Les nuits que l'on choisit
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l’avis des lecteurs
Elise Costa est chroniqueuse judiciaire du magazine en ligne Slate.fr et auteure du podcast "Fenêtre sur Cour" diffusé sur Arte Radio. Son credo, c’est le très long format.
Le récit s’appuie sur des affaires qu’elle a suivies, dont certaines, très médiatisées, parleront forcément au lecteur. Elle aborde ainsi ses méthodes de travail, leur aspect matériel et anecdotique – les trajets en train qui cassent le dos et les lits d’hôtels miteux, son format préféré de bloc-notes…- mais aussi et surtout la démarche, intellectuelle et morale, qui les définit.
L’expression de sa difficulté à trouver ses amorces est révélatrice de l’objectif qui oriente ses écrits, cette obsession à trouver où et à quel moment "ça a commencé", puisqu’un procès n’est jamais que la conclusion d’une histoire qui a débuté bien avant. Telle une archéologue des existences, elle traque dans celle des acteurs du drame les origines de ce dernier, le point de bascule vers le geste irréversible.
Pour ce faire, elle va à la rencontre des gens -qui prennent le pas sur les sujets de société-, "péquenauds", excentriques, obsessionnels…, s’attache aux petites choses qui permettent, si on les regarde sous le bon angle, de voir les grandes. Son but est de "raconter le bruit des autres", de faire en sorte que l’on se souvienne des victimes autrement qu’à travers leur mort, de dévoiler les angles morts, de faire tomber les illusions d’optique. D’où son appétence pour les affaires où rien n’est ce qu’il paraît. Ainsi, entre victime et bourreau les rôles parfois s’inversent, ou le mobile apparent d’un crime peut occulter des motivations profondes, anciennes, que la chroniqueuse devine peu à peu au fil des témoignages.
Son expérience lui a appris à détecter les mécanismes qui font naître obsessions et pensées irrationnelles, mécanismes de stupeur ou de déni indiscernables par ceux-là même qui les éprouvent. Ce qu’il en ressort, c’est qu’il n’y généralement derrière ces affaires criminelles ni monstres ni saints, simplement des gens et des réalités ordinaires dont l’imagination est souvent incapable de produire l’intégralité des infimes nuances, tant elles recèlent de vérités complexes, cachées, transformées par les circonvolutions de la mémoire. Des vérités qui se confrontent, s’opposent, s’assemblent, pour qu’en émerge, au procès, la vérité judiciaire.
Son récit montre comment, dans ces salles de tribunal, on fait tenir des vies entières, on met les existences à nu, dans leur insignifiance et leur grandeur, exposant leur tristesse, les ressentiments, les échecs ou les accomplissements. Les drames, familiaux ou autres, puisent leurs racines dans des maux sociétaux qui engendrent des détresses devenues ingérables ou dans le désordre d’intimités dysfonctionnelles.
Il exprime aussi la dimension ambivalente de cette justice que l’on rend "comme si elle était l’aboutissement de l’évolution de notre espèce", mais dont le décorum et la solennité ne suffisent à dissimuler les limites et les dysfonctionnements. Il y a le manque de moyens, que la lettre écrite par un greffier avant sa tentative de suicide exprime de manière poignante. Et puis la loi, rendue par des hommes, est forcément soumise à leur -même inconsciente- subjectivité. Certains verdicts, fondés sur d’intimes convictions qu’alimentent, en l’absence d’éléments suffisamment tangibles pour les étayer, des a priori sur l’accusé ou l’émotion laissée par la détresse des proches de la victime, laissent ainsi un goût amer et durable, et la conviction que la justice n’a pas été ce qu’elle est censée être. C'est peut-être la plus grande difficulté qui s’impose à ces acteurs de la justice, qu’ils soient ou non professionnels -comme les jurés-, que de savoir que faire du doute que ne vient pas atténuer, sans même parler de le lever, le procès. [Là je digresse, mais j’ai souri lorsque l’auteur rappelle une citation de Nietzche consistant à dire que "ce n’est pas le doute qui rend fou, c’est la certitude", parce qu’il s’agissait du sujet de ma première dissertation de philo (comme quoi, l’événement m’a marquée)]. Dans toute affaire criminelle, affirme Elise Costa, il y a une question irrésolue, qui selon son importance a des résonnances plus ou moins douloureuses. Ainsi, tout chroniqueur judiciaire a "son affaire", celle qu’il connait par cœur et qui ne le quitte jamais parce qu’il la pense irrésolue. Il y a aussi celles qui métamorphosent, celles qui ne laissent que la somme de tous les chagrins mis au jour par l’enquête et le procès, celles enfin que l’on refuse de suivre, parce qu’elles représentent une limite qu’on ne peut franchir.
La capacité d’Elise Costa à dépasser la dimension sordide a priori associée aux affaires évoquées pour faire principalement ressortir de cette incursion dans la grande mécanique judiciaire l’humain, à la fois dans toute sa banalité et dans toute complexité, fait de "Les nuits que l’on choisit" un récit aussi passionnant qu’émouvant.
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