
La cité diaphane
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l’avis des lecteurs
Anouck Faure avait publié un album jeunesse et deux livres d’art, La Cité diaphane est donc son premier roman. Il est publié par les éditions Argyll. Le nom d’Anouck Faure ne vous est peut-être pas inconnu, car c’est une artiste plasticienne et elle a illustré notamment la couverture de La nuit du faune de Romain Lucazeau chez Albin Michel Imaginaire. La Cité diaphane oscille entre la fantasy gothique et la dark fantasy. La très belle couverture est signée Xavier Collette. Des illustrations de l’autrice parsèment également le roman.
Le sujet central du roman est cette fameuse cité qui donne son nom au livre, au point qu’elle en devient presque un personnage. Roche-Étoile fut une cité fabuleuse et majestueuse aux origines mythiques. La déesse sans visage y était révérée, les statues la représentant étaient nombreuses et l’architecture des bâtiments grandiose. Mais il y a de cela 7 ans, la ville connut un terrible destin connu sous le nom de mal d’onde qui a transformé les eaux de son lac et de ses puits en poison mortel, décimant ainsi l’intégralité de sa population. La cité s’est vidée de toutes âmes, laissant le souvenir de sa grandeur dans les esprits. L’archiviste d’un royaume voisin a pour mission de reconstituer les derniers jours de Roche-Étoile, et va y croiser encore quelques personnes esseulées errant au cœur de la cité.
Roche-Étoile étant au centre du récit, on sait assez peu de choses sur le reste de l’univers. Roche-Étoile reflète un monde sombre, ténébreux rappelant ceux de la littérature gothique, avec des espaces vertigineux et des secrets cachés dans les profondeurs. La cité est à la fois effrayante et fascinante par sa démesure et sa grandeur. On a envie de connaitre son histoire, de savoir les origines du mal qui l’a frappé, de mieux la connaitre. Elle intrigue le lecteur autant qu’elle le rebute, car elle est synonyme de mort et de fantômes. Le récit est un huis-clos se déroulant dans cette cité. L’atmosphère est sombre, froide, très bien rendue par la plume de l’autrice qui se fait à la fois poétique, cruelle et envoutante. Anouck Faure a créé toute une mythologie autour de la déesse sans visage. Celle-ci est liée au destin de la cité, et à ses personnages. L’intrigue n’est pas linéaire et il va falloir plonger dans le passé des habitants de Roche-Étoile pour comprendre ce qui est advenu.
Pourtant malgré tous ces aspects envoutants et réussis, il m’a manqué quelque chose pour véritablement entrer dans cette histoire si particulière. Anouck Faure s’est concentré sur l’aspect esthétique de son histoire, avec une cité à la démesure provenant à la fois des bâtiments et du lieu où elle fut construite. A ce niveau, le roman est un véritable bijou. Cependant, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages qui paraissaient trop irréels, et leur destin m’a semblé trop empreint de légendes. J’aurai aimé également en savoir plus sur l’univers dans lequel se situe Roche-Étoile.
La Cité diaphane est ainsi un roman particulier, oscillant entre le conte noir et la fantasy gothique. Anouck Faure a une plume envoutante et un sens de l’esthétique superbe. Le roman a de nombreux atouts pour séduite le plus grand nombre. J’avoue avoir eu du mal à véritablement entrer dans le récit sans doute pour son aspect trop légendaire. Néanmoins, je suivrai avec curiosité les pas d’Anouck Faure.
Reconnue dans le milieu de l'Imaginaire pour son merveilleux travail d'illustratrice, Anouck Faure est aussi une autrice. Aussi, elle délaisse parfois encres et pinceaux pour leur préférer la plume et nous conter ainsi de puissantes histoires.
Or, en février, on la retrouve chez Argyll car elle y signe son premier roman, intitulé La Cité Diaphane.
Lu dans le cadre d'un partenariat avec les éditions Argyll, je remercie Xavier Dollo et Simon Pinel pour l'envoi surprise de ce service de presse dédicacé. Un bien beau cadeau venu garnir mes souliers en ce Noël 2022.
Résumé :
Entre démesure et décadence, Roche-Etoile n'est plus qu'une cité déchue. Depuis l'empoisonnement de ses eaux, il y a sept ans, elle est désertée et exsangue. Or, pour prendre connaissance de ses derniers moments et comprendre ainsi ce qui lui est arrivé, un archiviste est dépêché sur les lieux, envoyé par le seigneur des Marches. Mais à sa grande surprise, ce dernier découvre encore quelques âmes errant entre ces étranges murs. Et si la vérité n'était pas si bonne à entendre surtout quand elle touche de si près...
