
My Absolute Darling
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Il est également important de parler des livres qui ont du succès, qui bénéficient d’une belle mise en lumière, d’évoquer un ouvrage admirable que l’on ne saurait classifier mais qui suscite l’unanimité. D’ailleurs c’est important d’oublier de temps à autre ces étiquettes et autres classifications car parfois, devant la beauté d’un texte conjugué à l’impact émotionnel d’un récit bouleversant il n’est pas indispensable de se déterminer pour savoir s’il s’agit d’un roman noir ou de littérature blanche, d’un récit d’aventure ou d’une intrigue à suspense. C’est d’autant plus important d’évoquer un tel ouvrage lorsque celui-ci a été publié par une maison d’éditions indépendante comme Gallmeister qui ne cesse de prouver que la qualité a encore de l’importance dans un monde littéraire où tout est galvaudé. Peu importe que ce soit Stephen King, les critiques de Harper’s Bazar, du New York Times ou de Marie-Claire qui encensent le roman. D’ailleurs peu importe qu’ils l’aient lu ou qu’il ne s’agisse là que d’une démarche publicitaire destinée à attirer le chaland. Peu importe que sa sortie date déjà de plusieurs mois ou qu’il ait obtenu récemment quelques prix littéraires. Il convient juste de souligner, voire de marteler que My Absolute Darling, premier roman de Gabriel Tallent, ne manquera pas de faire partie des livres incontournables du paysage littéraire américain contemporain qu’il faut lire impérativement.
Julia Alverston a quatorze ans et tout le monde la surnomme Turtle. Âme solitaire, extrêmement farouche, la jeune fille parcourt depuis son plus jeune âge les bois du comté de Mendecino, sur la côte nord de la Californie. Au sein de cet univers sauvage, Turtle est capable de surmonter toutes les difficultés et de faire face à tous les périls. Mais ce n’est qu’une fois de retour dans la petite maison délabrée, nichée au bord de l’océan où elle vit avec son père, un survivaliste charismatique, qu’elle doit affronter le véritable danger. Car dans un rapport amour-haine complexe et extrême, ce père abusif ne cesse de la dévaloriser ou de l’encenser au gré de son humeur versatile. C’est lors d’une de ses escapades dans une forêt des environs qu’elle rencontre Jakob et son camarade Brett qui se sont égarés. Ainsi Turtle noue quelques liens d’amitié avec ces deux jeunes lycéens, ceci d’autant plus qu’elle perçoit dans leurs regards l’estime et l’admiration qui lui ont tant fait défaut. Lui donneront-ils le courage et la force de défier son père afin de se soustraire à sa terrible emprise ?
Il n’est pas seulement question de simple volonté ou de dons innés en littérature pour aboutir à l’excellence d’un tel ouvrage comme My Absolute Darling que Gabriel Tallent a mis huit ans à rédiger. Et c’est avant tout cette notion de travail acharné que l’on perçoit tout au long de ce récit maîtrisé abordant la thématique à la fois délicate et sensible de l’inceste au travers de la domination d’un père tout-puissant qui a bâti tout un univers de survivaliste aguerri pour isoler sa fille du monde extérieur. Même s’il n’épargne guère le lecteur au gré de scènes parfois difficilement soutenables, Gabriel Tallent ne cède jamais aux affres d’une écriture complaisante en évitant ainsi les écueils du voyeurisme et de la vulgarité. Avec My Absolute Darling tout est question d’équilibre dans une mise en scène à la fois délicate et subtile permettant de distinguer les terribles mécanismes que met en œuvre ce père déboussolé qui fait de sa fille une espèce d’égérie qu’il place au centre de son univers disloqué afin de la soumettre aux diverses épreuves qui lui permettront de survivre à cette fameuse apocalypse qui ne manquera pas de dévaster ce monde décadent.
