Contredons

Marcel Hénaff (1942-2018) s’inscrit dans le sillage de la pensée de Marcel Mauss et de Claude Lévi-Strauss. Il renouvelle la compréhension du don cérémoniel dans les anciennes sociétés.Loin qu’il faille le considérer comme l’ancêtre de notre économie ou le prendre pour un modèle alternatif à celui de l’économie marchande, ce paradigme du don, présidant à tout échange symbolique, repose sur une stricte séparation de la sphère politique du lien social d’avec celle, économique, des échanges marchands. Marcel Hénaff met en évidence la valeur philosophique de ce don institué, où le donneur, en donnant quelque chose à celui qui le reçoit, se donne lui-même et en appelle à un contre-don ou don en retour, selon une procédure de reconnaissance publique réciproque. Les recherches du philosophe le conduisent ainsi à réfléchir nouvellement à la nature de nos sociétés, où, dans la confusion entre lien social et rapport économique, la condition symbolique demeure abstraite : garantie essentiellement par la loi, sans passer par l’institution d’une reconnaissance interpersonnelle, insuffisante à conjurer la violence.Réunis au Collège international de Philosophie, des chercheurs de différents horizons soumettent ici l’apport de ce penseur à un examen serré, pour en déployer les différents axes de recherche, en sonder les fondements ou en montrer les prolongements possibles.Avec les contributions de : Sylviane Agacinski, Isabelle Alfandary, Marco Fiovaranti, Antoine Garapon, Denis Kambouchner, Élise Lamy-Rested, Jean Lassègue, Alain Loute, Hélène Merlin-Kajman, Olivier Mongin, Bruno Paradis, Jean-Michel Rey, André Sauge, Gérald Sfez, Arnaud Villani.