
Écotopia
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Ecotopia est un texte d’Ernest Callenbach, publié une première fois en 1975. Il paraît ensuite en 1978 chez Stock, puis chez Gallimard dans la collection Folio SF en début d’année 2021. C’est un récit semi-utopique, extrêmement visionnaire sur bien des aspects. Plutôt emballée pendant la première moitié, j’ai fini par m’ennuyer un peu ensuite.
Ecotopia : le récit d’un monde différent
Récit semi-utopique
Pourquoi semi et pas utopique tout court ? Parce que le récit ne décrit pas une situation utopique, parfaite. Ecotopia est un Etat qui a su reconnaître à temps que les Etats-Unis allaient dans le mur, et renverser la vapeur pour choisir un autre chemin. Ecotopia n’est en rien un monde parfait, d’ailleurs les articles de William le montrent bien. C’est un monde perfectible, et qui travaille à améliorer le système dans tous ses aspects.
On est dans un récit uchronique, avec pour point de départ la Sécession des trois Etats de la coûte Ouest en 1960. C’est assez intéressant de voir comment s’est développé ce nouvel Etat, en lien avec le reste du monde et contre les Etats-Unis. L’Histoire prend donc une voie parallèle à celle que l’on connait. Ecotopia et les USA ont été 20 ans en guerre froide, si l’on peut dire, et le voyage de William sonne comme le début de la « détente ».
La découverte d’Ecotopia
Le récit propose plusieurs types de récits :
- les articles de fond de William, destinés au Times-Post
- son carnet de bord journalier, privé.
Les articles de fond décrivent un système étatique dans tous ses aspects : politique, économie, société, culture… C’est très intéressant, mais ça ne m’a pas du tout passionnée, c’est beaucoup trop terre à terre pour moi. De ce fait, j’ai fini par survoler un peu ces chapitres (en étant consciente que je passe à côté de l’intérêt du livre, qui donne vraiment à réfléchir sur notre système actuel, mais je n’ai pas du tout envie de faire ça). Cependant, cela ravira les sociologues, philosophes, historiens, politologues, et toutes les personnes qui s’intéressent à ces sujets. Les articles m’ont semblé vraiment très fournis et à même de proposer une vision et une analyse fouillées de ce nouvel Etat.
Cela dit, ces articles sont aussi intéressants parce qu’ils sont rédigés au présent d’énonciation : le lecteur découvre en même temps que William Ecotopia. D’autre part, ces articles sont aussi le reflet d’une métamorphose de la pensée de William. Déontologie oblige, force lui est de reconnaître qu’Ecotopia fonctionne, et même plutôt bien, contrairement à ce qu’en laisse croire la propagande américaine.
L’alternance du journal de bord et des articles pour le Times-Post crée une dynamique dans le récit, plutôt bienvenue au début, puis assez automatique ensuite. Si ça m’a emballée au début, ça a fini par me bercer et m’endormir dans la seconde partie du roman. Cependant, j’ai trouvé la fin du récit assez habile, pas tant dans le fond car cette fin n’est absolument pas surprenante, mais plutôt dans sa forme. En effet, le texte inclut un épilogue du Directeur du Times, qui décide de publier les carnets de bord de William. Petit procédé narratif bien connu du genre romanesque, complètement artificiel mais qui fonctionne toujours aussi bien, renforçant le côté réaliste et vraisemblable du texte.
Un récit inégal
visionnaire…
Le gros point positif du texte est qu’il est visionnaire. Rien que le fait, en 1975, d’écrire un texte sur des Etats qui font sécession au nom de l’écologie, c’est très avant-gardiste. Les écotopiens ont mis en place tout ce dont il est question aujourd’hui, dans la vie quotidienne : le tri sélectif, la guerre au plastique, les réunions en vidéophone par la télévision (incroyablement actuel, pour le coup!), les panneaux solaires, les bus sans chauffeur… Quelques pages nous offrent des développements technologiques intéressants et me semble t-il novateurs (je n’ai cependant pas eu le courage d’aller vérifier quand sont réellement arrivés dans la vie tous ces progrès). Et à côté de cela, il y a des réflexions sur les enjeux de l’écologie dans tous les domaines : éducation, société, rapports Homme/Femme, emploi… C’est un système étatique intégral qui est proposé ici.
mais pas exempt de défauts
Mais peut-être est-ce parce que j’ai survolé le texte sur plusieurs chapitres, mais il me semble que cette sécession est un peu facile. Plusieurs fois, William fait état de cette séparation dont les plaies sont pansées. Déjà ? Après seulement 20 ans ? Aux Etats-Unis en plus ? Pas très crédible, quand on pense que la vraie Sécession au XIXème laisse encore des traces. Après, j’ai eu la sensation que pas mal de sujets étaient occultés : quid des relations internationales par exemple ? en 60, les USA sont en pleine guerre froide, ça aurait été intéressant que le récit uchronique aborde ce sujet.
et sur certains aspects, bien ancré dans son temps
Enfin, j’ai trouvé que sur certains aspects, le texte datait bien de son époque. Concernant les rapports sociaux, Ecotopia donne l’impression d’être figé dans les années 70, à l’heure du « Make love not war ». On se croirait à Woodstock. Dans Ecotopia, écologie rime avec sexualité libérée, et donc William (et d’autres personnages, comme Marissa, avec qui William se lie) baise sans arrêt, avec n’importe qui, avec une totale insouciance. Clairement, le SIDA n’était pas encore là… On a même droit à quelques beaux fantasmes bien clichés (l’infirmière spécialisée en massage qui offre une petite branlette à William : si si, en vrai) . Le carnet de bord de Sieur William finit donc par se résumer à une longue de « baise-jalousie-je t’aime-moi non plus-re baise » particulièrement fatigante et franchement, disons-le, ri-di-cu-le. La fin du roman a vraiment été pénible à lire.
