
Le Clairvoyage Tome 1 Le Clairvoyage, tome 1
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l’avis des lecteurs
En voilà, une chronique qui aura pris beaucoup de temps à venir.
Comme je l’expliquais trop succinctement dans la chronique de mon abandon de Sans Âme, je n’ai que trop peu connu Anne Fakhouri, sans que cela ne m’empêche de capter que cette singulière personne et autrice avait quelque chose de foncièrement unique. Quelques conversations seulement, au hasard de nos ponctuelles rencontres lors des mercredis de l’Imaginaire Rennais, il y a près de 10 ans, auront suffi à faire que je ne puisse plus jamais oublier son rire, son magnifique mauvais esprit ou certaines des anecdotes qu’elle a eu la générosité de m’offrir. Elle avait ce charisme puissant et rare qui vous convainc instantanément qu’il y a quelque chose à creuser dans son travail, sans même avoir lu une seule de ses lignes.
Et je l’ai fait, à l’époque. La chronique qui nous intéresse aujourd’hui est une relecture d’un bouquin que j’ai beaucoup aimé sur le moment, mais dont le souvenir était flou et teinté d’un certain doute : l’avais je apprécié en toute honnêteté, ou avais je été influencé par le magnétisme Fakhourien ? Et depuis son cruel et injuste décès, la question me taraude régulièrement, créant en moi un insidieux sentiment de crainte à l’idée d’explorer à nouveau son travail, que ce soit avec ce roman ou sa suite, ou n’importe quoi portant son nom ; et si jamais ce n’était pas à mon goût, ne serait-ce pas également cruel de ma part d’exprimer une déception posthume ?
Il m’aura fallu rassembler mon courage petit à petit pour enfin m’y (re)mettre. Mieux vaut tard que jamais, oserais je, avec un sourire penaud.
Et donc nous y voilà. Avec le recul et l’esprit un peu plus au clair, qu’ai je pensé de ce Clairvoyage, en toute honnêteté ?
Que sa réputation n’était absolument pas usurpé. Et que si je comprends pourquoi je l’ai tant aimé à l’époque de ma première lecture, je comprends également pourquoi il n’a pas autant fonctionné sur moi aujourd’hui ; sans que cela n’affecte en rien la tendresse que j’éprouve à son égard. Tout ce qui me chagrine maintenant, c’est de me dire qu’articuler tout ça correctement dans cette chronique va être un peu ardu.
Mais essayons quand même.
Jeune fille intelligente et rêveuse, Clara voit son monde bouleversé lors de la mort brutale de ses parents. Confiée à son oncle Antoine qu’elle n’avait jamais croisé jusque là, un adulte un peu étrange quoique faisant de son mieux pour aider Clara à se faire sa nouvelle réalité, elle découvre une maison mystérieuse semblant remplie de secrets, à commencer par ceux de Bébé, l’éthérée femme d’Antoine. Derrière toutes ces façades et apparences trompeuses, Clara va découvrir un monde insoupçonné aux ramifications vertigineuses.
Alors. Bon. Comme je l’ai déjà dit et je redirai aussi longtemps que nécessaire : l’essentiel pour un texte n’est pas tant d’être original que d’être singulier, pour marquer les esprits. Le Clairvoyage s’inscrit à mes yeux dans la seconde catégorie, avec aise.
Du moins, pour sa première partie ; et c’est là que les difficultés commencent pour moi, à essayer d’expliquer exactement ce qui s’est passé pour moi lors de cette relecture.
J’ai été frappé, dès l’introduction, par l’élégance et la douceur de la plume d’Anne Fakhouri, ainsi que par sa précision ; j’ai été absolument scotché par la beauté – et Dieu sait ma réticence à invoquer cet épithète – de sa prose. J’aime bien penser et dire que le style, bien utilisé, c’est une jolie manière de dire les choses sans les dire ; c’est faire usage de la langue d’une manière lui permettant de s’exprimer entre les lignes, de faire comprendre sans avoir à s’abaisser à verbaliser les choses de manière prosaïque, et paradoxalement, en leur conférant au passage une encore plus grande force d’expression. Et ce qui se passe dans la tête de Clara, au début de ce bouquin, est rendu d’une manière absolument sublime.
