De nos frères blessés
  • Date de parution 22/08/2018
  • Nombre de pages 144
  • Poids de l’article 108 gr
  • ISBN-13 9782330109370
  • Editeur ACTES SUD
  • Format 176 x 109 mm
  • Edition Livre de poche
Romans français

De nos frères blessés

4.21 / 5 (415 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Alger, 1956. Fernand Iveton a trente ans quand il pose une bombe dans son usine. Ouvrier indépendantiste, il a choisi un local à l'écart des ateliers pour cet acte symbolique : il s'agit de marquer les esprits, pas les corps. Il est arrêté avant que l'engin n'explose, n'a tué ni blessé personne, n'est coupable que d'une intention de sabotage, le voilà pourtant condamné à la peine capitale. Si le roman relate l'interrogatoire, la détention, le procès d'Iveton, il évoque également l'enfance de Fernand dans son pays, l'Algérie, et s'attarde sur sa rencontre avec celle qu'il épousa. Car avant d'être le héros ou le terroriste que l'opinion publique verra en lui, Fernand fut simplement un homme, un idéaliste qui aima sa terre, sa femme, ses amis, la vie - et la liberté, qu'il espéra pour tous les frères humains. Quand la Justice s'est montrée indigne, la littérature peut demander réparation. Lyrique et habité, Joseph Andras questionne les angles morts du récit national et signe un fulgurant exercice d'admiration.

livré en 5 jours

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  • Date de parution 22/08/2018
  • Nombre de pages 144
  • Poids de l’article 108 gr
  • ISBN-13 9782330109370
  • Editeur ACTES SUD
  • Format 176 x 109 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Où?

Le roman se déroule principalement en Algérie, à Alger, Cherchell, Tipaza et à Paris, avec l’évocation de quelques endroits où ont vécu Fernand et son épouse: Annet-sur-Marne, Lagny, Chartres ou encore Dolany, en Pologne et Lausanne, en Suisse.

Quand?

L’action se situe de 1956 à 1957, avec des évocations qui remontent jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

Ce que j’en pense

***

Ceux qui suivent l’actualité littéraire n’ont guère pu manquer la vague médiatique déclenchée après l’attribution du Goncourt du premier roman à Joseph Andras, alors même que ce roman n’était pas encore publié. Les premiers commentaires sur cette «curieuse pratique» ont vite été oubliés par la publication de la lettre du lauréat qui refusait ce prix pourtant prestigieux.

L’occasion d’une nouvelle série de commentaires qui précédèrent la polémique initiée par Pierre Assouline qui voyait en Joseph Andras un nouveau Romain Gary / Émile Ajar, soupçonnant la discrétion et la retenue du romancier de camoufler une supercherie. L’écume de cette vague médiatique étant aujourd’hui retombée, on peut en revenir à l’essentiel, le roman lui-même.

Il s’ouvre à la fin de l’année 1956, au moment où Fernand Iveton s’apprête à déposer une bombe dans l’usine de gaz qui l’emploie. Ce militant communiste a trouvé là le moyen de participer à la lutte, de faire acte de résistance, sans toutefois chercher à tuer, ni même à user de violence : « Pas de morts, surtout pas de morts. Mieux vaut le petit local abandonné où personne ne va jamais. Matahar, le vieil ouvrier avec sa tête moutarde en papier froissé, lui a donné la clé sans le moindre doute – juste pour faire une petite sieste, Matahar, je te la rends demain, tu dis rien aux autres, promis? Le vieux n’avait qu’une parole, jamais je dirai rien à personne, Fernand, tu peux dormir sur tes deux oreilles. Il sort la clé de sa poche droite, la tourne dans la serrure, regarde furtivement derrière lui, personne, il entre, ouvre le placard, pose le sac de sport sur l’étagère du milieu, referme, un tour de clé. »

Cette bombe n’explosera pourtant jamais, car Fernand a été trahi. À peine son forfait commis, ils est arrêté par une escouade de policiers et militaires : « Ils sont quatre, peut-être cinq – l’idée ne lui vient pas de les compter. Plus loin, le contremaître Oriol faisant mine de, mais tout de même, sa petite bouche de salaud s’efforçant de ne pas sourire, de ne rien divulguer, sait-on jamais, les communistes ont l’art des représailles à ce que l’on rapporte ici et là. Trois soldats arrivent, des premières classes de l’armée de l’air sans doute appelés à la rescousse. On a bouclé l’usine et fouillé partout, on n’a trouvé qu’une seule bombe pour le moment, dans un sac vert à l’intérieur d’un placard, assure l’un d’eux. »

L’interrogatoire qui suit rappelle les heures sombres qui ont «normalisé» la torture, les arrestations arbitraires, voire les homicides «involontaires».

