La ballade de Black Tom
  • Date de parution 19/04/2018
  • Nombre de pages 160
  • Poids de l’article 162 gr
  • ISBN-13 9782843449338
  • Editeur BELIAL
  • Format 172 x 120 mm
  • Edition Grand format
Science Fiction Ouvrage de référence de l'auteur

La ballade de Black Tom

3,60 / 5 (150 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

EN CETTE ANNÉE 1924, Charles Thomas Tester, musicien médiocre et escroc de bas étage, traîne sa longue silhouette dans les rues grouillantes de Harlem en quête de quelques dollars, de quoi manger et conserver le toit qu'il partage avec son père vieillissant. Il n'ignore rien de la magie qu'un costume ajusté comme il convient peut provoquer, de l'invisibilité qu'un étui à guitare peut générer, jusque dans les quartiers les plus huppés, ni de la malédiction gravée dans la couleur de sa peau, celle-là même qui attire invariablement le regard des Blancs et des flics qui vont avec. Tommy est un prince. Un prince de Harlem. Mais quand il livre un grimoire occulte à une sorcière recluse au cœur du Queens, il n'a aucune idée des portes qu'il entrouvre alors, ni de la monstruosité que son geste pourrait bien libérer... Une horreur à même d'engloutir New York tout entière.« Un récit plein de rage et de passion. » THE NEW YORK TIMES

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  • Date de parution 19/04/2018
  • Nombre de pages 160
  • Poids de l’article 162 gr
  • ISBN-13 9782843449338
  • Editeur BELIAL
  • Format 172 x 120 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Aujourd’hui, je commence à doucement acter une promesse que je me suis faite et que j’ai faite il y a un moment : chroniquer tous les UHL sur ce blog. Autant, pour les numéros de la collection lus après le lancement de ce dernier, c’était assez facile, d’autant plus quand plus de la moitié d’entre eux maintenant, je crois, étaient des SP envoyés directement par le Bélial’ – ce dont je ne les remercierai jamais assez – autant pour les plus vieilles itérations, c’était un peu plus compliqué, je l’avoue. Parce que je m’en souviens encore un peu trop bien, et que c’est pas un exercice que j’apprécie particulièrement, la relecture, quand le sujet est trop frais.

Mais à l’occasion d’un petit exercice de classement des différents titres de cette merveilleuse collection, il y a peu, je me suis dit que pour certains d’entre eux, c’était sans doute bon, je pouvais m’y mettre ; mon côté analytique, au pire, prendrait le relais pour juste livrer mes impressions mises à jour.

Et aujourd’hui, c’est une novella dont je n’avais, à l’époque, sans doute pas tout capté, mais tout de même apprécié, devinant plus que comprenant, je crois le fonds de l’affaire. Et que je peux estimer avoir complètement comprise, désormais. En me demandant quand même comment, à l’époque, j’ai pu passer à côté des intentions de l’auteur. C’est ça aussi, grandir : se rendre compte qu’on était pas si malin qu’on le croyait, avant.

Bref, une excellente novella, quoique peut être un poil trop démonstrative. Voyons ça.

À vrai dire, dès la re-lecture de l’exergue de ce texte, je m’en suis voulu de ne pas avoir fait assez attention lors de ma découverte initiale du récit de Victor Lavalle. « À H.P. Lovecraft, avec tous mes sentiments contradictoires », ça dit déjà tout ce que vous avez besoin de savoir à propos de l’histoire qui suit, et ce sans effort intellectuel majeur ; pour peu que vous sachiez un minimum qui était Lovecraft, et d’où venaient ses histoires, il va sans dire qu’un auteur racisé aura des choses à dire à son sujet. À ma décharge, lors de ma première lecture, faute de m’être jamais réellement intéressé au travail de Lovecraft, je ne savais pas que son œuvre et sa personnalité étaient percluses de très gros problèmes de racisme, pour ne parler que d’un souci à la fois ; il aura justement, je crois, fallu qu’on me l’explique après que je me sois ouvert de mon incompréhension partielle à propos du texte qui nous intéresse aujourd’hui. Mais de fait, avoir un texte d’évidente inspiration lovecraftienne avec comme protagoniste un homme noir, dans les États-Unis de 1924, c’est une déclaration d’intention en soi ; c’est déjà ajouter un pied de nez à l’hommage à un maître aussi incontesté que problématique du fantastique et de l’horreur.

Très basiquement, pour moi, La Ballade de Black Tom est une revanche. Une fan-fiction signée par quelqu’un qui ressent un intense conflit intérieur à l’encontre de l’objet de son adoration, et qui n’a pas peur de s’en servir comme carburant créatif. Et de fait, tout ce récit n’est rien d’autre qu’un retournement du stigmate originel dont Lovecraft lui-même se servait pour alimenter une partie de ses récits (tout du moins c’est mon impression, forgée à partir d’une connaissance limitée, encore uns fois, n’hésitez pas à me corriger). D’une terreur indicible, on passe à une angoisse bien trop tangible : à l’inconnu cosmique et nébuleux on substitue le glauque du quotidien, du familier et du palpable. Notre protagoniste connait la nature de son adversité, et il tente d’en jouer pour en tirer un profit, là où un héros lovecraftien se serait surement roulé en boule pour hurler à la mort et à la déliquescence de sa conscience ou un truc comme ça.