Anne Fakhouri parvient avec une classe folle à mobiliser les tropes du fantastique d’une manière lumineuse qu’on voit trop rarement à mes yeux, parvenant à tordre en douceur l’idée de cette « inquiétante étrangeté » pour en faire une « intrigante étrangeté ». Au delà des évidentes mais jolies métaphores autour de l’idée du deuil et du passage à l’âge adulte en transitionnant par l’adolescence, je suis très fan de ce que fait l’autrice dans cette mise en place de son univers, nous exposant assez sobrement mais très clairement que tous les fantômes ne sont pas forcément grimaçants ; qu’on peut et doit faire face à certaines épreuves de la vie armé·e·s d’un sourire. C’est pour ça que je permets d’utiliser cet adjectif de « beau » si rare dans mon vocabulaire, que je trouve si galvaudé et fainéant la majorité du temps : ce qui se passe avec Clara et sa nouvelle famille pendant toute une partie de cette histoire est touchant en soi, et se trouve magnifié par l’usage que fait Anne Fakhouri de son style, liant avec maestria le fonds et la forme. C’est beau parce que d’une certaine manière, ça sait se rendre évident, sans forcer ni trop en faire par euphorie ou laisser-aller.
Et curieusement, c’est ce sentiment de beauté un peu vaporeuse qui m’était resté en tête plus que tout le reste, dans ce roman, oubliant l’essentiel de son intrigue. Et c’est là que se niche mon traditionnel bémol, même si aujourd’hui, je pense que mon pinaillage n’en est pas réellement un. Si vous me suivez un peu, vous savez désormais que le merveilleux, sous toutes ses formes, ce n’est pas vraiment ma tasse de thé, mes tendances matérialistes me suivent même dans mes goûts littéraires : il me faut du concret, du palpable.
Or, ne nous leurrons pas, Le Clairvoyage est un conte de fées, très littéralement. Et qui plus est, il s’adresse assez frontalement à un public jeune, ce que je ne suis plus depuis un bout de temps maintenant ; avec tout ce que ça suggère d’intensité et de raccourcis narratifs pour faire avancer l’intrigue. Et si à une époque j’aurais pu le reprocher à l’ouvrage dont je parle, je me targue d’avoir su un peu mûrir et grandir sur ce sujet ; ce n’est pas un défaut ou une question de goût, c’est uniquement une caractéristique intrinsèque du genre dont il est question ici, il n’y pas à en juger dans un sens ou dans l’autre. Que ça aille vite, c’est normal, et c’est même très bien, parce que ça évite de faire des détours didactiques ou logiques qui autrement auraient considérablement alourdi l’ensemble, à n’en pas douter.
Mais alors, de quoi je me plains, moi, l’éternel pénible, hein ? Pas de grand chose, en vrai ; juste du fait qu’à mes yeux, en se concentrant comme elle l’a fait sur son intrigue et sur l’action qu’elle implique, Anne Fakhouri a peut-être un peu perdu le fil en route. Un tout petit peu, mais quand même. Ce que je veux dire par là c’est qu’à un moment donné de ce roman, ses enjeux se densifient sensiblement, amenant de fait la narration à se concentrer uniquement sur ce qui en découle ou en dépend ; et de fait, l’écriture de l’autrice y perd beaucoup en sensibilité. Là où auparavant on était beaucoup dans la tête de Clara, pouvant y lire avec limpidité le tourbillon de ses sentiments, on passe un peu plus sur ses mains et ce qu’elle doit faire, mettant de côté la subtilité émotionnelle dont le récit faisait preuve jusque là.
Paradoxalement, et – j’en ai bien conscience – ironiquement, en faisant glisser une bonne part de la matérialité de son roman des sentiments et questionnements de son héroïne à la nécessité urgente de ses actions, je trouve qu’Anne Fakhouri a très légèrement fait dévisser le roman de son axe ; lequel jusque là était tellement magnifique à mes yeux que le décalage, aussi fin fut il, était d’autant plus criant et dommageable.