Seulement voilà, le colonisateur peut se targuer d’apporter avec lui les valeurs de la démocratie, au premier rang desquelles figure l’Etat de droit et le procès équitable. Comme il n’y a eu ni dégâts, ni décès, l’affaire semble entendue. La justice sera rendue.

Avec une plume alerte, mais loin de toutes fioritures, Joseph Andras raconte les jours qui suivent l’incarcération, l’inculpation, l’instruction qui a conduit à la condamnation à mort de Fernand Iveton, seul Européen à avoir subi ce sort funeste durant la guerre d’Algérie. François Mitterrand, alors Garde des Sceaux, Guy Mollet, alors Président du Conseil et René Coty, alors Président de la République n’interviendront pas dans cette décision rendue par un tribunal militaire. S’il semble que le premier nommé a par la suite regretté son attitude – peut-être même que son aversion future pour la peine de mort vient de là – les autres acteurs de ce drame sont restés droits dans leurs bottes.

J’entends déjà les voix qui rétorqueront qu’il faut se reporter à l’époque, qu’au moment où les attentats du FLN vont se multiplier, il fallait bien se défendre, voire faire un exemple. Il n’en reste pas moins que Joseph Andras n’a eu qu’un seul tort, celui d’avoir compris avant les autres la marche de l’histoire…

Pour lui, pour son épouse Hélène qui n’a pas ménagé sa peine pour le secourir, pour ses parents et amis, pour ses camarades de combat, ce roman sonne comme un premier acte de réhabilitation. Alors tant mieux, si on en parle autant, même si ce n’est pas toujours pour les meilleures raisons !

En quelques cent trente pages, avec une efficacité qui confère à son texte comme un caractère d'urgence, Joseph Andras exhume des coulisses de l'Histoire "l'affaire Iveton".


Fernand Iveton, français d'Algérie, anticolonialiste et ouvrier, a un idéal : l'égalité pour tous les algériens, qu'ils soient originaires de France ou d'Espagne, d'Alger ou d'Oran, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans. Sa soif de justice sociale le pousse à rejoindre la branche militaire du Parti Communiste Algérien et à apporter sa contribution à des actes supposés attirer l'attention du gouvernement français sur l'exploitation du prolétariat par une poignée de possédants.


Mais Fernand est aussi un pacifiste, qui pose comme condition sine qua non à son action qu'elle ne provoque aucun dommage humain. Aussi, en ce funeste jour de 1956, il a posé une bombe dans un local de matériel où personne n'est censé mettre les pieds... et elle ne fera en effet aucun mal... Dénoncé et arrêté avant même qu'elle ait sauté, Fernand est torturé, jugé, et soudain condamné à mort...


Une question de mauvais moment... la fin de ces années cinquante est le début d'une guerre qui tait son nom, la France nie les velléités d'indépendance du peuple algérien, justifie sa politique de répression sanglante en invoquant la barbarie aveugle du FLN et de ses terroristes. L'opinion publique, échauffée par une presse partiale et les récents attentats, a perdu tout discernement.


Le gouvernement français, sollicité par les avocats de Fernand Iveton, est comme gêné aux entournures, affiche une façade de bienveillante compréhension, puis fait le mort... le Parti Communiste, embarrassé, évite lui aussi de se mouiller...


Fernand Iveton est livré en pâture à la vindicte populaire, victime du climat d'hystérie collective qui préside à son procès. L'auteur exhausse l'absurdité de la situation en brossant de son héros le portrait d'un homme simple et doux, charmant, presque candide, qui gardera presque jusqu'au bout sa confiance en son pays, qui bien que colon, n'est tout de même pas une dictature... un homme pour qui les mots "égalité, fraternité et liberté" ne doivent pas rester vains.


Joseph Andras est à la fois économe de mots et très éloquent. Son style elliptique va droit au but, mêlant dialogue et narration en un même flux aux accents à la fois poétiques et populaires. Il fait de Fernand Iveton un homme dont la rencontre, bien que brève, marque l'esprit du lecteur.


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