Le goût de l'immortalité
  • Date de parution 12/09/2007
  • Nombre de pages 320
  • Poids de l’article 175 gr
  • ISBN-13 9782253119296
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Dystopie et Uchronie Anticipation Cyberpunk Post Apocalyptique Ouvrage de référence de l'auteur

Le goût de l'immortalité

3.76 / 5 (273 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Mandchourie, en l’an 2213 : la ville de Ha Rebin dresse des tours de huit kilomètres de haut dans un ciel jaune de pollution. Dans les caves grouille la multitude des damnés de la société, les suburbains. Une maladie qu’on croyait éradiquée réapparaît. Cmatic est chargé par une transnationale d’enquêter sur trois cas. Une adolescente étrange le conduira à travers l’enfer d’un monde déliquescent, vers ce qui pourrait être un rêve d’immortalité. Mais vaut-il la peine d’être immortel sur une Terre en perdition ?Un roman étrange et puissant qui a collectionné les distinctions littéraires : Prix Rosny Aîné 2005, Bob Morane 2006, Grand Prix de l’Imaginaire 2007, Prix du lundi de la SF française 2007.

En stock

  • Date de parution 12/09/2007
  • Nombre de pages 320
  • Poids de l’article 175 gr
  • ISBN-13 9782253119296
  • Editeur LGF
  • Format 178 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

C’est un collègue qui, à la lecture de ce blog, m’a conseillé de lire Le goût de l’immortalité de Catherine Dufour. Il faut toujours écouter ses collègues !


Mandchourie, ville de Ha Rebin, vers 2300 et quelques. La pollution a ravagé la Terre, une petite minorité de privilégiés vivent dans des tours immenses, de plusieurs kilomètres de haut, le reste de l’humanité, ceux qui ont survécu aux différentes épidémies, survivent dans les sous-sols.

Une vieille, très vieille femme, raconte. Raconte comment elle a grandi, et comment elle est devenue si vieille. Ce qui nous ramène en 2213, quand, loin de là, une épidémie de paludisme, maladie pourtant disparue depuis longtemps, avait frappé la Polynésie. Et comment Cmatic, l’enquêteur européen finit par arriver à Ha Rebin, et à aller vers le sous-sol …

Quel bouquin ! Moi qui aime le noir et n’aime pas l’eau tiède, j’ai été servi. Une véritable claque.

Avec une première partie inquiétante, où l’auteur laisse entendre que des horreurs se trament ici ou là, mais que l’on ne voit jamais directement. Avec des allusions à un passé pas folichon qui a mené à la catastrophe décrite. Une écriture qui laisse entrevoir sans montrer et qui fait monter l’angoisse.

Puis une deuxième partie où elle nous plonge en enfer, pour petit à petit assembler les pièces du puzzle. Pour un tableau final sans concession, sans pitié pour le lecteur. Sans illusion sur la nature humaine.


« Pardonnez-moi, mais je ne crois pas à cette sagesse des anciens pour laquelle vous avez tant de respect. Car les vieillards sont ceux qui ont beaucoup vécu et donc beaucoup souffert. (…) La souffrance n’élève pas, elle abaisse. Elle ne rend pas intelligent, elle abrutit ; elle ne rend pas plus fort, elle fêle ; elle n’éclaircit pas la vue, elle crève les yeux ; elle ne mûrit pas l’esprit, elle le blettit. »

Mais en même temps un tableau qui ne manque pas d’une beauté vénéneuse, avec du suspense, une langue très inventive et des descriptions d’une grande puissance poétique.

Vraiment un belle claque, merci collègue !

Quand je suis allé acheter Le goût de l’immortalité, j’en ai profité pour demander à l’incontournable Kti Martin un autre conseil de SF. Je suis reparti avec Water knife de Paolo Bacigalupi. Très bonne pioche, bien évidemment.


Un futur pas vraiment défini, mais tout proche. Le climat se dérègle de plus en plus, et à force de tirer dans les nappes phréatiques, on a fini par les épuiser. Résultat, dans l’ouest et le sud américain, la guerre de l’eau a éclaté, et les états s’appuient sur de vieux droits pour confisquer les fleuves à leur unique usage.

Résultat : Le Texas est un état désertique, désolé, et les texans sont devenus des parias dans tous les états voisins. La Californie a tiré son épingle du jeu, et dans le Nevada, Catherine Case, la reine de l’eau, a confisqué le Colorado pour que Las Vegas reste une oasis.

Pour cela elle emploie des armées d’avocats et des milices privées, les water knife, qui font régner son ordre par la force. A leur tête Angel Velasquez qu’elle envoie quelques jours à Phoenix, car il se trame quelque chose d’étrange dans cette ville moribonde. Il va y trouver l’enfer, et croiser la route de Lucy, une journaliste suicidaire et de Maria, jeune texane prête à tout pour survivre.

Water knife est publié au Diable Vauvert, une collection de SF, les amateurs de polars risquent donc de passer à côté. Il aurait pu être publié à la série noire, ou chez Super 8, et ce sont les amateurs de SF qui seraient passés à côté. Il devrait pourtant enchanter les deux publics.

Bien entendu il s’agit de SF, puisque nous sommes dans un monde futur, mais c’est le monde de demain, même pas celui d’après-demain. Et le procédé narratif est typique du fameux MacGuffin de tonton Aldfred. Passés les premiers chapitres touffus et complexes (qui demandent un poil de patience et de concentration), dès qu’Angel arrive à Phoenix, on se retrouve dans une course poursuite haletante et particulièrement violente entre les différents protagonistes qui sont à la recherche d’un … D’un machin, d’un MacGuffin donc.

Un vrai plaisir de lecture, addictif et plein de suspense. Mais pas seulement. La peinture de ce futur sombre et très proche est effrayante par son réalisme et sa cohérence. Combien de temps encore avant que nous ne payons nos folies. Combien de temps avant que l’eau ne devienne chez nous ce qu’elle est déjà dans de nombreux points du globe : Une denrée trop rare, source de conflits sanglants ? Et comment nos sociétés, tant habituées à gaspiller l’or bleu, bien plus indispensable que le pétrole pour lequel on s’entretue déjà, réagiront-elles ? Avec quelle violence ? Avec quels renoncements à notre vernis de civilisation et de civilité ?

Autant de questions auxquelles le roman répond, à sa façon, en imaginant un futur possible, effrayant et malheureusement très plausible. A lire donc, pour se faire plaisir, se faire peur et se faire réfléchir.

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