My Absolute Darling c’est donc cet amour absolu que Martin éprouve pour sa fille Turtle qu’il rabaisse constamment pour mieux asseoir son autorité. C’est également cette admiration sans borne que ressent cette jeune fille dépréciée pour un père emblématique et charismatique qu’elle adule, même si elle commence à percevoir quelques failles dans cette armure paternelle. Une relation dévastatrice qui font de Turtle une adolescente perturbée peinant à s’insérer dans le monde qui l’entoure. Maniement des armes, exercices d’entraînement extrêmes et autres sévices abjects, plus qu’une hypothétique apocalypse auquel il faudrait faire face, on perçoit dans la démarche insensée du père la volonté de préparer sa fille à cette confrontation inéluctable en vue de s’affranchir de l’autorité paternelle.
Le choix du comté de Mendocino dans lequel se déroule l’ensemble du récit n’a rien d’anodin puisque l’auteur y a séjourné durant toute une partie de sa jeunesse ce qui lui permet de restituer au travers de ses personnages quelques souvenirs chargés d’émotion à l’instar des escapades que Turtle et ses camarades effectuent sur cette côte boisée, déchiquetée par l’océan Pacifique. Mais outre le décor somptueux que l’auteur détaille avec passion dans la pure tradition de ce courant nature writing, il faut souligner l’aspect social de cette riche contrée du nord de la Californie, peuplée de personnes bien intentionnées à l’esprit plutôt libéral. Il n’empêche que Gabriel Tallent met en lumière, dans un tel contexte, les veuleries et autres petites lâchetés de celles et ceux qui ne veulent pas prendre conscience de la triste situation de Turtle, ceci au nom de la sacro-sainte intimité familiale que l’on ne saurait violer quitte à ce qu’une gamine subisse les pires sévices. Mais avec My Absolute Darling il est surtout question de courage et de volonté avec le portrait saisissant de réalisme de cette enfant à la conquête de son émancipation non pas pour voler de ses propres ailes mais pour protéger ceux qu’elle aime de la fureur d’un père possessif qui a fait de l’amour de sa fille un enjeu meurtrier.
Bien plus que pour la violence des scènes que Gabriel Tallent dépeint sans ambages, My Absolute Darling est un roman âpre parce qu’il explore, avec une rare intelligence et surtout beaucoup de sensibilité, les thèmes de la douleur et de la souffrance d’une jeune fille malmenée dont il restitue le cri intérieur avec une justesse saisissante.
A quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu’elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s’ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d’un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu’au jour où elle rencontre Jason, un lycéen blagueur qu’elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d’échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.
My Absolute Darling a été le livre phénomène de l’année 2017 aux États-Unis. Ce roman inoubliable sur le combat d’une jeune fille pour devenir elle-même et sauver son âme marque la naissance d’un nouvel auteur au talent prodigieux.
Ma lecture
Oui, le livre dont tout le monde parle, il faut que je fasse abstraction de tout ce que j’ai pu entendre ou lire à son sujet pour ne donner que mon sentiment une fois le livre refermé…..
Dès les premières pages on est plongé dans la vie de Julia, 13 ans, Turtle pour tout le monde, Tortue : oui le surnom est bien trouvé…… Je me replie, je me protège sous ma carapace du monde qui m’entoure mais surtout de ce père, Martin, qu’elle aime et dont elle ne peut imaginer vivre sans, son seul compagnon de vie en dehors de Papy, Daniel, le grand-père paternel qui lui offre des petites bulles de calme.
Les personnages sont peu nombreux, c’est presque un huis clos, étouffant, oppressant, tellement la violence est sous-jacente, même dans les moments d’accalmie. La violence oui, la brutalité aussi, elle est la compagne de ce duo : physique, sexuelle, morale. Les pensées de Turtle sont omniprésentes : elles tournent en boucle, elle pense, elle envisage toujours toutes les options qui s’offrent à elle, pèse le pour, le contre. C’est une guerre et l’ennemi est son père, homme ambivalent, d’une grande culture, désorienté par le monde qui l’entoure et qui saccage, qui détruit à la nature. Et elle, Turtle, qui se cherche, qui essaie d’analyser qui elle est, réellement.
C’est un couple, avec ses rituels matinaux, l’oeuf gobé par Turtle chaque matin, la bière bue par son père en même temps, la phrase : « tu n’as pas besoin de m’accompagner jusqu’à l’arrêt du bus » sans réponse de Martin mais qui continue à l’accompagner. Cela donne le rythme au récit, jour après jour.