Le récit de Victor Lavalle est très clairement rempli de rage et de ressentiment, et fait étalage d’une conscience aiguë et ancienne des souffrances des personnes racisées aux États-Unis, considérées comme des menaces pour aucune bonne raison, en dehors d’un ressentiment viscéral et irrationnel, celui-là même qui nourrit la terreur lovecraftienne, simplement transformée en autre chose.

Là où La Ballade de Black Tom réussit son coup pour moi, quoique de manière peut-être un peu trop explicite, surtout dans sa dernière partie, c’est bien dans le jusqu’au-boutisme de ce retournement. L’antagoniste de service devient un protagoniste, le protagoniste classique devient un antagoniste impeccable, etc… De manière très meta et efficace, Victor Lavalle s’empare de la matière lovecraftienne et la refond pour la faire coller à sa réalité personnelle, où les salopards ne sont pas étrangers et étranges, mais bien discrets et abjects de mesquinerie, où le mal est banal et normalisé ; où le racisme est un système. Tout ce texte décrit par le menu les injustices que subissent encore bien trop de gens depuis trop longtemps, et par le truchement de l’horreur, illustre la chance des dominants de ne pas voir les dominés complètement se laisser aller à un quelconque besoin de vengeance, et de continuer d’accepter de jouer un jeu auquel ils n’ont pourtant jamais accepter de jouer en l’état. Et ce tout en sachant pertinemment, depuis le temps, comment ledit jeu se joue et comment leurs adversaires y trichent, et donc comment ils pourraient s’y prendre pour les piéger.

De fait, je trouve que s’approprier l’héritage de Lovecraft de cette manière, reconnaissant son apport à la culture générale tout en mettant ses très gros problèmes en perspective, c’est sans doute la meilleure approche possible pour le faire perdurer positivement, plutôt qu’en essayant – sans doute en vain – de le faire complètement disparaitre. Les Grands Anciens et tout ce qu’ils représentent sont parmi nous et il n’y a pas grand chose d’autre à faire que de les intégrer doucement, en lissant leurs aspects les plus rugueux. Toute l’intelligence de Victor Lavalle étant bien entendu de faire ça avec assez de férocité pour qu’on ne se leurre pas sur le fond de sa démarche, mais aussi assez de clins d’œil et de malice pour qu’on capte l’astuce.

Une entrée importante dans la collection UHL, à mes yeux, qui fait écho à celle plus ancienne de La Quête Onirique de Vellitt Boe, dans un autre registre tout aussi pertinent.


On ne présente plus l’excellente collection Une heure lumière éditée par Le Bélial dont La ballade de Black Tom est la 13ème parution. Ce roman court à la superbe couverture signée Aurélien Police fait partie d’un courant littéraire reprenant ou s’inspirant de textes de Lovecraft mais en donnant une place plus importante aux femmes et aux personnes de couleur. On sait en effet le peu de cas qu’avait le maître de Providence pour eux.

La quête onirique de Vellitt Boe de Kij Johnson publiée également chez Le Bélial s’inscrivait dans ce même courant. Kij Johnson avait choisi comme support La Quête Onirique de Kadath L’Inconnue en ayant comme personnage principal une femme professeure d’université. Victor Lavalle a pour sa part choisi de mettre en cause le côté raciste de Lovecraft en partant d’un texte très controversé et un peu moins connu de l’écrivain, L’Horreur à Red Hook écrit en 1925. Cette nouvelle de H. P. Lovecraft a été écrite quand l’auteur a vécu à New York, ville qu’il a purement détestée. Lovecraft a vécu dans le quartier de Red Hook et son horreur pour la ville et ce quartier en particulier transparait dans la nouvelle de manière abjecte. Ce texte est un des plus odieux de l’écrivain où l’on voit son rejet de tout ce qui n’est pas comme lui. Le dégoût des grandes villes est presque palpable dans la nouvelle. Autre fait à savoir concernant ce texte, est qu’il ne s’inscrit pas dans le fameux mythe de Cthulhu, il y a des références occultes mais au culte de Lilith et on n’y parle pas de grands anciens.

Victor Lavalle, qui est un romancier noir américain vivant à New-York, a décidé de réécrire la nouvelle de Lovecraft à sa manière. Il s’agit bien de réécriture et non d’une inspiration, car on retrouve les mêmes événements ainsi que les mêmes personnages dans les deux textes. La trame générale est semblable, les recherches occultes de Robert Suydam, cependant Victor Lavalle a modifié le déroulement de certains faits et a fait de personnages très peu présents dans le texte de Lovecraft, des personnages centraux. Dans L’Horreur à Red Hook, des musiciens de rue et également des détectives sont mentionnés. Chez Victor Lavalle, le personnage principal est un musicien de rue et un dénommé M. Howard, un détective. D’ailleurs ce dernier a des opinions racistes fortement marquées et apparait comme plutôt détestable.

