sont aussi fidèlement retranscrites grâce à l’expérience de l’auteur, qui est un pratiquant des reconstitutions historiques viking. J’ai aussi apprécié sa version alternative du Ragnarök. Les aspects mystiques et fantasy sont très bien intégrés au récit, avec une magie plus spirituelle que physique, la magie restant le privilège de quelques personnages craints et précieux. Quelques bestioles, les vaesens, à mi chemin entre reptile et petit dragon, intelligents et dangereux, peuplent certains endroits de Vigrid. Les trolls de la mythologie scandinave sont rares mais redoutés, tout comme certaines bestioles géantes à 8 pattes. Quant à des trucs plus grands et balèzes, ils semblent endormis ou morts…

Les personnages sont taillés dans le roc viking, un métier qui a toujours été plus ou moins à risque… On sent la sévérité du climat, le poids du passé, et chacun a de sacrés croix à trimballer. L’humour est peut-être la seule chose trop peu présente dans le livre ! L’évolution des personnages est aussi importante, avec une mention spéciale pour Varg, pour lequel ce tome s’apparente à un roman d’apprentissage. Quant aux personnages secondaires, ils sont très nombreux, toujours décrits avec ce qu’il faut de précision pour se les représenter. A noter qu’une liste des personnages est présente avec leur allégeance et ascendance… au début du 2ème tome ! Très vite les factions se multiplient, les intrigues politiques deviennent un peu plus évidentes, et on s’approprie l’histoire et les rivalités de ce territoire de Vigrid. Certains aspects restent très peu abordés, on se doute qu’ils seront développés dans les 2 tomes suivants.

Ce premier tome de la trilogie est une excellente lecture pour se lancer dans une saga viking alternative, mêlant une certaine fidélité historique et des éléments de légendes nordiques. L’univers est classique, mais très dense, avec des personnages crédibles, un caractère fantasy pas trop invasif, et un scénario très sympa. Une super découverte qui donne juste envie de se précipiter sur le second tome.

Je connais John Gwynne à travers sa saga du Livre des terres bannies que j’ai beaucoup appréciée. Il revient très fort avec ce premier tome dédié à La confrérie du sang: un tome que j’ai dévoré et que j’érige en coup de cœur.

Dans un monde inspiré de la mythologie nordique, John Gwynne nous raconte l’histoire de trois personnages. Varg, l’ancien esclave, va rejoindre par le plus grand des hasards cette fameuse confrérie tant redoutée et admirée. Orka se lance à la poursuite de ceux qui ont enlevé son fils Breca. Enfin, Elvar continue de servir son chef dans sa compagnie des chiens de guerre où elle fait ses preuves jour après jour.

J’ai aimé ces trois histoires violentes et complexes qui alternent au gré des chapitres. Dans cet univers très bien construit, les anciens dieux ont été défaits mais il semblerait que leurs rejetons vivent encore au sein de ceux qu’on appelle des Corrompus. Et si certains se servent de leurs particularités pour les mettre au service de leur communauté, d’autres souhaitent que les dieux tout puissants se réveillent. C’est pour moi l’une des grandes forces du récit: l’auteur s’appuie sur une mythologie nordique préexistante pour construire un univers complexe dans lequel les humains et les dieux s’affrontent…

Quel souffle épique dans ce tome! On enchaîne les scènes de batailles et de bagarres. L’auteur ne ménage jamais ses personnages. C’est sombre, froid, violent, ça tape de tous les côtés. On s’attache énormément aux personnages et notamment aux femmes qui ont un rôle prépondérant dans ce roman. J’ai adoré Orka, cette mère, qui se fait louve, lorsqu’elle doit se précipiter aux trousses des ravisseurs de son fils.

On va de révélation en révélation au gré des évolutions des personnages qui sont avant tout décrits de manière très humaine. Chacun a ses forces et ses faiblesses, son passé, une histoire qui font qu’on s’attache fortement à eux et qu’on souhaite en savoir le plus possible.

Ce premier tome est en somme une réussite totale qui mêle tout ce que j’aime: un univers diablement bien construit et original, des personnages forts et attachants, une part d’humanité qui traverse tout le récit. A quand la suite?