
La belle n'a pas sommeil
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l’avis des lecteurs
Résumé
Une presqu’île qui s’avance sur l’Océan, on y devine le Médoc venteux et ensoleillé de tous les derniers livres d’Éric Holder. L’intérieur de la presqu’île est boisé. Dans une grange au milieu de la végétation épaisse, Antoine a installé sa bouquinerie. L’endroit est quasi introuvable, et, sans l’intervention d’une mystérieuse madame Wong, le libraire crèverait de faim.
Antoine paraît heureux dans sa tanière. Il caresse ses spécimens, les habille de papier cristal, nourrit ses chats, s’interroge sur un voleur qui lui chaparde des livres, toujours du même auteur. C’est alors que déboule la blonde Lorraine, une conteuse professionnelle qui tourne de ville en ville. Antoine est vieux, aime se coucher à heure fixe : la belle n’a pas sommeil.
Ce sera donc l’histoire d’une idylle saisonnière, mais de celles qui laissent sous la peau des échardes cuisantes. Qui a dit que la campagne était un endroit tranquille ?
Ma lecture
La couverture du livre résume bien le récit : des piles de vieux livres, entassés jusqu’au plafond, une porte ouverte sur la lande, un ciel bleu, que des livres et des arbres, rien de plus normal dirait-on les livres sont issus des arbres…. La boucle est bouclée. Mais il y a aussi des personnages, peu mais assez typés, une ambiance, un climat, des silences….
Premier roman de ma part de cet auteur mais sa sélection pour le Prix France Télévisions 2018 m’a ravie car lors de son passage à la LGL, j’ai tout de suite pensé ….. celui-là il faut que je le lise : la nature, les livres, la solitude, un bouquiniste, un vol de livres, un auteur parlant peu, dans un endroit perdu, oh la la cela me correspond….
Et bien je ne suis pas déçue. J’ai vécu le temps de la lecture (lu en 24 heures) quelques mois avec ce bouquiniste, Antoine, la soixantaine, taiseux, amoureux des livres qu’il soigne, classe, range sur les étagères, connaît précisément la place de chacun, détermine les caractères des rares clients en fonction de leur choix ou inversement, imagine le livre qui leur faut.
Heureux dans sa lande, sur ce bout de terre près de l’océan, croisant quelques autochtones, une amoureuse discrète, un paysan, un garde-champêtre, vivant au rythme de la nature et de ses habitants, dans une routine qui lui convient et le rassure.
Des millions à bouger le moins possible, à nous taire, afin de ne pas déranger le feuilleton de nos microfictions, en ne réclamant qu’une seule chose : la paix, la paix épaisse, confortable, soporifique. les meilleurs jours, je me persuade que ce sont notre nombre, notre poids, notre silence qui pèsent sur la terre, freinant sa vitesse, la retenant par les cheveux, l’empêchant de tourner follement. (p19)
Mais voilà qu’un livre est volé, puis un deuxième, du même auteur Frédéric Berthet. Au-delà du vol, Antoine est curieux de savoir qui le nargue, qui le provoque, qui est assez fou pour dérober un livre ….. Et puis il y a l’arrivée de Lorraine, la nouvelle locataire de la maison voisine. la trentaine, belle, joyeuse, conteuse professionnelle. Ils vont dérégler la vie paisible et ordonnée et boulverser le quotidien de cet homme solitaire.
Rien de bien original me direz-vous, non, mais l’écriture d’Eric Holder, la beauté des descriptions, la poésie qu’il donne à ce coin de terre où rien ne semble pouvoir changer le cours des choses transforment cette histoire en une petite perle. En peu de mots il plante un décor, un paysage, des hommes, des femmes, des parfums.
Comme si le froid scandinave avait nettoyé, aseptisé la grande table de la nature – la livrant débarrassée de saletés, plus une miette, à l’inspection du soleil -, de lourds nuages apparus avec la nouvelle année, vinrent y déposer le couvert.(p174)
C’est doux, poétique, j’ai senti l’odeur des livres, de la poussière, de la nature environnante. On s’attache à chaque personnage : Mme Wong, l’autre bouquiniste, redoutable femme d’affaires, pour qui il restaure à prix dérisoire les livres en mauvais état, Marco, le garde-champêtre, porteur des dernières nouvelles villageoises, Marie, la boulangère, qui partage certaines nuits avec Antoine mais aussi sa passion du cinéma, deux solitudes qui se réunissent par habitude. Et puis surgit Lorraine et sa décontraction, son aisance, ses fantaisies qui vont venir mettre un peu de sel (et quelques grains de sable) dans cette mécanique bien rodée de la vie qui s’écoule doucement.