Et l’on passe de cette vie à deux, presque normale, normalité toute relative pour eux, à des scènes d’une extrême violence, comme le calme avant la tempête comme l’est l’esprit imprévisible de ce père, que l’enfant connaît bien, qu’elle aime malgré tout et dont elle n’imagine pas la vie sans lui.
Ames sensibles s’abstenir : il y a des passages où vous aurez la chair de poule comme je l’ai eue, vous n’aurez qu’une envie que cela s’arrête, ce n’est pas possible une telle cruauté mais vous ne pouvez abandonner Turtle : vous lui intimez de partir, de s’enfuir, de dénoncer mais ce n’est pas si simple pour elle. C’est finement mais brutalement rendu mais ce n’est que le reflet de ce que vit cette adolescente.
J’ai aimé l’ambiguïté de certains personnages : le papy dont on peut penser que sa relation avec Martin n’a pas toujours été douce, Martin dont l’auteur n’a pas fait un homme inculte, cela aurait été trop facile et évident, sans sentiment, Turtle, cette jeune fille en pleine transformation, qui est devenue une arme de guerre, comme les armes qu’elle ne quitte pas et puis Jason, l’adolescent que rencontre Turtle et qui va être le révélateur qu’une autre vie existe, différente, joyeuse et douce.
J’ai été un peu frustrée de ne pas en savoir plus sur la mère de Turtle, disparut mystérieusement, sur Croquette, cette enfant débarquée d’on ne sait où mais cela ne gêne pas la lecture les projecteurs étant braqués principalement sur la relation père/fille, sur leurs ambiguïtés : sado/maso, je t’aime, je te hais.
Rien n’est simple, c’est le reflet d’un monde où la nature est extrêmement présente et joue, elle aussi un rôle prépondérant et ajoute au climat du livre, où l’environnement et la solitude, l’isolement où vivent ces deux êtres participent au drame.
Je reconnais qu’une fois ouvert, on ne lâche pas le livre, même si parfois on voudrait le faire tellement certaines scènes sont insoutenables, mais l’on veut connaître le destin de Turtle, qui va sortir vivant de leur duel, car il est évident que cela va mal se terminer. J’ai beaucoup aimé la douceur des derniers chapîtres en contraste avec les 28 ou 29 premiers, j’ai peut être trouvé cela un peu « eau de rose » mais après une telle lecture cela permet de reprendre pieds doucement.
Je garderai de cette lecture un choc : aller si loin dans l’écriture, il fallait oser, se plonger dans l’esprit tourmenté de cette adolescente, sans repères, culpabilisant, sans estime d’elle, oui mais je n’en ferai pas une lecture régulière. C’est d’une violence inouïe, oui, mais c’est surtout l’ambivalence très bien rendue des deux principaux protagonistes qui m’a interpellée et qui est magnifiquement restituée, comme la nature, les plantes, les animaux, l’âpreté du paysage.
Quatrième de couverture
À quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu'elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s'ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d'un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu'au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu'elle intrigue et fascine à la fois.
Mon avis
L’auteur a mis huit ans à écrire ce livre, il m’a fallu deux jours pour le lire. Coupée du monde, en apnée, j’ai dévoré ce récit fort, dérangeant, sublimé par une écriture profonde, majestueuse.
C’est en Californie du Nord, dans le comté de Mendocino que vit Julia. Julia c’est son prénom lorsqu’elle va au collège, elle n’est pas vraiment intégrée dans sa classe, a des difficultés et rejette l’aide d’une de ses professeurs…. Dans la maison où elle vit avec son père (sa mère est décédée) elle est Turtle ou Croquette. L’habitation est une espèce de cabane aménagée au milieu de nulle part. Un peu plus bas, dans le pré, se trouve le mobil home du grand-père. Son quotidien avec son géniteur est rythmé par quelques rituels : le matin, elle gobe des œufs, lui lance une bière, le soir, elle peine sur ses devoirs puis nettoie son arme, s’entraîne à tirer. Son paternel est adepte du survivalisme, lit les philosophes et les cite. Il fait vivre des choses terribles à sa fille sous prétexte de l’endurcir…De plus, il a une emprise malsaine sur elle.