Mais tout ceci étant dit, mon esprit analytique se régale de l’idée que ce retour en lui-même donne raison à tout ce que la formidable écrivaine qu’était Anne Fakhouri faisait dire au texte dont je parle. Cette histoire où seuls les enfants et les seniors, dépouillés de toute une vision bassement matérialiste et logique inculquée de force par un monde gris, sachant faire face aux ordalies de la vie sans se départir de leur envie de s’amuser ou d’imaginer de belles choses, elle fonctionne sur deux niveaux : narratif comme meta. Ses allégories et métaphores, comme pour toutes les excellents récits de fantastique à mon goût, sont également opératives à un sens purement diégétiques. Leurs sens profonds ne dépendent finalement que l’interprétation qu’on peut ou veut en faire. Et ça, mine de rien, c’est quand même pas évident à faire sans tomber dans le cliché ou le manque de subtilité.
Alors ouais, Le Clairvoyage demeure un formidable roman. Dont je n’ai sans doute pas autant pu profiter que j’en aurais voulu, parce que je suis un peu vieux et cynique, sans doute trop désabusé ; parce que malgré mon envie d’y croire, je suis un peu resté sur le seuil. Tout en pouvant – heureusement – en saluer les nombreuses et magnifiques qualités, appréciant à sa juste valeur l’idée que d’autres que moi, plus jeunes ou non, puissent y trouver les ressources de beauté et d’espoir qu’il recèle.
Et tout ça sans parler du fait qu’il me reste aussi une suite et fin à lire, qui pourra sans doute éclairer encore d’une lumière nouvelle ma perception de l’ensemble. Et qui sait, peut-être même qu’elle me permettra d’éviter d’être un vieux grognon à son égard, de profiter à fond de sa résolution ? Ce serait super, moi j’trouve.
Quatrième de couv’ :
Confiée, à la mort de ses parents, à un oncle qu’elle ne connaît pas, Clara découvre une famille excentrique et devient la pièce maîtresse d’une bataille âpre entre le monde des fées et le monde des humains. Clara arrivera-t-elle à dépasser ses peurs pour entrer dans l’aventure ?
Mon avis :
En trainant une énième fois sur les promos Emaginaire (c’est l’antre du diable ce truc pour les aficionados de l’imaginaire ^^), j’ai trouvé ce petit livre qui avait une quatrième fort plaisante :
Pour un livre destiné à un public jeune adolescent j’ai été surprise de me retrouver avec un livre plutôt sombre, très mystérieux avec des secrets de famille et des fées qui ne font pas dans la dentelle. Dès le début du livre, l’héroïne perd ses parents dans un accident de voiture et se retrouve chez l’Oncle Antoine, gentil mais franchement à côté de ses pompes le tonton et jamais là. Sa tante Bébé est dans la maison mais non visible, enfermée dans son atelier de peinture et le manoir a des pièces secrètes, bizarres, où il arrive de drôles de choses à Clara.
Elle rencontrera un jeune garçon de son âge, Gauvain qui vit avec sa mère et une tante dans un magasin de brocante contenant des objets en lien avec le monde des fées et un certain Mr Hêtre, grand-père très mystérieux qui voit un certain potentiel dans Clara et ses aventures. La grand-tante Coucou est une gentille mamie un peu à part également et un autre personnage fera son apparition à la fin du livre.
Pour les fées, on note un petit clin d’oeil à Shakespeare et son oeuvre Songe d’une nuit d’été en croisant les noms de Puck et Titania. Une Banshee qui fait de la divination et les ancêtres de la famille de Clara qui hante le grenier de l’Oncle Antoine (une scène rigolote et pratiquement l’unique de tout le bouquin). Une sirène squatte également le bassin dans le jardin du manoir.
Je ne comprends pas le découpage de ce livre qui se révèle être un T1 (je n’ai vu cette mention nulle part sur le bouquin quand je l’ai eu en main), c’est donc un tome d’exposition et quand ça devient enfin intéressant car Clara et son équipe se rendent dans le monde des fées…c’est fini.
En bref, je suis tout de même curieuse de me retrouver enfin dans le monde des fées donc il sera possible de croiser la suite par ici un de ces jours mais ce n’est clairement pas une priorité n’ayant pas été très empathique avec les personnages qui ne m’ont pas trop intéressée.
Bonne lecture !
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