Les filles du Camp Forevermore

En lisant Les Filles du Camp Forevermore, je me suis sentie partagée entre fascination et mélancolie. Kim Fu signe ici un roman où le suspense se distille goutte à goutte. Cinq fillettes âgées de 9 à 11 ans, parties en camp de vacances en pleine nature, voient la suite de leurs vacances compromises. Ce qui devait être une simple excursion en kayak tourne au drame : livrées à elles-mêmes sur une île déserte, elles vivent une expérience traumatisante qui les marquera à jamais.

Ce récit m’a rappelé Sa Majesté des mouches, mais la comparaison s’arrête là. Ici, Kim Fu propose une version toute féminine, où la survie et les dynamiques de groupe prennent une autre dimension. Ce qui frappe, c’est sa façon de construire le roman : l’autrice alterne entre deux temporalités. D’un côté, le camp, où l’on partage l’épreuve avec les personnages ; de l’autre, leur vie adulte, où l’on découvre comment chacune a évolué après cet événement fondateur. À travers ces chapitres consacrés aux survivantes devenues adultes, on perçoit l’impact profond du traumatisme sur leurs trajectoires. Certains tentent d’oublier, d’autres en portent encore le poids.

Ce choix narratif donne au livre une profondeur remarquable. Kim Fu explore avec subtilité comment un événement unique peut façonner une vie entière. Son écriture fluide et parfois poétique nous entraîne sans effort dans cette histoire. Elle dresse des portraits nuancés de personnages complexes, oscillant entre vulnérabilité et résilience, loin des clichés habituels. Avec une grande finesse, elle aborde les répercussions psychologiques du passé sur le présent.

Impossible de lâcher ce livre une fois plongé dedans. Chaque révélation pousse à aller plus loin, à mieux comprendre. Pourtant, une fois terminé, il laisse une sensation étrange, presque amère, comme si quelque chose restait irrémédiablement en suspens. Bonne lecture !