Ecotopia est donc un roman visionnaire, évoquant non seulement l’urgence climatique mais aussi toutes les solutions possibles à mettre en place pour limiter les dégâts. Ce texte d’Ernest Callenbach est donc une œuvre de littérature imaginaire assez atypique. Ecotopia pose les bases d’une réflexion d’ampleur sur nos actuels systèmes étatiques, notre mode de vie. En cela, Callenbach utilise l’imaginaire pour proposer une œuvre très actuelle et réaliste. Un peu trop pour moi, justement.
L’Orégon, l’Etat de Washington et une partie de la Californie ont fait sécession des USA pour créer une société écologique et juste. Vingt ans après, les relations diplomatiques avec leur pays d’origine ne sont toujours pas rétablies, mais pour la première fois, un journaliste américain, William Weston se rend en Ecotopia pour faire un grand reportage d’investigation durant six semaines. Les rumeurs les plus folles courent sur cette terre comme le cannibalisme, il n’y croit pas mais désire découvrir le vie dans cette société. Il y va en étant tout à fait convaincu de la supériorité américaine. Les chapitres alternent les articles écrits par William, qui documentent tous les aspects de la vie du pays et ses expériences personnelles, consignées dans son carnet et non destinées à la publication. Le pays a renoncé à la consommation à outrance, les magasins d’Etat n’ont qu’un assortiment réduit d’articles de très bonne qualité mais surtout utilitaires. Le recyclage est érigé en quasi religion, tout doit pouvoir être réutilisé, les voitures individuelles sont interdites, sauf dans certaines zones rurales où les transports publics n’ont pas encore pu se développer comme prévu. Ailleurs le réseau de trains et de bus électriques est très dense. San Francisco est la capitale, mais la plus grande partie de la population vit dans des mini-villes de moins de dix mille habitants, ou à la campagne. Le culte et la connaissance de la nature sont très développés, tout citoyen qui veut acheter du bois pour se construire une maison, doit d’abord aller travailler dans un camp forestier pour participer à l’entretien des forêts. Le plastique ne se fabrique plus à partir du pétrole mais des végétaux. Ce qui étonne le plus William est que les Ecotopiens ne travaillent que vingt heures par semaine et sont dirigés par une femme, que le journaliste ne rencontrera qu’à la fin de son séjour. Il arrive avec des préjugés négatifs sur le pays, même s’il ne croit pas les pires rumeurs qui ont cours aux USA. Il apprécie vite la convivialité et la générosité des habitants, puis il rencontre Marissa lors de son enquête sur les camps forestiers, ils vivent une relation passionnée qui changera radicalement les idées et la vie de William.
Les idées exprimées dans cette utopie très en avance sur son temps (1975) sont très actuelles et devraient nous faire réfléchir par ces temps de réchauffement climatique. L’idée de réduire la durée du travail pour réduire le chômage revient à la mode, même si on ne songe pas à passer à la semaine de vingt heures. Ce livre a été écrit après le premier choc pétrolier, ce qui a entraîné une prise de conscience. Déjà à cette époque, on avait compris l’importance des énergies renouvelables et de l’économie circulaire, mais le néolibéralisme est revenu en force dans les années quatre vingt et on constate avec tristesse qu’on a très peu progressé dans ce domaine, malgré l’urgence climatique. D’autres aspects de l’Ecotopia restent très utopiques comme l’amour libre, les familles élargies et la vie communautaire, on sent que le mouvement hippie est passé par là, mais ça donne plus de charme à cette utopie qui a très bien vieilli.
Les articles de William ne sont pas dogmatiques et restent très faciles à comprendre, ce qui était le risque avec ce roman qui est aussi un essai déguisé. Les thèmes sont variés et on a grand plaisir à partager ses découvertes et encore plus son évolution personnelle, même s’il a eu bien de la peine à en tirer les conclusions qui s’imposent. William a une vision assez lamentable des femmes, il les voit surtout comme des objets sexuels et il vit ses fantasmes à fond. Marissa peine à lui faire comprendre ce qu’est l’amour véritable.
J’ai beaucoup aimé ce livre original, je regrette seulement qu’on ait fait si peu de progrès dans la réalité de notre société, alors que ces problématiques étaient déjà connues il y a un demi-siècle, j’ai aussi beaucoup aimé le côté « Californie Hippie ». Un grand merci à Netgalley et Audiolib pour cette belle découverte.
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