Mon avis :
La Cité Diaphane, c'est d'abord un univers ténébreux et gothique incarné par la cité de Roche-Etoile. Des rues tortueuses aux espaces vertigineux en passant par d'opaques secrets, voici autant d'éléments qui auréolent de mystères cette cité décidément bien étrange. C'est bien dans ce dédale labyrinthique qu'Anouck Faure nous entraîne à la suite de son archiviste, chargé d'en percer tous les secrets et par la même occasion, éclairer notre lanterne. Tantôt effrayante, tantôt fascinante, Roche-Etoile n'a pas fini de nous intriguer d'autant qu'en remontant ses origines, on ne va pas être à court de surprises. Plus qu'un cadre d'action, Roche-Etoile prend même les traits d'un personnage à part entière sous la plume d'Anouck Faure qui en fait une sorte de compagne d'aventure pour ses autres protagonistes en veillant notamment sur eux.
Quant à la magie qui imprègne ces pages, elle est directement influencée par le culte de la déesse sans visage car des émanations de son pouvoir se manifestent autant dans la puissance détenue par certains êtres, notamment dans leur rapport aux mots et aux noms propres qui leur donnent une véritable ascendance sur les autres, que dans l'existence de créatures oniriques. Néanmoins, ici le merveilleux est perverti par les sentiments et les émotions négatifs qui viennent déposer une ombre mortifère sur les âmes qui hantent encore les lieux.
La Cité Diaphane est un huis clos dont la construction narrative surprend autant qu'elle suscite l'intérêt du lecteur. L'autrice a tissé une intrigue complexe et questionnante qui tourne autour de cette cité et du destin de ses habitants. En compagnie de sa poignée de protagonistes, on va d'abord remonter le temps pour comprendre ce qui s'est passé, puis reprendre le fil de la narration pour découvrir où l'on va.
La plume d'Anouck Faure dégage une telle poésie et sensibilité qu'elle nous happe dès les premiers chapitres. Ses mots sont comme un irrésistible poison infusé dans nos veines qui nous oblige à poursuivre toujours plus loin l'exploration de cette histoire singulière et captivante.
En outre, pour se mettre à l'unisson de son récit intimiste, Anouck Faure s'appuie donc sur une communauté restreinte de personnages pour porter son texte. Tous sont énigmatiques, pétris de secrets et se découvrent sur la durée. Ainsi, il y a cet archiviste dont on ne sait que très peu de choses si ce n'est qu'il se présente comme l'émissaire d'un roi voisin. Il nous est, d'ailleurs, d'abord présenté comme un simple spectateur mais va peu à peu s'imposer et même prendre part à l'action. Il y a également le binôme royal constitué d'un frère et d'une sœur dont le destin est intimement lié à celui de la cité. Deux personnalités aux antipodes, liées par des sentiments très forts et qui vont littéralement sacrifier leur vie pour Roche-Etoile. Si le frère paraît placide et manipulable, la sœur, elle, semble avoir un tempérament orageux et nettement plus affirmé. Pourtant tous les deux vont prouver qu'un destin peut toujours se réécrire. Enfin, l'oracle Vanor est un protagoniste omniscient car son ombre plane autant sur la cité qu'elle habite les cœurs des survivants. Figure centrale du roman qui balade son monde tout du long promettant quelques déconvenues et bien des rebondissements.
La Cité Diaphane est un court roman qui parle de décadence et de sacrifice. Anouck Faure se plaît à y questionner le relationnel humain, notamment l'amour fusionnel liant un parent et ses enfants lorsque celui-ci flirte avec la frontière du toxique. En dépeignant des personnages sombres, l'autrice s'intéresse à la complexité de la psyché, notamment lorsqu'elle est guidée par les sentiments les plus subversifs poussant jusqu'à la mégalomanie.
En conclusion :
Avec ce livre, Anouck Faure s'affirme déjà comme une signature d'un Imaginaire insolite et envoûtant qui ne demande qu'à s'épanouir.
Et puis, comment résister à ce sublime écrin réhaussé par les neuf reproductions de gravures réalisées pour l'occasion par l'illustratrice elle-même. Il sort en librairie le 3 février. Foncez !
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