Le laboratoire de l'imaginaire: Chimie et science-fiction

Ce livre des éditions du Bélial fait partie de leur collection Parallaxe, qui vise à vulgariser le savoir scientifique, à partir d’œuvres de science-fiction ou d’imaginaire en général. Le directeur de cette collection, Roland Lehoucq, comme l’auteur Fabrice Chemla, interviennent régulièrement dans la revue Bifrost pour nous faire réfléchir sur les phénomènes scientifiques mis en jeux dans les livres ou films. Plusieurs chapitres ont déjà été partiellement publié dans Bifrost sous la plume de Roland Lehoucq ou de Fabrice Chemla. Par facilité, lorsque je parlerai de l’auteur par la suite, il s’agira de l’un ou de l’autre, la majorité des textes étant cependant rédigés par Fabrice Chemla.

Ce livre est une présentation des nombreuses facettes de la chimie, vues sous le prisme de la littérature de l’imaginaire. L’auteur commence la plupart du temps ses chapitres par un exemple issu de la littérature, ou du cinéma, pour faire une démonstration et présenter petit à petit les différents concepts chimiques intervenant dans cet exemple. C’est très didactique, et l’auteur arrive à repartir de très loin dans ses démonstrations pour ne pas perdre son lecteur.

Les chapitres s’enchaînent donc, d’abord dans une présentation de l’atome, des éléments, des changements d’état de la matière, à la chimie minérale et organique, en passant par la lumière, ou les cycles de matière terrestre. On ne ressortira pas expert après avoir lu le livre, mais on aura appris, révisé, replacé tout un tas de concepts influant sur la vie qui nous entoure. Deux chapitres diffèrent un peu du schéma général : celui sur les parfums, et celui sur l’épice, qui sont très surprenants et nous montrent la démarche scientifique dans toute sa complexité, et montrant comment elle s’articule avec la biologie et à la perception humaine.

L’écriture de l’auteur est fluide, ce qui semble indispensable pour ce type de livre dans une optique de vulgarisation. Toujours sérieux, mais jamais loin du sarcasme quand il s’agit de tordre le cou à des idées farfelues. On retrouve en fait le ton de ces articles déjà lus dans Bifrost (dont je me délecte toujours quand je lis ce magazine), ou dans les autres ouvrages de la collection (celui sur Star Wars est mon préféré).

S’appuyer sur les œuvres de l’imaginaire est très intéressant, il permet de donner un point de départ connu de tous (exemple la téléportation), et d’étudier les phénomènes chimiques qu’il implique, avant de conclure (la téléportation d’un être humain : pas possible en l’état actuel des connaissances). J’ai beaucoup aimé la démarche de caractérisation chimique de l’épice, de l’œuvre Dune. On décortique petit à petit ce qui fait une molécule, ses propriétés chimiques et ses effets, et la manière de s’y intéresser.

Ce livre est donc très intéressant, avec un ton surprenant, et propose un pari compliqué : intéresser et vulgariser des néophytes ou moins néophytes à toutes les facettes de la chimie. Le tout en parlant de science-fiction et d’imaginaire, domaines pas toujours pris au sérieux. A mettre en toutes les mains d’esprits à la recherche de connaissances.