Il était une fois, dans la vie de ces gamins, une déesse blonde qui s’était généreusement penchée au-dessus d’eux, leur proposant, dans l’éclat d’yeux islandais où frémissaient des coquelicots, une compréhension magique, poétique du monde. Puisqu’elle-même existait, il fallait bien que tout cela fût vrai. Personne n’avait envie de voir s’enfuir, en même temps qu’elle, le dessous des océans, l’intérieur des palais, les arbres aux souhaits, les trésors cachés. Et moi, encore moins que le public.(p188)
et même les chattes : La jeune acrobate, La caissière du grand café et La madone noire apportent leur touche personnelle en déambulant silencieusement dans l’antre de cet ours qui va ouvrir sa grotte et son coeur à cette fée tout droit sortie d’un de ses contes.
C’est un livre d’ambiance, de climat, de nature et de styles d’existence : lectures, isolement, calme de la vie à la campagne. Et dans ce petit coin du sud-ouest, dont l’auteur a mis beaucoup de sa propre existence, où l’on pense que rien n’arrive il y a foule de sentiments, d’événements, anodins, sans importance mais qui rythment l’existence sans la bouleverser.
La bouquinerie (presque) perdue
La plume joyeuse et mélancolique d’Éric Holder fait merveille dans ce nouveau roman du Médoc, sur les pas d’Antoine, un bouquiniste anachorète.
Avant d’être une histoire, ce beau roman est une géographie. Celle essinée par les forêts et les plages, les villages et les hameaux du Médoc où vit Éric Holder et où il aime situer ses romans. L’épicentre de ce nouvel opus est situé dans un endroit que les GPs auront de la peine à localiser, au fond d’une forêt, mais d’où l’on peut entendre les vagues venant mourir sur la grève. C’est dans ce coin bien caché qu’Antoine – contrairement à toute logique commerciale – a monté sa bouquinerie. Une sorte de paradis réservé aux initiés ou aux touristes aventureux, mais un endroit éminnement sympathique où l’on peut lire en toute quiétude. Ce qui tient du petit miracle, c’est que ces solitaires, ces marginaux, ces amateurs éclairés finissent par former une communauté «ne réclamant qu’une seule chose: la paix, la paix épaisse, confortable, soporifique. Les meilleurs jours, je me persuade que ce sont notre nombre, notre poids, notre silence qui pèsent sur la terre, freinant sa vitesse, la retenant par les cheveux, l’empêchant de tourner follement. »
Si la vente des livres ne suffit pas à le faire vivre, Antoine a trouvé un complément en livrant des caisses d’ouvrages restaurés par ses soins et recouverts de papier cristal et qui serviront à décorer les bibliothèques vendues pour donner un cachet intellectuel aux appartements des acheteurs. Mais après tout, Antoine ne se formalise pas de ce détournement, lui qui a choisi de se déconnecter «Juste la nature et lui. – Into the wild –. Se confronter au vide, le meubler, l’habiter, le vaincre. »
On apprendra à la fin du livre les circonstances qui l’on conduit à quitter Montreuil et pourquoi son activité tient de la mission sacrée: « Les livres m’ont sauvé la vie, depuis je sauve la leur. J’appellerais plutôt ça un remboursement, une gratitude, un sacerdoce.»
En retrait du monde et déconnecté, il n’en est pas pour autant misanthrope mais anachorète. Il aime les gens mais craint leur nombre. Autant dire qu’il trouve dans les clients de passage et les quelques habitants qu’il croise de quoi satisfaire son besoin de sociabilité. Jusqu’à ce jour béni où Lorraine, une conteuse blonde, débarque dans cet univers qui semble construit pour elle.
C’est peu de dire qu’elle va semer le trouble auprès de tous les mâles du lieu, à commencer par Antoine. En tant que fournisseur officiel d’histoires, il imagine que cette la belle n’aura d’yeux que pour lui. Qu’à l’image de l’un des contes qu’elle raconte à un public conquis, elle est cette « déesse blonde qui s’était généreusement penchée au-dessus d’eux, leur proposant, dans l’éclat d’yeux islandais où frémissaient des coquelicots, une compréhension magique, poétique du monde. Puisqu’elle-même existait, il fallait bien que tout cela fût vrai. »
Et si Lorraine finit dans la couche d’Antoine, elle est bien trop indépendante pour y rester… « Se faire larguer n’est jamais agréable. A partir d’un certain âge, cela dessine crûment le chemin vers le lieu où nous avons tous rendez-vous, seuls, à minuit. »
Je vous laisse découvrir les épisodes suivants, la jalousie, la déprime, l’espoir renaissant, le jugement sur les qualités et défauts de ses voisins et amis pour ne garder que cette parenthèse enchantée. Un joli rêve un peu mélancolique que je vous invite à partager.
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