Papillon de nuit

Avec Papillon de nuit, David Belo signe un roman audacieux, sombre, à la frontière du réel, du rêve et de la folie. Sur le papier, tout m’attirait : une disparition d’enfant, une héroïne meurtrie, une ville fictive à l’atmosphère inquiétante… Pourtant, ma lecture a été en demi-teinte.

L’intrigue m’a semblé lente, souvent répétitive. L’auteur installe une ambiance pesante, servie par une plume singulière, presque envoûtante, mais j’ai eu la sensation de tourner en rond. Tiffany Malcom, photographe à Opatoma, voit sa vie basculer quand sa fille Lily disparaît mystérieusement. Déjà marquée par un passé traumatique, l’héroïne est entraînée dans une spirale d’autodestruction… et dans un étrange voyage temporel, nourri par une drogue inédite.

Opatoma est l’un des points forts du roman. Ville inventée mais incroyablement vivante, elle semble respirer à travers chaque page. Brumeuse, inquiétante, presque organique, elle évoque ces lieux hors du temps où tout peut arriver. Sa dualité – entre la modernité trouble du présent et l’ombre d’un XIXe siècle tordu – renforce le sentiment d’étrangeté permanent. J’ai même cherché à vérifier si elle existait vraiment, tant elle semblait réelle.

Le point de départ est fort, la symbolique autour du papillon de nuit est riche, mais le récit souffre de déséquilibres. L’intrigue avance par à-coups : des passages d’une lenteur pesante alternent avec des sursauts d’intérêt trop éphémères. On a parfois l’impression de ne pas avancer. L’auteur a de très bonnes idées, mais j’ai eu l’impression qu’il peinait à les organiser, comme un flot d’inspirations pas totalement maîtrisé. L’ensemble devient parfois confus, surtout dans la dimension fantastique, où les incursions dans le passé peinent à s’articuler avec la trame principale.

Quant au final… s’il surprend, il m’a semblé précipité, presque déconnecté de ce qui précède. Trop alambiqué, il m’a laissée sur une impression de frustration, comme si l’intrigue s’effondrait sur elle-même au moment de livrer ses réponses.

Papillon de nuit est un roman sensoriel, original, ambitieux, mais il manque à mon goût de cohérence et de rythme. Une expérience littéraire atypique qui, selon les sensibilités, fascinera… ou laissera, comme moi, un peu perdue sur le seuil.