La ballade de Black Tom est divisé en deux parties: la première est consacrée à Charles Thomas Tester, tandis que la seconde s’attache plus particulièrement à l’inspecteur Malone. Charles Thomas Tester est une jeune homme noir vivant à Harlem avec son père. Il aime particulièrement la musique et se promène toujours avec un étui à guitare même s’il n’est pas particulièrement doué au chant. Il arrive à gagner un peu d’argent avec diverses petites magouilles. Il va faire la connaissance d’un étrange individu, Robert Suydam, un homme riche féru d’occultisme. Les héritiers de Suydam ont demandé deux hommes pour surveiller le vieil excentrique et éviter que sa fortune ne disparaisse avant sa mort: le détective Howard et le policier Malone. C’est là que le récit rejoint celui de L’Horreur à Red Hook consacré aux recherches ésotériques de Suydam qui abandonne sa belle maison pour aller vivre dans le quartier de Red Hook, plus propice à ses recherches.

La seconde partie du roman est un peu moins intéressante que la première. L’auteur prenait le temps d’installer un climat autour de la musique et de la magie et de nous présenter les lieux et les personnages. Au contraire le rythme s’accélère dans la seconde partie, où quelques détails supplémentaires sur les événements auraient été bienvenus. La transition entre les deux parties est un peu brutale. Malgré tout, cela ne nuit pas à l’histoire qui reste très prenante.

L’Horreur à Red Hook ne contenait aucune mention de grands anciens ou de quoi que ce soit à tentacules aimant passionnément les océans. La trame était très simple et la nouvelle assez courte. Victor Lavalle a choisi de changer cela et de rattacher son histoire à la mythologie de Lovecraft en parlant d’un « Roi endormi » rêvant de revenir dominer les humains. C’est vraiment une brillante idée qui renforce la puissance du récit.

Un autre point à souligner dans ce roman, c’est bien entendu ce qui a motivé son écriture, le racisme. Bien entendu, le choix de prendre pour personnage principal un homme noir n’est pas anodin. Cependant, on trouve dans le récit des faits qui sont à rapprocher de tristes faits divers se produisant malheureusement de nos jours encore aux États-Unis par exemple. L’auteur ouvre ainsi son propos en ne parlant pas que de ce problème chez Lovecraft et offre un récit vraiment glaçant, et pas vraiment à cause des tentacules mais à cause du comportement humain.

La ballade de Black Tom est donc une parfaite réussite. On peut apprécier sa lecture sans connaitre la nouvelle de Lovecraft. Cependant, on perd alors une dimension importante du texte. Le roman est vraiment bluffant par la réécriture de la nouvelle d’origine et par ses choix narratifs. Il est assez court mais aborde beaucoup de thèmes. Victor Lavalle arrive à rendre son récit particulièrement glaçant tout en le rattachant à la mythologie créée par Lovecraft et à la dépasser. C’est véritablement épatant!


Cela faisait un moment que je n’avais pas lu de novellas de l’excellente collection « Une heure lumière » du Bélial. Et comme j’ai commencé à voir de bons échos de La ballade de Black Tom de Victor Lavalle, j’ai plongé.


Charles Thomas Tester est un musicien à peine médiocre de Harlem. Autant dire que dans son quartier, ce n’est pas la musique qui va le tirer d’affaire. Mais c’est aussi un charmeur et un malin, et il n’a pas son pareil pour arnaquer les pigeons.

Jusqu’au jour où il porte un étrange grimoire chez une vieille femme dans le Queens, un endroit où très rares sont les noirs dans le métro … Plus étrange, en rentrant il tombe sur un excentrique prêt à le payer 500 dollars pour venir jouer à une soirée privée. Tom sent bien que quelque chose cloche, mais comment résister à une telle somme ? Il ne sait pas qu’il va déclencher des évènements à même d’engloutir la ville.

« A H.P. Lovecraft, avec tous mes sentiments contradictoires. », c’est la dédicace. Et elle résume bien le roman. Victor Lavalle écrit un hommage, à la manière du maître, invoquant le grand Chtulhu, tout en prenant le contrepied du racisme revendiqué du maître de l’horreur.

Et il le fait de façon fine et intelligente. On ne peut bien évidemment pas dévoiler la fin, mais elle est particulièrement bien trouvée et étonnante. Un vrai plaisir de voir comment il reprend les mythes créés par le grand ancien, tout en les modifiant subtilement pour les assaisonner à sa sauce. L’angoisse monte subrepticement et le final prend complètement le lecteur à contre-pied.

Un petit bijou, et en prime l’esthétique de cette collection est superbe.

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