Julia est à la fois fascinée, admirative et soumise devant son père. Elle le déteste et elle l’aime. Cette ambivalence la « ronge », la détruit mais elle ne sait pas comment faire…. Si elle se libère de son joug, arrivera-t-elle à s’en sortir, comment réagira-t-il ? Jusqu’à quel point cette domination lui pèse-t-elle ? A-t-elle connu autre chose, peut-elle envisager de vivre autrement ? Dans la nature, Julia va faire connaissance avec deux jeunes adolescents, Jacob et Brett. A partir de ce moment-là, elle entrevoit que son quotidien pourrait être autre, que les relations entre les personnes peuvent être plus simples que ce qu’elle connaît …. A leurs côtés, elle évolue. Ils sont gais, légers et ça lui fait du bien. Quel sera le prix à payer pour ce mieux être ? Va-t-elle arriver à avancer ? Elle est prisonnière de l’amour absolu, exclusif, extrême que lui voue son père. Il l’aime trop, mal, il dépasse les limites depuis longtemps et n’entend pas modifier son comportement…. Elle souffre de devoir choisir, elle a sans doute l’impression de le trahir ….
La relation toxique entre Julia et son père est bien décrite. On comprend comment il la violente moralement, physiquement, la poussant toujours dans ses retranchements, l’obligeant à puiser au plus profond d’elle-même pour tenir debout, faire face… Il a peur qu’elle lui échappe, il sent qu’elle veut prendre son envol alors il va encore plus loin pour « se l’attacher », en faire son esclave, ne reculant devant aucune perversité …. On peut se demander pourquoi personne, parmi les adultes qui ont des doutes, n’ose affronter Martin….
C’est un récit violent, poignant, avec un final un peu trop « grand spectacle » mais le reste est tellement abouti que ce bémol ne gâche en rien la lecture. J’ai trouvé l’écriture et le style de l’auteur puissants, le vocabulaire profond. Chaque phrase est pesée, réfléchie. Certaines sont empreintes de poésie. « …elle sent son âme pareille à une tige de menthe qui pousse dans la pénombre des fondations… »
J’ai lu un interview avec l’auteur qui est très intéressant et qui éclaire sur le processus de rédaction et les choix faits dans ce recueil.
Ce roman m’a profondément marquée, j’étais comme Croquette, entre fascination, répugnance et amour absolu …..
NB : que le titre n’ait pas été traduit est une très bonne idée.
Le pitch
Aujourd’hui, sur la côte Nord de la Californie. La lutte d’une jeune fille pour se défaire de l’emprise toxique de son père et sauver son âme. Une histoire d’émancipation douloureuse et un véritable choc, culturel et existentiel. Sombre et très perturbant. Pour ceux qui ont le cœur bien accroché.
Pourquoi je vous le conseille ?
Pour découvrir le premier roman d’un jeune auteur à peine trentenaire. Un coup de maître qui nous laisse l’estomac retourné. Pour ressentir le poids du monde alors qu’il s’abat sur les épaules d’une jeune femme déterminée et courageuse. Parce que c’est un roman sensible, parfois pénible à la lecture, sur les enfants abandonnés aux franges de la société américaine. Car c’est un roman au talent littéraire certain et dont la force du propos ne ménagera pas votre sensibilité. Sans conteste un classique en devenir.
COURAGEUSE TURTLE. C’est le surnom de Julia qui s’est forgée une carapace pour se protéger des agressions du monde. Une jeune fille paumée et solitaire de 14 ans, terrée dans une maison délabrée perdue au fond des forêts. Une ado inadaptée au collège, élevée à la dure et à la marge par un père écolo extrémiste, charismatique et sociopathe tout à la fois. Coincée dans une relation au père intenable, violente, truffée d’armes à feu. Privée de mère, depuis longtemps aux abonnés absents. Elle pressent que son salut résidera dans une émancipation forcément douloureuse.
