Le serpent majuscule

Pierre LEMAITRE revient aux romans noirs de sa jeunesse, il exhume un texte écrit en 1985, jamais publié car jamais adressé à un éditeur. 

L’auteur explique sa démarche dans un avant-propos pour le moins humoristique, avec un recul assez jubilatoire pour le lecteur.

Il précise, non sans ironie que ce texte, non exempt de défauts, sera jugé avec sévérité par le lecteur intransigeant et avec bienveillance par le lecteur amical.

Je fais partie du deuxième camp et vous invite à découvrir Mathilde, une tueuse sans scrupule, manifestement sociopathe, et pour laquelle le vieil adage « l’habit ne fait pas le moine » est sur mesure ! 

↜↝↜↝

Mathilde a 63 ans, elle est petite, large et lourde et passe vraiment pour parfaitement inoffensive alors qu’elle est tueuse professionnelle. 

Elle exécute sans bavure et avec promptitude ses missions. Son « DRH » est très satisfait de son professionnalisme.

Le récit démarre sur une exécution pour le moins cocasse où pourtant Mathilde commet une petite erreur qu’elle aura bien du mal à expliquer ensuite.

Mathilde perdrait-elle la tête ?

S’ensuivent alors des péripéties entre le présent, la passé sombre de Mathilde, son ancien grand amour, son dalmatien un peu idiot, son voisin inquisiteur, un flic nonchalant, un vieil homme fatigué …

Elle s’emmêle un peu Mathilde et flingue à tout va ! Un vrai jeu de massacre à la Tarantino.

C’est d’un mauvais goût parfaitement assumé, cocasse et sans aucune morale, caustique à souhait.

Une lecture réjouissante et déjantée où les plus coriaces ne sont pas forcément ceux auxquels on aurait pensé !

Mathilde a la soixantaine. Elle est veuve, ne s’entend pas bien avec sa fille unique. Elle vit seule avec son chien Ludo, dans son petit pavillon de banlieue. Personne ne pourrait soupçonner cette petite mamie rondelette de se livrer à des activités dangereuses. Car Mathilde cache bien son jeu. A bord de sa Renault 25, armée de son pistolet, elle exécute avec froideur des hommes ou des femmes, parce que c’est son boulot et qu’elle doit bien répondre aux contrats donnés par Henri. Mais un jour Mathilde commence à perdre la mémoire et là tout débloque…

Bienvenue dans un polar complètement déjanté et totalement jouissif. Pierre Lemaître nous offre ici un roman un peu dingue dans lequel les morts s’enchaînent à vitesse grand V. Mathilde est une sorte de tueuse à gages vieillissante et qui commence à débloquer sévère, exécutant à tout va des contrats complètement imaginaires.

Ne vous attachez à aucun personnage car il pourrait s’avérer qu’ils se fassent dézinguer sans raison par mamie Mathilde. C’est drôle, irrévérencieux, teinté de noirceur. C’est aussi un roman qui, entre les lignes, parle du naufrage de la vieillesse: la solitude, l’abandon, la perte de la mémoire. Le ton est toujours juste sans jamais tomber dans le grotesque.

L’auteur situe, en outre, son roman dans les années 80. Pas de GPS, de téléphones portables. Difficile dans ces conditions de mener une enquête pour la police ce qui rend la cavale folle de Mathilde encore plus barrée! J’ai vraiment beaucoup aimé cette lecture réjouissante avec un personnage vraiment bien campé!

« Le Serpent majuscule » est un roman savoureux d’une noirceur piquante mais très drôle!