UN CERCLE INFERNAL. On pressent comment se nourrissent ces amours monstrueuses que rien ni personne ne veut ou peut dénoncer. Dans un mélange de terreur et d’acceptation, Turtle endure privations, violences et viols de la part d’un père dont on craint en permanence les réactions et les excès. Certaines scènes paroxystiques sont quasiment intenables. Le lecteur, témoin de l’atrocité de la situation, reste tout entier dans la tête de Turtle qui se bat pied à pied pour s’émanciper, avec dignité, courage, tout en conservant sa part d’innocence. My Absolute Darling, surnom affectueux donné par un père à sa fille, un père qui pourtant est incapable de lui vouloir du bien et d’accepter qu’elle prenne son indépendance. Cette vision maladive de la vie est au coeur du livre.
WILDERNESS. My Absolute Darling est tout entier campé dans la grande nature sauvage californienne. Pas celle des plages, l’autre, celle de forêts immenses, à l’écart de la grande civilisation. Un territoire en dehords du contrôle des hommes, où l’on se retrouve seul face à soi-même, vulnérable. Là aussi où on peut démontrer sa vraie valeur.
UNE PUISSANCE NARRATIVE qui se nourrit d’un style sec, dont les phrases courtes et précises claquent comme des coups de fusils. Mais un style qui évolue au cours du roman pour devenir plus ouvert, plus libre au fur et à mesure que Turtle se libère, s’éveille, accepte d’aimer et de profiter de la vie.
Je ne l’avais pas lu l’an dernier, mais j’en avais beaucoup entendu parler. J’ai rattrapé mon retard. Quelle claque ! My absolute darling de Gabriel Tallent.
Turtle Alveston, 14 ans, vit seule avec son père, Martin, dans une maison qui tombe en ruine en bordure de la petite ville de Mendocino au nord de la côte californienne. Une relation plus que toxique entre ce père charismatique, écologiste misanthrope proche des théories survivalistes qui apprend à sa fille à tirer, à survivre dans la nature, abuse d’elle, lui déclare un amour absolu et la martyrise, l’appelle indifféremment son amour absolu et petite conasse.
Face à lui Turtle oscille entre amour et haine, dévotion absolue et rejet. Convaincue de sa faiblesse et de sa nullité, elle préfère partir seule en forêt qu’aller à l’école où elle fuit les relations avec les autres adolescents. Jusqu’au jour où, lors d’un de ses périples en forêt, elle aide deux lycéens perdus sous la pluie et découvre alors que d’autres modèles de familles et de relations humaines existent. Une découverte qui, peu à peu, va remettre en question l’acceptation de sa situation. Jusqu’à l’explosion.
J’arrive un peu après la bataille, et nombreux sont les blogs qui ont déjà dit tout le bien que l’on pouvait penser de ce roman. Je ne peux que me joindre au chœur des louanges.
Oui Turtle et Martin forment un couple inoubliable. Et si le père entre dans le panthéon des monstres, mais des monstres ô combien humains, c’est Turtle qui vous hantera longtemps.
Il est incroyable de voir comment l’auteur, dont c’est le premier roman, a réussi à créer ce personnage auquel on croit immédiatement, mélange de solidité et de dureté de diamant, alliées à une fragilité extrême due au mépris qu’elle a pour elle-même. A la fois fière de ses compétences, terriblement dure au mal, et persuadée par un père manipulateur qu’elle est une petite merde, incapable de vivre sans lui, indigne de l’attention et de l’amour des autres, justement parce qu’elle se laisse dominer par ce père. Honteuse d’aimer le pervers qui l’asservit. Coupable de ce dont elle est victime.
C’est ce balancement permanent qui vous tordra les tripes.
Autour de cette relation hors normes, par petites touches et sans avoir l’air d’y toucher, l’auteur sait également éclairer le récit par ailleurs bien sombre de superbes descriptions de la nature environnante où Turtle trouve un peu de paix et de joie, ou suggérer sans en avoir l’air l’hypocrisie et la lâcheté d’une petite ville qui, sous couvert de se montrer libérale et respectueuse des différences, s’arrange très bien de ne pas voir une situation qui pourtant saute aux yeux.
Un livre qui marque, qui vous flanque dès le premier chapitre une grand baquet d’eau glacée dans la figure, et ne vous lâche plus, bien longtemps après l’avoir refermé.
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